J'aime les jours de vote. Comme assesseur. On ne fait rien de la journée et tout le monde vous regarde avec respect comme si on travaillait beaucoup au service de la société. Ensuite, je perçois la société, le quartier où je vis d'une manière plus précise. Défilent notamment les immigrés ou issus de l'émigration dont on ne parle jamais. Ils se sont bien habillés pour aller voter, ils disent bonjour, ils posent des questions sur l'ampleur de l'abstention, ils expliquent à leurs enfants ce qu'est une élection, ils donnent le bulletin à leur petit dernier pour qu'il ou elle l'introduise dans l'urne. une Franco-africaine garde ses enfants auprès d'elle dans l'isoloir et leur montre son choix. Ils ont un logement, une adresse, un travail et ils votent. Ils n'entrent pas dans le moule de ce que doit être un immigré ou issu de l'émigration et la sanction est l'invisibilité.
Quand le préau est vide, la pensée peut vagabonder. Réfléchir sur les signes distinctifs. Une veste de cuir noir est un signe distinctif qui peut perturber l'ordre public, car seuls les mafieux d'Europe de l'Est portent ce genre de vêtement. Un jean serré est un signe distinctif, surtout quand la personne qui le porte est une maghrébine libérée, ce n'est pas si facile. Elle parle fort et beaucoup comme toutes les maghrébines libérées parce que l'homme est parti, quelle libération, quel soulagement! La parole libre coule, abondante, forte, sonore. Les femmes voilées parlent bcp moins fort. C'est un avantage. Dans un train en partance, si vous avez le choix entree un wagon de maghrébines libérées et un wagon de femmes voilées, celui-ci sera plus silencieux, plus discret, celui-là plus intéressant, mais pendant le voyage, vous préférez généralement le silence et la discrétion. Pour le silence et la discrétion, cherchez la cravate rayée du cadre en première classe ou le voile.
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