Il
est temps de décider de ne pas donner de conseils, parce que toute une vie de
conseils m’a servi de leçon, et si j’ai une leçon à donner, c’est de ne pas
donner de conseils. Même si c’est dur.
Si
malgré tout, vous ne résistez pas, voici quelques conseils pour donner des
conseils. Pour faire la leçon. Premièrement, ne pas donner des conseils à tout
le monde. C’est comme donner des conseils à n’importe qui. Quand j’entends la
déferlante des conseils imprimés, radiodiffusés, reseauxsocialisés, je me dis
que ces conseils ne servent à rien car ils s’adressent à tous, donc à personne.
Il faut choisir vos interlocuteurs, ceux qui peuvent vous entendre sinon vous
comprendre, réagir, contredire, approuver. Mais surtout pas à tout le monde.
Ridicule.
Pour
qui a une fibre sociale, solidaire, humanitaire, ne pas donner de conseils à
ceux qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes, encore que s’intéresser aux autres
peut-être de nature égoïste.
Une
fois choisis vos interlocuteurs, réduire vos conseils au possible. Vous n’êtes
pas un rêveur de l’impossible, un prophète du Grand Soir suivi d’un morne matin,
vous n’êtes pas un charlatan, un guérisseur, un gourou. Contre la fièvre des
grands rassemblements, conseillez le vaccin qui donne à l’enfant une vie de
merde ou de bonheur. Le vaccin ne prédit pas, il
permet. Il donne le choix. Voilà le bon critère : donner des conseils
qui ne vont pas transformer la vie, mais seulement permettre de choisir entre
différents domaines, de vous dégager des assignations de sexe, d’ethnie, de
quartier, de naissance…
Ce
que j’apprécie chez Macron, c’est cette absence totale de rêve, d’enthousiasme,
d’élans collectifs, mais la construction de possibles. Construction parfois
terne, mais une main qui tire du bourbier des déterminismes.
Cette
politique est l’équivalent de ce qu’on appelle en toxicomanie la réduction des
risques. Difficile d’empêcher le recours aux drogues, mais on peut distribuer
des seringues propres. On peut soigner les abcès. Pour qui se tape la tête
contre les murs, les matelasser.
Mieux
vaut la réduction des risques que les risques de réduction.
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