Max
Brisson, Vincent Bru et Jean-René Etchegaray ont silencieusement annoncé qu’ils
iraient prendre contact avec les associations de victimes du Pays Basque espagnol.
Il n’y a pas d’association de victimes au Pays Basque français. Il y a juste
des démineurs et des visiteurs de prison. Les morts sont outre-Pyrénées.
Vous
ne les avez pas entendus ? Tendez l’oreille. Ils ne le disent pas très
fort. Mais Vincent Bru l’a dit dans sa permanence à trois personnes. Et Max
Brisson l’a dit dans le jardin public, devant cinq ou six témoins. Quand même,
vous ne pouvez pas dire qu’ils ne communiquent pas, ces deux-là. Ils
communiquent.
Ils
pourraient annoncer leur action, ces trois-là, qui ont tellement communiqué sur
les visites aux assassins de l’ETA, qui ont réclamé le retour à la maison des prisonniers
basques condamnés pour activités terroristes en bande armée, sur le parvis de
la Gare Montparnasse.
Ils
restent discrets et personne ne peut parler à leur place. Ce qui suit est du
domaine des hypothèses. L’hypothèse la plus probable est que les associations ne
sont pas trop pressées de les recevoir. Les victimes de l’ETA (les morts sont
de notre côté, dit le Lehendakari) veulent bien dialoguer avec des etarras
repentis, qui demandent pardon, qui regrettent les crimes de l’ETA.
Mais
recevoir des élus qui n’ont jamais été manifesté pour la paix au Pays Basque espagnol,
et qui ne demandent pas aujourd’hui la dissolution de l’ETA, qui négocient le
désarmement avec les terroristes, qui ne demandent pas que les criminels
demandent pardon, c’est un peu compliqué.
Vous
imaginez les trois élus de la République aller voir les associations de
victimes et leur annoncer qu’ils œuvrent pour que les assassins de l’ETA disposent
de privilèges refusés aux prisonniers de droit commun ? Comme si tuer un
gardien de prison, un journaliste ou un conseiller municipal donnait des droits
particuliers.
Si
ces trois élus annonçaient publiquement, fièrement, à haute voix, qu’ils
demandent à l’ETA de se dissoudre. Qu’ils demandent aux etarras de demander
pardon, ils seraient peut-être accueillis avec plus de chaleur. Mais qu’ont-ils
à dire aux associations de victimes ? Ils vont leur parler des douleurs des
familles qui passent la nuit dans le train ? Ils risquent d’être froidement
reçus.
Ils
auraient pu emmener avec eux des citoyens qui demandent la dissolution, qui exigent
le pardon, ça aurait pu aider. Mais ils se sont débarrassés d’eux. Non, pas
avec vous, ça risquerait de nous fâcher avec les abertzale et nous avons besoin
de leurs voix aux prochaines élections.
Ils
se réunissent, tous les trois. Comment faire ? Il y a un mémorial de la
terreur qui va être inauguré à Vitoria au mois de mars. Ils pourraient tous les
trois aller devant ce musée. À trois ou quatre heures du matin. Dans une
voiture aux fenêtres teintées. Ils seront devant le mémorial. Ils chuchotent. Ils
lisent la plaque. Puis le silence. Nous,
on ne mégote pas, certains observent une minute de silence pour les victimes,
nous ce sont des années.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire