Les
populismes émergents s’inscrivent dans une histoire. Poutine se place dans les
traces du Grand Staline. Les nationalismes basques et irlandais ont accouché
dans la douleur du terrorisme. Les néo-nazis en Allemagne relèvent les drapeaux
ensanglantés du nazisme. Les populistes italiens redécouvrent les sillons du fascisme
italien. Le populisme français n’en finit pas de rompre avec Vichy.
Cette
histoire est fondatrice et encombrante. Chaque fois, pour triompher, les
ancêtres doivent être lavés de leurs crimes. Le populisme est un révisionnisme
généralisé. Pour assurer son emprise idéologique, Poutine doit effacer les
crimes du stalinisme. Les historiens sont censurés, les archives détruites, les
instituts de mémoire étouffés. En Pologne, des lois menacent la recherche
historique sur la participation de Polonais au génocide. Les populistes
français cherchent à réhabiliter le pouvoir de Vichy, à nier sa participation
aux rafles des Juifs. En Allemagne, les élus du nouveau parti nazi ne se lèvent
pas pendant la minute de silence de la journée de la déportation. En Corse,
Talamoni est absent de la cérémonie en l’honneur du préfet Erignac assassiné. Les
communistes français furent de grands dissimulateurs des crimes du communisme.
Les révélations du goulag sonnèrent le glas de ceux qui avaient voulu le
cacher. Au Pays Basque français, les populistes et leurs complices s’efforcent
de faire disparaître les victimes de l’ETA. Le nombre 829 leur est odieux. Les
noms de Blanco ou de Yoyès les empêchent de dormir. Le musée de la terreur les
terrifie. Quand ils franchissent la frontière, ils s’arrêtent généralement au
ventas ou aux galeries commerciales d’Irun car d’aller plus loin, ils risquent
de rencontrer les enfants de Yoyès ou la veuve de Blanco.
Tous
ceux qui inlassablement rappellent les crimes de l’ETA doivent refuser avec
indignation l’accusation de ne pas vouloir « refermer les plaies ». Ce
n’est pas lubie, ce n’est pas obstination. L’histoire des crimes de l’ETA est
un obstacle au populisme basque. Qui veut lui dégager la route doit fermer les
cimetières.
C’est
pourquoi il est si difficile de traîner les élus munichois du Pays Basque jusqu’aux
victimes de l’ETA. Agiles et légers pour rendre visite aux assassins, ils pèsent
un pottok mort pour rencontrer leurs
victimes. Pour faire accepter leur complicité, ils doivent dissiper les fantômes,
enterrer une nouvelle fois les morts. Ils n’y arriveront pas. La société basque
française les soutiendra peut-être mais pas
la société basque espagnole. C’est là le principal point de clivage
entre le nord et le sud basque : au nord, amnésie, au sud, lieu de
mémoire.
Le
Roi du Danemark assassiné réapparaît comme fantôme à Elseneur et sa fonction
est de dire à Hamlet : n’oublie pas, n’oublie pas. Lady Macbeth ne réussit pas à nettoyer la
tache de sang. Les élus complices du Pays Basque doivent se laver les mains en
permanence pour effacer les tâches de sang. Ils n’y arrivent pas.
Ils
n’y arriveront pas. L’œil est dans la tombe et les regarde.
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