En politique, la parole est d’argent et le silence de bourbe. Qui ne parle
pas ne dit rien. On peut ne rien dire en parlant, mais on est certain de ne
rien dire en ne parlant pas. S’il y a une seule chose que j’ai retenue de ces
années d’engagement, c’est ça. Une feuille de papier et un crayon sont
fabriqués pour écrire. Un ordinateur est moyen d’expression. Une main est faite
pour demander la parole. Une bouche pour crier. Le curé célèbre une messe pour
l’âme de Louis XVI. À l’église Saint-Martin. Personne ne dit rien. Personne ne
bouge. Pourtant, les pieds aussi sont faits pour parler. Dans les églises
catholiques de Belfast, quand le curé excommuniait les tueurs de l’IRA, les
républicains présents se levaient et sortaient. Ils parlaient avec leurs pieds.
Quand une personne prononce des paroles nauséabondes dans un dîner, rien n’empêche
de dire « ça pue ». Si personne ne dit « ça pue », l’espace
de la salle à manger ne sera pas vidangé.
Au Pays Basque, un conseiller d’agglo, Laurent Ortiz, déclare qu’il
soutient la manifestation du 9 décembre pour les prisonniers basques condamnés
pour activités terroristes en bande armée. Et il ajoute qu’il a rompu avec Guy Lafite, le
chef de file d’esprit Biarritz, parce qu’il ne soutenait pas les artisans de la
paix. Personne ne savait que Guy Lafite n’avait pas voté pour la manifestation
du 9 décembre, celle qui réclamait le retour à la maison des prisonniers
basques condamnés pour activités terroristes en bande armée. Grâce à Laurent, désormais, on le sait. Merci Laurent.
Quand des élus de la République vont visiter en prison des prisonniers
basques condamnés pour activités terroristes en bande armée, ils préviennent la
presse, ils prennent des photos et les font circuler dans les réseaux. Donc,
nous sommes au courant. Ça devient un événement. Si un élu va visiter une
exposition à San Sebastian sur la barbarie de l’ETA et qu’il ne dit rien à
personne, c’est un non-événement.
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