Le
Pays Basque est trop précieux pour l’abandonner aux abertzale
Les nationalistes étaient minoritaires en Pologne et le
changement conduit par Solidarnosc fut salué joyeusement par tous les
progressistes d’Europe. Ils sont maintenant majoritaires et piétinent les
valeurs fondatrices de l’Union européenne. Quel rapport avec le Pays
Basque ?
Les nationalistes étaient minoritaires en Turquie et ils
sont désormais au pouvoir. Ils célèbrent l’inscription des valeurs religieuses
dans les lois civiles et clivent les Turcs en « vrais » ou
« faux » citoyens. Erdogan veut analyser l’ADN des députés germano-turcs
qui ont voté pour la reconnaissance du génocide arménien. Quel rapport avec le
Pays Basque ?
Les nationalistes flamands creusent toujours plus profond la
division de la Belgique, en s’appuyant surtout sur des revendications linguistiques
qui dessèchent la langue et la transforment en outil politique. Quel rapport
avec le Pays Basque ?
Les nationalistes irlandais, catholiques et protestants, ont
réussi à force de crimes et de sectarisme, à diviser profondément la société
nord-irlandaise.Le président du Sinn Féin, Gerry Adams, est accueilli avec
enthousiasme par les patriotes basques.
Les nationalistes corses étaient minoritaires et ils
dirigent désormais l’île. Leurs priorités : amnistie pour les prisonniers
corses, officialisation de la langue corse, statut de résident. Ils partagent
les Corses en « vrais » citoyens et les « faux ». Les
abertzale célèbrent dans leurs publications et dans leurs discours les progrès
des nationalistes corses qu’ils donnent en exemple.
Les nationalistes basques sont minoritaires au Pays Basque
français mais ils ont réussi à faire voter une intercommunalité basque dont la
seule légitimé est d’ordre identitaire. Le président de la nouvelle communauté se
nomme Lehendakari. La nouvelle communauté officialise la langue basque, négocie
avec l’ETA pour un désarmement de théâtre, demande l’amnistie des prisonniers
en ignorant leurs victimes. Une carte de résident n’est pas encore envisagée.
Actuellement, le Pays Basque est ouvert au monde, par son
économie, par sa culture. Il brille par ses festivals du film latin, par les
ballets Malendain, par son tourisme éclectique, par ses écrivains et ses
artistes. Si les nationalistes viennent au pouvoir, ils transformeront le
basque en langue administrative, demanderont que les crédits soient réservés
aux artistes basques. Ils voudront une université de plein exercice, comme
celle de Corte où le seul syndicat étudiant est le syndicat nationaliste qui
obtient 90 pour cent des voix aux élections.
Le danger est là. Le Pays Basque est menacé de repli
sectaire, de renfermement culturel, d’isolement politique.
Le danger pour le Pays Basque n’est pas un nationalisme
militant : il a toujours été présent. Le danger est l’indifférence, la
passivité ou le suivisme à son égard. Les élus, les partis non nationalistes,
les associations se précipitent pour être au premier rang des soins palliatifs
aux etarras épuisés. Ils soutiennent les aspirations patriotes. Demain, ils
diront qu’ils n’ont pas voulu ça.
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