Je
n’aime pas beaucoup le terme « pragmatisme ». Ce qui différencie
l’être humain des animaux, c’est qu’il inscrit ses actions dans une certaine
vision du monde. Le travail, les loisirs, les voyages, ne sont jamais
pragmatiques, ils sont porteurs d’un imaginaire. La porte ainsi ouverte est-
elle assez enfoncée ?
Est-il
possible de prendre des mesures « pragmatiques » sur les migrations ?
Bien sûr que non. Toutes les mesures prises sont d’abord politiques, accueil,
ouverture, fermeture, mobilisation des bonnes volontés ou mobilisation des
peurs égoïstes.
Tout
ce qui se fait à Biarritz, ou ce qui ne se fait pas, n’est jamais « pragmatique ».
Tout le monde a oublié les professions de foi des candidats et elles sont
effectivement oubliables. Mais elles traînent peut-être dans une corbeille. Les
listes de droite étaient vent debout contre la construction de logements
sociaux, pour armer la police municipale contre l’insécurité de la Grande Plage.
C’était la conception de Biarritz comme un ghetto de luxe. Surtout pas de
mixité sociale. Cette conception a été battue. Aujourd’hui, dans la confusion
qui s’est installée au sein de la majorité municipale, on distingue mal les
visions d’ensemble. On parle beaucoup de pragmatisme, de démocratie locale, de
concertation. Mais toutes ces pratiques sont d’abord politiques, c'est à dire au
service d’une vision de la ville de Biarritz.
Les
abertzale ont une vision claire de l’avenir. Le Pays Basque n’est pas à vendre.
La population de la côté a perdu son âme. Il faut que les fortunes dilapidées
servent à protéger les productions paysannes authentiques, à construire des
écoles bascophones. Le soir, au coin du feu, les etarras aux cheveux blancs
raconteront leurs exploits en basque à leurs petits-enfants qui prépareront
ainsi l’oral des concours administratifs.
Les
autres forces politiques qui ne veulent se fâcher avec personne reprennent les
refrains patriotiques en mineur. Il faut financer la langue, rapprocher les
héros des luttes indépendantistes, mais développer le tourisme qui est la
première industrie de la ville. Ça bafouille et ça cafouille.
Pourtant
nombre de Biarrots ont une vision ouverte de leur ville. Celle d’une ville
touristique où les établissements de luxe tirent l’ensemble vers le haut. Une ville
où les habitants pourront se loger pas trop loin des plages et de leur lieu de
travail grâce au respect de la SRU. Une ville où des établissements dédiés
accueilleront les accidentés de la vie, natifs ou étrangers. Une ville qui
refuse les dérives intégristes de Mgr Aillet. Une ville où toute l’année, des
activités diverses, des conférences, des festivals, des séminaires,
maintiendront la vie culturelle de haut niveau. Une ville où ni la langue ni la
culture ne seront pas des moyens d’exclusion, mais au contraire des ouvertures
au monde.
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