dimanche 31 mai 2020

il reste deux jours


Il reste deux jours.





Elle est proche d’Éric Zemmour et de sa peur du grand remplacement. Son mentor Max Brisson veut interdire aux femmes voilées d’accompagner les enfants pour les sorties scolaires. Elle va transformer la ville. Il y aura les étrangers, les pas d’ici, et les vrais, les authentiques Biarrots, ceux qui n’ont jamais construit de camps de concentrations, les journalistes vraiment Biarrots qui écriront sous la dictée de J.B. Aldigé. Pour la majorité de la population, rien ne changera. Sauf que ceux qui ne sont pas d’ici se sentiront encore moins d’ici.

En Italie, les démocrates furent incapables de s’unir et Mussolini marcha victorieusement vers Rome. En Espagne, les divisions entre les forces républicaines permirent la victoire de Franco. En France, un puissant mouvement fasciste fut stoppé par le rassemblement des radicaux, des socialistes et des communistes qui réussirent à surmonter leurs différences.

Le passé nous livre ainsi sa leçon.  Le fascisme ou l’extrême-droite l’emportent là où les démocrates sont divisés.

Maider Arosteguy n’est pas fasciste, elle est d’extrême-droite. Elle a introduit dans la vie politique biarrote les poisons du racisme, le révisionnisme sur les crimes nazis, l’encouragement au mépris des élus (qu’ils ferment leur gueule), de graves atteintes à la liberté de la presse.

L’extrême-droite est en ordre de marche. Soutenue par les puissances d’argent, elle marche d’un seul pas. En face, les démocrates pourraient obtenir la majorité s’ils s’unissaient. Mais ils trouvent plus important de se disputer les places plutôt que de sauver le cœur de leur ville.

Demain, la famille Gave pourra diriger l’urbanisme de Biarritz avec l’aide soumise d’une majorité conservatrice. Elle pourra interdire la mendicité, repousser les points d’accueil de la misère loin de la vue des touristes. Les immeubles de rapport passeront avant les logements sociaux qui sont souvent occupés par des gens pas d’ici.

Guillaume Baruch a d’autres priorités que l’avenir démocratique de la ville. Il est préoccupé par la place qu’occuperont ses amis dans l’opposition. Les abertzale semblent préférer une ville d’extrême droite plutôt qu’une entente républicaine. Les élus de la majorité sortante pourraient dire un mot pour éviter la droite extrême. Ils se taisent.
 Tant que la bataille n’est pas terminée, elle n’est pas perdue. Il reste encore deux jours.

vendredi 29 mai 2020

une vraie basque


Je reprochais à la candidate LR sa soumission au désidérata  de JB Aldigé. . Elle me répond : « Cher Maurice s’il est un homme auquel j’ai pu me soumettre, il s’appelle papa. C’est méconnaître le caractère des femmes basques ». Et elle ajoute : le « temps n’est-il pas à l’apaisement et au dialogue ?



Chère Maïder, si vous souhaitez revenir à l’apaisement et au dialogue, il faudrait vous demander qui a déchaîné l’orage. Vous avez oublié, « ils sont rugueux, mais ils n’ont quand même construit Buchenwald et Auschwitz » ? Cette phrase est inscrite sur votre campagne électorale et je sais comme il est douloureux d’effacer un tatouage. Mais c’est à vous de le faire. Autrement qu’en déposant une main courante au commissariat contre un citoyen juif de Biarritz qui s’était senti profondément blessé. Est-ce votre manière d’apaiser et de dialoguer ?

Après avoir introduit des virus identitaires dans une ville paisible, vous continuez. Vous parlez du « caractère des femmes basques » qui ne se soumettent qu’à leur papa. Ainsi les conseillères qui ont voté contre un blanc-seing à JB. Aldigé ne sont pas vraiment basques, parce qu’elles ont refusé de se soumettre à leur papa du BO. Extraordinaire. Encore une fois, cette confusion mortelle entre identité et politique. Yoyès, vous connaissez ? Elle a refusé d’obéir à papa et a été mortellement punie, après une campagne où à l’accusait de pas être une vraie basque. Vous vous vous êtes prêtée à la même campagne contre Nathalie Motsch, une campagne honteuse : « elle n’est pas vraiment d’ici ». Vous, vous êtes une vraie basque. Quand Aldigé traite les journalistes de policiers Stasi, une  vraie basque ne réagit pas, ou si peu. Quand il choisit les journalistes, une vraie basque ne réagit pas. Puisque papa l’a décidé. Vous vous rappelez sans doute la répugnante campagne de Trump mettant en doute la nationalité de Barak Obama ? Je n’aurais pas cru que cette horreur aurait débordé jusqu’ici.

Je ne connais pas « les femmes basques ». Je connais des femmes qui vivent au Pays Basque dans une grande diversité d’opinion. Je ne savais pas  qu’une femme basque est une femme qui obéit à son papa. On dit ça des femmes musulmanes (une vraie musulmane ne met jamais en question l’autorité paternelle. Pas plus qu’une vraie Juive. Vous reprenez ces vieilles lunes et du coup, on comprend mieux tous vos dérapages. Une basque voilée n’est pas une vraie  basque avez-vous déclaré dans un souci d’apaisement et de dialogue.
Il voudra beaucoup d’effort pour retrouver apaisement et dialogue. Je ne suis  pas certain que vous voyez sur la bonne piste.

je ne veux pas les voir


Richard Tardits, candidat sur la liste  de Maïder Arosteguy,  se plaint du nombre de sans-abris qui font la manche dans les rues de Biarritz. Ces complaintes sont dans la droite ligne des réactions conservatrices face à la pauvreté. On ne peut pas exterminer les pauvres, mais Richard Tardits et Maïder Arosteguy veulent les rendre invisibles. Surtout qu’une partie ne sont même pas français.

Pour aider nos candidats cetnristes dans leur recherche d’extinction du paupérisme, voici quelques suggestions. En Angleterre industrielle, les vagabonds étaient enfermés dans des asiles de pauvres et utilisés comme main-d’œuvre bon marché.

Pour repousser ces vagabonds, éloigner le plus possible les lieux où ils peuvent être accueillis. Les renvoyer là où ils sont nés.

Regrouper les pauvres qui vivent en ghetto (Irlandais, Juifs, Tsiganes ; Ouigours…) dans des camps de concentration.

Recouvrir de matière fécale les serrures de ces lieux d’accueil.

L’Abbé Pierre, Sœur Theresa, des milliers de bénévoles cherchent à aider les accidentés de la vie. Richard Tardits veut les rendre invisibles. Maider Arosteguy qui est centriste parmi les centristes  l’a intégré dans son équipe.

mercredi 27 mai 2020

dolo thérapie


Tant que la passion politique l’emporte sur les métastases, la vie vaut la peine d’être vécue. La maladie l’emporte quand elle efface les indignations, les colères. De tous mes poumons, de tout mon cœur, de toute ma colonne vertébrale, je remercie Maïder Arosteguy d’avoir introduit dans la campagne municipale de Biarritz des fureurs bienfaisantes. Plus que l’immunothérapie, ce projet de non-construction de Buchenwald et d’Auschwitz à Aguilera chasse l’intolérable douleur vertébrale. Plus que les bétabloquants, la reprise des thèses du RN sur la menace du grand remplacement quand elle a repéré dans un village basque des voiles qui n’étaient pas des bérets basques a provoqué une furie qui valait trois boîtes de doliprane. La comparaison de journalistes qui faisaient leur métier à des agents de la Stasi par J.B. Aldigé vaut plusieurs grammes de morphine. Les remarques homophobes de son agent électoral – le même Aldigé- ont apaisé les intolérables frissons.

L’avenir s’éclaire. Si elle devient maire, une nouvelle activité s’ouvrira à Biarritz : un centre de dolo thérapie pour militants à la recherche de cures d’indignations.

la honte


Quand Le Pen est arrivé second aux élections présidentielles de 1995, j’étais universitaire, je me déplaçais à l’étranger et chaque fois on m’interrogeait. Comment était-ce possible ? C’était possible. J’avais honte. La France des droits de l’homme… Et puis il y eut l’Autriche, la Ligue du Nord en Italie, des néo-nazis en Allemagne. Et puis Donald Trump aux États-Unis, Bolsonaro au Brésil, Boris Johnson et le Brexit et Salvini, sans oublier Poutine et Orban. Fier de la victoire d’Emmanuel Macron, j’écoutais avec un regrettable esprit de revanche mes amis d’antan avoir honte à leur tour.

Politiquement, j’étais assez fier de raconter à ces mêmes amis l’alliance républicaine à Biarritz, une alliance entre gauche réformiste, droite républicaine, patriotes modérés. Pas beaucoup de villes où un rassemblent nécessaire, urgent, se mettait en place de cette manière. Pour des raisons qui ne sont pas politiques, cette alliance s’est disloquée et au premier tour des élections municipales se retrouve en tête une candidate extrême droite, qui parle comme Salvini, agit comme Donald Trump, regrette telle ou telle déclaration tant qu’elle n’est pas encore au pouvoir et insultera les valeurs républicaines si elle gagne les élections. Ce sera à mon tour d’avoir honte.

Dans une société démocratique, les responsables sont élus. Ni Trump, ni Bolsonaro, ni Johnson ne sont arrivés au pouvoir par un coup d’état, mais par des élections. Si demain, Maïder Arosteguy devient maire de Biarritz, ce ne sera pas un coup d’état, mais la décision des électeurs : leur vote, leur abstention, leurs paroles ou leurs silences. Si demain, Maïder Arosteguy gouverne grâce à une alliance entre J.B. Aldigé, plus celui qui n’accorde la citoyenneté qu’aux « gens d’ici », plus l’appui silencieux du RN, ce ne sera pas un coup d’état, ce sera le résultat d’élections.

Encore une fois, j’aurais honte. Les journalistes traités de flics, un terrain de sport associé à un camp de concentration, des plaisanteries homophobes.

J’aurais honte. Mais un moment de honte est vite passé. Il risque de durer six ans. Pas plus.

mardi 26 mai 2020

mieux avant


Vélo le long de la Marne jusqu’à Champigny, puis descente vers les guinguettes.

Des tables rondes, une bouteille de vin blanc, l’orchestre de trois ou quatre musiciens, accordéon, violon, batterie, piano. Ça commence par un paso, puis une valse, puis un tango, puis des rumbas. Encore une bouteille de vin blanc, on remonte vers la piste cyclable jusqu’à la Seine et parfois ça se termine au restaurant. Cela se pratiquait vers la quarantaine. En hiver, il y avait le bal à Jo dans une atmosphère plus feutrée. Rue de Lappe, près de la Place de la Bastille.



            Vas-tu remonter vers ton adolescence, vers les boums du lycée, vers les premiers baisers derrière un buisson ? Pour se plaindre d’une descente aux enfers ? C’était mieux avant ? Bien sûr c’était mieux avant. Quarante ans de moins…



            C’était mieux avant. Nous avions des certitudes, nous avions raison et dans les discussions politiques à table, au café, à l’université, nous étions tellement certains d’avoir raison que nous parlions doucement, le zéphyr des arguments gonflait les voiles de nos passions. Nous marchions dans les rues en regardant de haut ceux qui ne partageaient pas encore nos convictions, mais il suffisait d’attendre, les faits, l’histoire, nous donneraient raison.



            C’était mieux avant, il suffit d’oublier et d’effacer ce qui n’allait pas très bien, les ambitions déçues, les rendez-vous ratés, les coups de fouet du destin.



            Nous imaginions la vie comme un mince filet d’eau qui prenant son élan, s’enflait en descendant la pente, et il n’y avait aucune raison pour que la pente se redresse, la source devenait ru, le ru rivière, la rivière affluent, l’affluent une cascade et chaque fois plus violent, plus houleux. Nous étions irrésistibles. Nous allions vers le bonheur comme l’eau va vers la mer. Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.



Rien ne ralentissait nos ardeurs, quand le flot se tarissait, des escouades contournaient le lac et préparaient l’avenir. La mort n’était jamais mortelle. Comme les croyants avec qui nous avions tant en commun, un avenir radieux nous était promis.



            La vie s’est chargée de redresser la pente. Les torrents sont devenus des tornades. Et d’autres courants, des tièdes, des faibles, des irrésolus, construisaient des digues, des brise-lames, des écluses, tout ce qui pouvait prévenir la tempête.



            Aujourd’hui, les croyants croient moins, les lendemains chantent faux, et la mort qui vient a les couleurs d’un ciel d’orage.



            Il faut jeter aux orties nos mensonges et nos illusions et célébrer tous les jours, du lever au coucher du soleil les actions humaines qui rendent la vie plus facile, sans prétendre les imprimer dans des prophéties.

dimanche 24 mai 2020

carpette


Quand comprendrons-nous que les « écarts de langage » de JB Aldigé ne sont pas des accidents, mais une politique ? Suivant les exemples de Trump, de Bolsonaro, de Boris Johnson, de Salvini, de Laurent Wauquiez, mensonges, insultes (Stasi, milices, menaces physiques à l’égard des élus), l’objectif est chaque fois le même : jusqu’où peut-on faire reculer la frontière de la démocratie, du débat politique légitime. Jusqu’où ? Par exemple comment peut-on déclarer « tant qu’on n’aura pas fermé la gueule de Nathalie Motsch et François Amigorena, rien n’avancera » sans qu’il y ait une immense réaction générale, J.B. Aldigé avait liberté de construire son dépôt d’ordures, d’insulter la presse et les élus. À l’époque, l’élue qui l’avait le plus encouragé à déverser ses immondices était Maïder Arosteguy : (il est rugueux, mais il n’a quand même pas construit des camps nazis…).



            Ça continue. Tout le monde condamne des propos insupportables, indigne d’un président de club, Sauf Maïder Arosteguy. Elle désapprouve. Elle ne condamne pas, elle désapprouve. Et elle a appelé J.B. Aldigé à ce sujet.



Permettez un souvenir politique. Quand L’URSS a envahi la Tchécoslovaquie en 1968, la classe politique française unanime a « condamné » cette invasion. Sauf Georges Marchais, secrétaire du PCF, qui l’a « désapprouvée ». Et comme Maïder Arosteguy aujourd’hui, il a appelé Leonid Brejnev « à ce sujet ». À l’intérieur du PCF, de nombreux militants ont demandé la « condamnation » et pas la « désapprobation ». En vain.


De tous de tous les dirigeants politiques en France, seul Georges Marchais était la carpette de Brejnev. De tous les candidats aux élections de Biarritz, la seule carpette de J.B. Aldigé est Maïder Arosteguy.

samedi 23 mai 2020

deux Biarritz


Fin juin deuxième tour des élections municipales. Le choix est entre deux Biarritz. Celui de Maïder Arosteguy qui a déjà donné les clés de la ville à J.B. Aldigé, à la famille Gave et aux actionnaires de l’hôtel du Palais. Quand J.B. Aldigé exhale son opinion droite extrême, Maïder Arosteguy commente : « il n’a quand même pas construit Buchenwald et Auschwitz. Quand des journalistes de Mediabask font leur travail de journalistes, ils sont traités d’agents de la Stasi, la police politique de la RDA, et le sourire de la candidate s’élargit. Quand la candidate LR traverse un village où vivent quelques femmes voilées, elle reprend les peurs de Zemmour sur le grand remplacement. Quand son protégé Aldigé lance des plaisanteries homophobes, elle garde un grand sourire de connivence.



Voici ce que la candidate LR a apporté avec elle dans une ville propre, solidaire, tolérante. De la boue, du racisme, de l’homophobie, des condamnations par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme, des mis à l’encan du principal syndicat des Journalistes (le SNJ) et des Bascos qui luttent contre l’homophobie au Pays Basque. Ses prises de position ont découragé les militants lepénistes de se  présenter aux élections tant ils se sentent dépassés.



Ajoutons qu’elle porte plainte au commissariat quand un citoyen la traite d’extrême-droite.



Tout ce qui est écrit ici peut être vérifié. Rien n’est inventé.



Ses partisans minimisent, ce n’est pas grave, c’est un détail. Ils ont le droit de refuser de voir. Toutes les périodes sombres ont été précédées d’acceptations et d’aveuglement.



Permettez-moi d’être inquiet. Je ne connais aucune autre ville en France qui a importé de l’extrême-droite les thèmes les plus nauséeux. Aucune.



Cette candidate est largement en tête au premier tour. Elle est bien placée pour devenir la première magistrate de Biarritz qui a banalisé la Shoah, accueilli l’homophobie avec bienveillance, insulté les journalistes, permis en souriant qu’on insulte les élus de la République.



Il est possible d’empêcher l’irréparable, cette soirée de cauchemar où les partisans de Maïder Arosteguy se moqueront derrière les rideaux opaques d’un bistrot, des femmes voilées, de la LICRA, du SNJ, des Bascos, du Grand Rabbinat de France…



C’est possible si tous ses adversaires se rassemblent. Guillaume Barucq, Nathalie Motsch et d’autres forces peuvent, en s’unissant, conserver à Biarritz ses traditions d’ouverture, sa tolérances, ses solidarités. Le Biarritz  que nous aimons.



Chacun d’entre vous peut contribuer à cette autre voie. D’abord en reproduisant sur la toile, sur papier, dans les conversations, le portrait grandeur nature de la candidate LR. Ceux qui ne veulent pas voir resteront aveugles. Mais beaucoup ignorent l’ignominie qui peut accéder à la mairie. Faites-la connaitre.



Ensuite que chacun d’entre vous qui veut barrer la route à l’innommable fasse pression sur les  candidats en leur disant simplement : vous serez battus si vous restez divisés, mais rassemblés, vous pouvez l’emporter. Vous êtes les porteurs du deuxième Biarritz.

mercredi 20 mai 2020

une ville confinée


Vous voulez savoir de quoi Biarritz aura l’air si Maïder Arosteguy (candidate LR tendance Wauquiez) est élue maire ? Regardez autour de vous. Une ville confinée. Une maire tellement à droite qu’elle avait supprimé le clignotant gauche de sa voiture pour être certaine de ne tourner que dans la bonne direction. Une ville qui aura donné les clés aux forces de l’argent, qui confiera l’exclusivité des compte-rendus de match aux journalistes Une ville où les propriétaires du club auront le droit d’insulter les élus, « qu’ils ferment sa gueule, sinon…) de pratiquer le chantage et le racket (donnez-nous les subventions, sinon...) Une ville où l’engagement démocratique d’une entreprise se mesurera par l’assurance de ne pas avoir construit de de camps de concentrations. Une ville où les femmes voilées n’auront pas le droit d’accompagner les enfants des écoles pour les sorties scolaires. Une ville qui sonnera le tocsin si une femme voilée se promène sur la plage. Une ville où Mgr Aillet bénira des réunions pour l’interdiction de l’IVG qu’il compare à un génocide et Maïder Arosteguy dira que quand même, il n’a pas demandé la fermeture des centres de planning familial.



Une ville où les citoyens qui protesteront publiquement contre ces dérives, ces soumissions, ces banalisations du génocide, seront convoqués au commissariat pour qu’on leur demande des comptes. Une ville où les partisans de la maire pourront exprimer des opinions racistes, antisémites et xénophobes, sans provoquer de réactions.



Candidate, elle se déclare politiquement au centre et elle poursuivra en justice ceux qui la déclarent d’extrême-droite. Logiquement, le RN ne présente pas de candidats contre une personne qui a repris toute son idéologie avec enthousiasme.





Les prochaines élections à Biarritz verront s’affronter deux conceptions de la ville. Une ville ouverte sur le monde, tolérante aux différences, inventive et solidaire. La ville où nous vivons en bonne entente.



Et une ville confinée dans des prises de position conservatrices, des opinions rances, des replis d’avant-hier.



Le choix vous appartient.

lundi 18 mai 2020

les trois réveils


Certains réveils sont lourds, d’autres légers, d’autres indifférents. Si les réveils sont lourds, les mots pour les décrire seront pesants. S’ils sont légers, les mots pour les saluer seront zéphyrs. S’ils sont indifférents, les mots seront ennuyeux comme une pluie bretonne sur des lauzes endormies.



            Ce matin, je ne vais pas vous dire dans quelle catégorie fut mon réveil. Ça ne vous regarde pas. Est-ce qu’une seule personne au monde se demande le matin comment fut mon réveil ? Vous pensez vraiment qu’une seule personne, déjà préoccupée par son réveil individuel, se pose la question « comment est mon réveil ? ». Lourd, léger, indifférent ? Si personne ne se demande comment fut mon réveil, il n’en reste qu’une seule qui se pose la question parce que selon la nature du réveil, l’atmosphère du logis change, l’électricité se déplace dans l’air différemment.



            Vous pourrez objecter que si ne vivez pas seul, la nature du réveil va forcément influer sur les relations plus ou moins proches. Avec votre partenaire, naturellement « dis-donc, tu t’es réveillé léger ce matin », ou bien « tu t’es réveillé lourd ? ». Ou bien « tu n’es pas bien réveillé ». Pour votre partenaire, c’est important la nature du réveil parce qu’elle décide la qualité des relations dans l’intervalle de temps qui sépare le réveil de l’un du réveil de l’autre et en cas de confinement, cet intervalle de temps dure toute la journée. Pour les enfants, la qualité du réveil des parents est primordiale car elle déterminera la différence entre une scène de petit déjeuner d’une famille américaine habitant un bungalow dans une résidence du New Jersey où toutes les relations humaines sont lumineuses, ou bien l’horreur des relations humaines dans une banlieue de Memphis sur le modèle d’une chatte sur un toit brûlant. Le pire se trouvant dans le théâtre d’Eugene O’Neill, notamment dans long days’ journey into night.



            Je m’égare. Que vous viviez seul ou en famille, ou en couple, ou en colocation, en prison, en pensionnat, en maison de retraite, il y a un moment plus ou moins long où vous êtes seul face à votre réveil, l’estomac lourd ou le cœur léger, et ce moment-là n’est pas le même selon des ondes dont la plupart vous échappent.

dimanche 17 mai 2020

heure zero


Certains responsables politiques ou autres virologues ont furtivement envisagé de confiner une partie de la population française en fonction de l’âge. Comme les plus âgés sont les plus accueillants au virus, on ne devrait confiner qu’à partir de…Mais de quel âge ? 60 ? 70 ? 80 ? 90 ? La demande a été rapidement retirée car la population française vieillit rapidement justement parce que qu’on s’occupe peut-être un peu trop de la santé des seniors et que si l’on s’en occupait moins, il y en aurait moins. D’un autre côté, la tendance est à mesurer l’état sanitaire d’un pays à la longévité de ses citoyens. Bref, on fait le maximum pour qu’on puisse confiner le plus grand nombre  de seniors tout en regrettant leur nombre excessif. Un joli pataquès. Il y a bien sûr une solution à laquelle tout le monde pense mais personne n’ose exprimer. Livrer au Minotaure les séniors qui entrent dans la dernière année de leur vie. Très bien. Comment calculer l’année finale de la vie d’un homme ?



            La solution à cet imbroglio se trouve peut-être de l’autre côté de la chaîne. Pour que les actifs puissent aller produire, il faut que d’autres actifs prennent soin des bébés de zéro à un an. À peine ai-je écrit ces mots que je me rends compte de leur absurdité.  Un enfant de zéro an ça n’existe pas, ça ne peut pas exister. Une ceinture de zéro centimètre n’est pas une ceinture. C’est un rêve de ceinture. Vous ne pouvez pas donner zéro sou à un une personne qui fait la manche.  Avez-vous déjà entendu des parents répondre à la question « quel âge a-t-il ? « il a zéro an ». Ils s’en sortent en se réfugiant dans les mois (il a six mois), ou les semaines (il a cinq semaines), ou dans les jours (il a huit jours). Mais jamais au grand jamais vous n’entendrez des parents dire leur nouveau-né, il a zéro jour.



            Admettons que nous sautions un jour, le numéro zéro, et il vous reste sur les bras des millions marmots d’un jour à un an qui ont besoin d’attention. Ils ont besoin de nounous, de nurses. Pourquoi ne pas utiliser les seniors comme garde-bébés. Ils ne sentiraient pas relégués par leur âge alors qu’ils disposent de toutes les facultés requises pour s’occuper d’un enfant d’un jour à un an.


            La difficulté insoluble est de déterminer d’une manière qui soit tolérable par la société toute entière un bébé âgé de zéro an et de calculer d’une manière moralement  convenable la dernière année de la vie d’un homme, qu’on appellerait année terminale.

samedi 16 mai 2020

sables mouvants


Ma vie publique m’attire plus que ma vie privée. Quand se présente le choix entre la déclamation sur une estrade d’un poème engagé, sur Paris soi-même libéré, et un rendez-vous galant avec une jeune camarade de classe, j’ai toujours choisi Paris soi-même libéré dans la salle du théâtre municipal devant les élèves du lycée tous réunis, plus les élus, plus la famille. Choix s’imposant d’autant plus que la déclamation de poésies patriotiques dans les années de la libération attirait les jeunes filles comme la flamme d’une bougie les papillons de nuit. J’écrivais des poèmes dans mon cahier d’écolier mais aucun n’a provoqué des rencontres amoureuses. Il parait que des poètes se jettent sur leur plume en attendant le son du timbre à la porte d’entrée. Le taptap des talons désirés sur les pavés du jardin résonnait dans ma poitrine, mais les pages écrites finissaient dans la corbeille à papier. Il est peu probable que la recherche de l’âme sœur sculpte des chefs-d’œuvre.



            Le résultat fut un désastre. Mes recherches de liaisons amoureuses avec une âme sœur se distinguaient mal des pulsions publiques. Elles étaient guidées par des  émotions d’une grande banalité. Pour un jeune révolutionnaire, la beauté d’une star allongée sur le capot d’une Cadillac était la pire des aliénations et pourtant ne me laissait jamais indifférent.



Peu importe où vous mène le radeau,  l’essentiel du rafting est la somme des émotions que vous procurent les remous, les chutes et les cascades. Certainement pas l’aboutissement, une petite plage sans intérêt où les rafteurs déposent leur sac sans se mouiller les pieds.



            Actuellement, ma vie privée est bordée par un confinement en voie de déconfinement, par des soins médicaux et une atmosphère affective d’une douceur matelassée. Mais les excitations publiques s’enfoncent dans les marais mouvants. Il suffit de bouger un peu pour que disparaissent les grandes questions habituelles. Pour survivre, suivez les conseils de ceux qui vivent dans des régions à lises : débarrassez-vous de tous les poids inutiles, sac à dos, chaussures, mettez-vous sur le dos sans vous débattre, rapprochez-vous de la zone solide par petits mouvements. Oubliez les grandes solutions, révolutions, alliances contre nature, réformes et état-providence. Si vous rencontrez un autre promeneur, appelez-le à voix douce, ne donnez pas de signes de panique. Promettez-lui un repas au restaurant s’il part chercher une corde assez longue pour vous atteindre. Si la personne est faible, demandez-lui d’attacher la corde à un arbre ou à une souche d’arbre, ce qui vous permettra de tous tirer tout doucement hors de la lise. Si vous entendez un avion, n’agitez pas les bras pour attirer l’attention du pilote, il  ne vous verra pas et les mouvements des bras vous enfonceront davantage.

mercredi 13 mai 2020

deux biarritz.


Résumé de la situation politique à Biarritz.



Depuis les mandats de Didier Borotra, Biarritz avait pris l’heureuse habitude d’être dirigée par une coalition entre gauche réformiste, centre républicain et abertzales modérés. Cette coalition a explosé dans la mandature de Michel Veunac. Ainsi s’ouvre un boulevard pour le retour au pouvoir d’une droite extrême, soumise aux puissants, insultante aux minorités.



Ce n’est pas là procès d’intention. Maider Arosteguy, dans le sillage d’Eric Zemmour, voit quelques femmes voilées dans un village du Pays Basque et elle crie à l’invasion.  Elle accepte l’exclusion des journalistes locaux par le potentat Aldigé et banalise ses propos les plus indignes. Il veut « fermer la gueule » aux journalistes et elle se tait. Son soutien Max Brisson souhaite l’exclusion des mères d’élèves portant le voile dans les sorties scolaires. Ses déclarations lui valent condamnation de la LICRA, du Grand Rabbinat de France. Sur les grandes questions économiques, elle se range du côté des actionnaires du BO et de l’hôtel du Palais. Elle laisse ses partisans lancer d’infâmes déclarations antisémites sans réagir elle va pleurnicher au commissariat pour demander qu’on fasse taire les défenseurs des valeurs républicaines. On comprend pourquoi le RN ne présente pas de candidats contre elle. Le RN a appelé à la soutenir aux dernières élections législatives et n’a pas besoin de présenter de candidats contre elle : tous ses préjugés, ses haines et ses exclusions sont là.



Biarritz ouverte, tolérante, risque ainsi d’être abîmée pour longtemps.



En face de cette vague brune locale, les réponses sont faibles, inaudibles. Il y a une majorité possible et souhaitable pour une ville modérée, solidaire, ouverte au monde. On aimerait qu’elle rende l’alternative claire. Qu’elle rappelle les souillures qu’il faut déjà nettoyer. Qu’elle surmonte ses divisions à partir d’une conception de la ville où il y a place pour le tourisme haut de gamme et pour les aides aux plus dépourvus notamment dans le domaine du logement.  



La réponse des héritiers de Biarritz doit s’enraciner dans une conception de la ville fondée sur des valeurs républicaines, sur la tolérance, les libertés d’expression, l’acceptation des différences. Et chaque jour, tous les jours, manifester haut et fort cette vision de la ville sans se perdre dans des querelles d’épiciers.

mardi 12 mai 2020

tout ça pour moi


Bonjour les amis. Vous connaissez la nouvelle. Le confinement commence à se déconfiner. Comme un tricot que vous avez tricoté pendant des jours et des jours et tout ce travail pour le détricoter. C’est un grand jour. Pour une partie importante de la population. Les enseignants vont recommencer à enseigner, les écoliers vont recommencer à apprendre. Des adultes reprennent le chemin du bureau ou de l’atelier. Les voyageurs reprennent leur voyage. Des exilés retrouvent le chemin de leur logis dans la grande ville. Ce n’est pas rien. Des millions de remises en mouvement pour ceux qui s’étaient arrêtés. Pour tous ceux-là, le 11 mai est une date importante.



            Mais pour moi, personnellement, qu’est-ce qui change ? Les terrasses des cafés restent fermées. Les voyages familiaux resteront non pas interdits, mais exclus par la prudence plus que par les décrets. Les librairies seront ouvertes et la médiathèque juste entrouverte. Et demain, la cour de récréation retrouvera ses décibels.



            J’ai  pu me rendre dans un magasin FNAC en voiture privée. Devant la pharmacie, pas d’attente sous la pluie battante. Les rumeurs sur les élections municipales vont bon train. Juin ? Septembre ? Je ne sais pas quels sujets importants sont discutés. Ils n’apparaissent pas. Il semble qu’une conseillère municipale responsable des écoles a explosé de colère parce qu’une autre conseillère a distribué des masques alors qu’elle était candidate masquée. Je ne devrais pas me moquer ainsi. La fonction politique est une fonction noble, doublement compliquée avec le confinement qui prend fin. J’aimerais bien vous y voir, vous, sous la pluie battante.



            Parmi les sujets discutés : faut-il ouvrir les plages aux bronzeux ? Il y a accord semble-t-il pour ouvrir les plages aux sportifs : surfeux, marcheux, joggeux. Mais il faudrait les interdire aux bronzeux. Parce que les bronzeux attirent les bronzeux, qui sortent une bouteille, on se rapproche et en un instant, se crée un foyer.



            Vous rendez-vous compte que toute cette fiévreuse discussion n’a qu’un but unique ? Me protéger. Au lieu de dire merci, je me moque. Ce n’est pas bien. En effet, je fais partie de la population la plus fragilisée face au coronavirus. L’âge : bien au-delà de la soixantaine. Avec l’âge,  une bonne partie des maladies qui accompagnent le vieillissement : artères, métastases, poumons. Le tout réuni me transforme en paravirus. Heureusement, la société me protège, vous, toi, ils, nous : et ils discutent tous passionnément pour savoir comment protéger un octogénaire dont les artères se bouchent, les cellules s’enflamment,  le sang se coagule. Pour protéger ce monsieur, faut-il fermer les cinémas, interdire les plages, dissoudre les foyers sur la plage, imposer un masque, se laver les mains dix fois, vingt fois ? Et en plus, je me moquerais des discussions sans fin pour mieux me protéger ? Donc j’arrête. Je ne me moquerai plus.



Merci à vous tous de votre volonté de prolonger une vie déjà si pleine.

dimanche 10 mai 2020

mon objectif


Être en vie c’est mobiliser toutes vos facultés pour atteindre un objectif  que vous pouvez atteindre et vous seul. Si vous n’avez pas d’objectif, être en vie, c’est être mort, puisque sans objectif, la mobilisation de toutes vos facultés pour rien, est l’une des définitions de la mort.



            Personne ne dispose du droit d’introduire une hiérarchie dans ces objectifs. Ce peut-être un objectif professionnel, artistique, affectif, politique, élever des enfants ou découvrir la loi de la pesanteur. Mais objectif il faut, sans les classer en ordre d’importance, car c’est au porteur de l’objectif de déterminer son importance.



            Élever un être humain, c’est lui apprendre à distinguer parmi les myriades d’objectifs qui s’offrent à lui celui qui lui sera propre. L’objectif de l’éducation est d’apprendre à distinguer l’objectif qui sera l’objectif central. Qu’est-ce que tu fais dans vie ? Je poursuis mon objectif. Vous avez le droit de ne pas apprécier l’objectif choisi, mais si c’est son objectif, il doit le poursuivre sans dévier.



            Passons aux travaux pratiques. J’ai su très vite que je ne serai pas marathonien, ni prix Nobel de chimie. Je vous épargne la liste, sans fin, de ce que chacun d’entre nous apprend assez vite à ne pas se fixer comme objectif. Je me suis fixé un double objectif. J’ai appris assez vite que les mots pouvaient détruire ou construire, tuer ou faire naître. D’autre part, j’ai très vite été attiré par des théories qui visaient à transformer le monde. Ces théories étaient tissées de mots, d’actions spectaculaires, de sacrifices, de séductions, de renonciations. À force de chercher, à préciser mon objectif, à le peaufiner, à en nourrir mes rêves et mes cauchemars, j’ai trouvé : mon objectif est de mourir sur une barricade ou équivalent en prononçant des paroles historiques. Par exemple, « nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », ou bien « je suis tombé par terre, c’est la faute  à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau ».



            Se fixer un objectif ne signifie par l’atteindre. Il faut le poursuivre. Entre les mots et les actions, les rencontres sont rares. J’ai crié « tous au Palais d’Hiver », mais c’était l’été. Je détruisais les barricades quand d’autres en construisaient. J’ai enterré Staline et Maurice Thorez, usé mes semelles entre Bastille et Nation. J’ai écrit des articles et des livres qui disaient une chose et son contraire. J’ai failli me faire lyncher parce que trouvais que Margaret Thatcher avait raison de ne pas céder aux grévistes de la faim. Enfin, je me trouve confiné dans une ville touristique de 25 000 habitants où les objectifs des uns et des autres semblent engloutis dans le bal des égos.



            Est-ce que je vais renoncer pour autant à mes objectifs ? Sans objectif je suis mort. Je dois adapter mes objectifs à la dure réalité. Biarritz est une ville assez bourgeoise qui a su résister, jusqu’ici, aux pressions identitaires si fortes au Pays Basque, et aux courants extrémistes de droite qui ont un temps gouverné la ville. Et voici qu’une liste LR est conduite par une candidate plus à droite que Wauquiez, plus extrême que Ciotti, une candidate qui flirte ouvertement avec les thèses du RN. Je me suis à plusieurs reprises attaqué à cette candidate (Maïder Arosteguy), qui s’est sentie offensée et a déposé main courante au commissariat. Si vous avez retenu mes principaux objectifs, vous aurez compris que plus elle me menaçait, plus je m’approchais des objectifs que je m’étais peu à peu construit.



            Donc, mon objectif actuel est simple : empêcher Biarritz de basculer à droite extrême, à rejoindre la liste des Béziers, Fréjus et compagnie. Que la gauche réformiste et la droite républicaine modérée sachent s’unir pour éviter que soit hissée l’oriflamme patriote sur la mairie de la ville. Cette alliance républicaine ne se construit pas au dernier moment. Elle se construit aujourd’hui.



            Il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard. Ce que je n’ai jamais réussi à obtenir pendant ma vie militante, active et intellectuelle, je ne vais peut-être l’obtenir dans mon combat contre une droite extrême dont la tête de liste se congratule parce que des amis entrepreneurs n’ont pas construit des camps de concentration.









Je suis tombé par terre

C’est la faute à Maider.


vendredi 8 mai 2020

Une plaque que Biarritz ne mérite pas


Maider Arosteguy a publié un communiqué où elle célèbre la victoire sur le nazisme, après avoir félicité la famille Gave de ne pas avoir construit de camps de concentration. Pour rendre hommage aux victimes ?



Elle a le droit d’essayer de se rattraper.



Nous n’oublions pas.





Tous les maires de la ville ont droit à une plaque. Voici celle que les électeurs de Biarritz décideront d’accrocher ou pas.









Maïder Arosteguy
Maire de Biarritz

(condamnée par La LICRA et le Grand Rabbinat de France pour banalisation de la Shoah).

agenda


Jeudi 07/05/2020



Nouvelle séance. Aucune douleur, une grande tranquillité. Une tasse de café, une discussion avec l’infirmière qui m’introduit l’aiguille, je sens à peine la piqure, car un patch opiacé a supprimé toute sensibilité. Ensuite, l’infirmière ouvre un petit robinet qui laisse passer goutte à goutte un produit chasseur dont je serais bien incapable de décrire la composition. Pendant une demi-heure, le liquide goutte à goutte. Au bout d’une demi-heure, la machine thérapeutique clignote. Son travail est terminé. À mon tour d’appuyer sur une sonnette qui prévient l’infirmière. Une dame en blanc vient me retirer l’aiguille verseuse. Un médecin vient m’expliquer tout ce que je ne comprends pas. Encore trois semaines, puis encore trois semaines et au bout de trois mois, d’autres machines viendront mesurer les effets et selon les résultats, les médecins adapteront le liquide goutte à goutte. La veille de la prochaine, cure, d’autres infirmières me feront une prise de sang et trois feuillets n/g sur x/mil diront si les choses vont mieux. Je vous tiendrai au courant.



Je me refuse à communiquer sur d’autres catastrophes sanitaires qui sont le lot commun de ma génération car à force on en oublierait l’essentiel, c'est à dire le coronavirus. La psy qui est passée aussi m’a demandé comment j’allais. Je lui ai répondu qu’en fin de compte, par rapport, il y a tellement de gens qui vont plus mal. En fait la seule question de la psy qui importe : est-ce que tous ces soins en valent la peine ? Elle m’a répondu que moi seul connait la réponse à cette question.



Je fais le tour de 360° et décide que la réponse est oui.







Vendredi 8 mai 2020



Grosse fatigue. Des individus veulent me persuader que le problème principal du programme de mathématique est celui-ci : étant donnée une salle de classe de huit mètres sur dix mètres, que chaque élève dispose de quatre mètres carrés, que l’institutrice compte pour un élève, que le bus scolaire démarre à huit heures pile, à quelle heure le ministre de l’EN aura-t-it fait le tour du bâtiment ?



Autre problème de physique : étant donné que la terre est peuplée de 6,5 milliards d’êtres humains, que chacun de ces habitants doit porter un masque règlementaire ; quel est le volume du mongolfière qui pourra transporter en un seul voyage tous les masques ?



Question d’histoire : étant donné que chaque pays a subi plusieurs épidémies mortelles, serait-il possible de tracer le modèle étalon d’une épidémie qui pourrait être apprise par chaque écolier afin que l’apprentissage de ce modèle puis servir dans toutes les écoles du monde ?



Question de géographie : la démographie d’un pays serait-elle affectée par le coronavirus au point où l’épidémie pourrait remplacer le réchauffement climatique par la pandémie pour engloutir une île ?



Question de philosophie : classer les conséquences durables d’une pandémie, leur durée, leurs effets, leur rôle dans l’apparition de nouveaux concepts.


mercredi 6 mai 2020

le feuilleton


Une planète lointaine habitée par des êtres intelligents vient de découvrir que la terre est attaquée par un coronavirus qui met en danger sa survie. Depuis des dizaines de milliers d’années, ils nous suivent dans un feuilleton hebdomadaire qui  a énormément de succès, depuis le néolithique jusqu’au pithécanthrope, les guerres de religion et la grippe espagnole, Hiroshima et Nagasaki et puis ce putain de merde de coronavirus comme si c’était la fin du monde.



Dans ce feuilleton, certains épisodes étaient plus réjouissants. La Renaissance, la Réforme, les Lumières, la bataille d’Hernani et la Flûte enchantée, les films de Frank Capra, Hamlet et le Misanthrope, la pénicilline et l’état providence, les Beatles, la Pyramide du Louvre, la Joconde et le Front populaire.



Nos amis de cette lointaine planète observèrent un phénomène nouveau et inquiétant. Dans toutes les catastrophes qui frappaient la planète terre, guerres et maladies, une petite musique, plus ou moins déterminée, chantait « ça ira mieux demain ». Or, depuis l’offensive du coronavirus, cette musique était en train de disparaître. Ils avaient l’impression que pour l’humanité qui portait la planète terre, ça n’irait pas mieux demain. Pendant toute son histoire, l’humanité avait été portée par l’idée que ça irait mieux demain et que si ce refrain disparaissait, l’humanité jusque-là portée par l’espoir de lendemains qui chantent sombrerait dans la désespérance. Son avenir même était en jeu. Car si ça n’irait pas mieux demain, pourquoi se battre pour demain ?



Dans cette planète lointaine, cette idée était insupportable. Le feuilleton terre tenait leur société debout et si l’humanité disparaissait, ils risquaient de la suivre dans la submersion. Ils se réunirent fiévreusement et finirent par trouver une solution. Chaque habitant de la planète lointaine enverrait un message chaque habitant de la planète terre lui expliquant qu’il ne faut jamais baisser les bras, que rien ne vaut la vie, qu’il ne faut jamais désespérer. Ils lui envoyèrent même un hologramme de Jésus et de Marx qui eut quelque succès.



Les Terriens appréciaient modérément les messages lointains. L’espoir était dans les messages, mais eux vivaient avec le coronavirus. Ils répondirent par dizaines de millions par un message qui disaient en substance : s’ils voulaient la poursuite du feuilleton, ils n’avaient qu’à nous envoyer un vaccin contre le virus. Les habitants lointains se frappèrent le front. Mais nous avons sûrement ça dans nos dossiers. Et effectivement, ils trouvèrent dans une éprouvette une molécule tueuse de coronavirus.



Depuis, le feuilleton a repris.

mardi 5 mai 2020

mardi 5 mai


Ma vie est vide, je la plains, ma vie est pleine, je la vide.





            Quelle différence entre une vie confinée et une vie sans coronavirus ? Je ne peux pas répondre pour tous ceux que je connais. Mes enfants poursuivent leur travail de peintre, de vidéaste, de graphiste. Mes petits-enfants créent des films dans des écoles de cinéma et se préparent à des études de droit. Ma compagne, conseillère municipale et responsable d’un lieu d’accueil pour personnes sans abri et sans revenu, cherche et trouve des lieux de protection pour les galériens. Les médecins me soignent, les infirmiers me pansent, les brancardiers me promènent de cliniques en hôpitaux, une psychologue m’assure que ça en vaut la peine, à moi tout seul, je donne du travail à des dizaines de soignants.



            Je porte un masque, je me place dans la queue devant la boulangerie en respectant la distance recommandée.  Ensuite, je vais chez mon marchand de journaux et la grande différence est que je ne peux pas lire les articles répétitifs à la terrasse d’un café car il est fermé, peut-être va-t-il ouvrir vers la fin du mois  de mai. Je lirai sur ma terrasse sans voir les passants qui passent et c’est dans cette période de pénurie de passants qu’on se rend compte à quel point les passants sont importants. Je rentre chez moi et j’enlève mon masque pour lire les journaux. Je dis bonjour de loin.



            Naturellement, il y a le téléphone, whatsap et skype, mais c’est un peu compliqué de raconter une vie rabougrie. Comme décrire une course de voiliers quand le vent s’est figé. La maladie bien sûr est source inépuisable de conversations, car il faut chaque jour conter les douleurs. Parfois, mes interlocuteurs ont l’impression que j’ai été contaminé par le coronavirus tant les ambulanciers, les infirmiers et les kinés franchissent le seuil de ma porte. Je les détrompe. Il n’y a pas que le coronavirus dans la vie.



            Ensuite la sieste, une causerie à plusieurs avec skype et on se rend compte que le plus important dans une conversation ce ne sont pas les paroles, mais les yeux, les formes, les odeurs, les bruits des pieds. L’idéal serait peut-être de filmer cette causerie en supprimant le son et se rendre compte que l’important est le brouhaha, les couleurs, le cuir ciré, les huissiers qui viennent porter des papiers, mais de moins en moins puisque désormais les SMS suppriment la fonction.



            Regardez les images collectées par les caméras des grands congrès des partis communistes chinois, ou réunions au Kremlin. On n’a nul besoin de comprendre ce que disent les délégués. Ils se lèvent, ils applaudissent, ils se rassoient, puis le grand timonier prend la parole et cette parole est inutile. Donald Trump pointe du doigt une journaliste qui a posé une question inaudible, supprimez le son, il reste ce qui est important, le doigt de Trump, la journaliste qui repose la question. D’une certaine manière, il est possible de décrire des grandes assemblées politiques et parlementaires comme si le coronavirus avait imposé un masque virtuel aux discours et aux déclarations. D’ailleurs, si les représentants ou conseillers disent vraiment quelque chose, ils se retrouvent rapidement en salle de réanimation, entubés, entourés par des dizaines de blouses blanches. Un journaliste s’est ainsi retrouvé découpé en mille morceaux dans un ascenseur. Savez-vous les mots qu’il a prononcés ? Non. Mais tout le monde sait qu’il a été dépecé.  

dimanche 3 mai 2020

un événement


On se force parfois pour répondre à une demande régulière. Parfois, on n’arrive pas à trouver l’énergie nécessaire pour trouver les mots et à les frapper sur l’écran. Parfois  on se demande, parfois on ne se demande pas. Au début on ne se pose pas de question. Tu trouves un coin de buffet qui permet de se tenir debout sans te demander pourquoi se tenir debout. Puis tu lâches ce coin de buffet et tu tiens debout sans aide de ce coin de buffet. Et tu avances d’un pas, puis d’un autre et les cris d’admiration de ceux qui constituent ta famille te procurent un plaisir inexplicable qui te pousse à recommencer, à mettre un pied devant l’autre. Ensuite pour moissonner d’autres cris d’admiration, tu dessines une maison, tu récites un poème, tu te retrouves premier dans la course, le temps passe, tu regardes les filles et rien d’autre n’a plus d’importance que le regard qu’elle te rend à ton regard puis tu convoles et tu as des enfants qui entendront à leur tour les applaudissements s’ils avancent sans s’appuyer sur le coin du buffet. Puis on se lève pour exercer un métier, ensuite il est possible de poursuivre ce métier même après la retraite. Il y a des enterrements, des veillées mortuaires, des ouvertures de bal avec la mariée, des adultères, des engagements, des amours.

Vivre, c’est supporter avec patience, parfois avec plaisir, l’intervalle de temps qui sépare tous ces événements importants. Les préparer, les supporter, les décorer, les entourer de conseils et de souvenirs et lorsqu’ils ont eu lieu, se les raconter sans fin, tout en préparant d’autres événements.



Ensuite sauf exception, la biologie, les maladies, les règles sociales, réduisent le champ des événements possibles et tu attends plus l’absence d’événements que leur présence. Les enfants ont grandi, la famille s’est disloqué, d’autres enfants naissent on te pose moins de questions. Si tu as la chance de vivre une vie à deux, saisis-la de toutes tes forces, serre-la dans tes bras car rien ne la remplace. D’autres événements peuvent se produire, heureux ou malheureux mais cette vie à deux, bois-la goulûment.



Sans confinement, sans virus, il y a toujours un événement qui se prépare, qui a lieu, qui a eu lieu, qui s’annonce, qui se prépare. Avec cette saleté de merde, ce corona virus, les événements ont disparu. Il reste bien entendu ceux qui ont déjà eu lieu des photos, des livres, des films les racontent. Mais pour demain, pour après demain, quels événements ? Un concert annulé, une réunion de famille interdite, un meeting agité fermé, un mariage reporté, un communiqué silencieux. Les conversations se tarissent, car une conversation est toujours un commentaire sur un événement qui a eu lieu ou qui va avoir lieu. Supprimez les événements et les conversations se taisent.



La rentrée des classes pourrait être un événement considérable, le maître, les copains, elle devient un terrain de jeu pour éviter le virus. Le rendez-vous à la terrasse d’un café est un défilé de mode pour masques. Partager le titre du journal à plus d’un mètre de distance est un exercice d’optique. Faut-il se résigner à une vie sans vie ?



Voici l’enjeu, voici le défi. Pour l’humanité qui se déployait avant ce coronavirus, la plupart des événements nous étaient imposés, par le hasard, la nécessité, les règles sociales, la faim, la protection, un toit, un écran d’ordinateur. Depuis ces quelques semaines, les événements s’arrêtent et la vie a été remplacée par un virus. Nous voici condamnés à inventer,  à créer, des événements dans un espace où ils sont devenus impossibles. Des événements, des vrais, des nécessaires, par des ersatz. Pas des chansons devant la fenêtre, pas des apéros dans la cour d’immeuble. Pas des événements pour tromper l’ennui.



Est-ce possible ? Si oui, qui se lance ?

samedi 2 mai 2020

colères


Les pharmaciens sont en colère parce que les grandes surfaces auront le droit de vendre des masques. Les pharmaciens sont en colère parce les grandes surfaces auront le droit de vendre des produits pharmaceutiques. Les hommes furent en colère parce que les femmes obtinrent le droit de vote. Les hommes furent en colère quand les femmes obtinrent le droit de conduire des autobus. Les sages-femmes furent en colère quand leur profession s’ouvrit aux hommes. L’ordre des médecins fut en colère quand on permit aux médecins étrangers d’exercer leur profession sur le territoire français. La corporation des coiffeurs fut très en colère quand on permit aux barbiers de faire des prises de sang. Les sénateurs furent en colère quand on révéla leur revenu au grand public. Les typographes furent en colère quand on permit aux dactylos de taper les textes des journalistes. Les traders furent en colère quand les inspecteurs des impôts eurent le droit d’accéder à leurs bénéfices. Les marchands forains furent en colère quand on accorda des places à des commerçants étrangers. Je suis en colère quand un rugbyman observe ma canne et ne se lève pas pour me laisser sa place. Je suis en colère quand une voiture ne respecte pas mon droit de piéton. Si tous les gens en colère voulaient se donner la main, toutes ces colères bouillonnant dans un chaudron permettraient de cuire des milliers d’œufs durs. Les serruriers sont en colère quand un cambrioleur force une serrure inviolable.


            Je suis en colère contre le coronavirus parce qu’il a tué toutes les colères nobles qui font une vie digne d’être vécue. Qui se rappelle encore que Maider Arosteguy s’est amusée comme une petite folle à l’idée que J.B Aldigé n’avait pas construit des camps de concentration ? Je le rappelle encore parce que c’est bon de retrouver les colères d’antan quand des gens qui s’amusaient avec le génocide provoquaient d’énormes colères. Comment peut-on se mettre en colère aujourd’hui contre une responsable politique qui s’adressant à un coronavirus lui dirait, bon, c’est une sale bête, mais elle n’est pas quand même responsable de la grippe espagnole ou de la Grande Peste du Moyen Âge. Toutes ces colères sont mortes et ça me met fort en colère.

vendredi 1 mai 2020

c'est nous les dalton


C’est nous les Dalton.



Non, je ne lâcherai pas le morceau. Depuis que j’ai appris devant une feuille de pastilles bigarrées que j’étais atteint de ce handicap, je ne cesse de batailler pour les droits des daltoniens, systématiquement sous-estimés alors qu’ils affectent la vie quotidienne d’une manière souvent dramatique.



Prenons les exemples les plus récents. Depuis que le pays est frappé par un virus dont tout le monde ignore la couleur, les départements sont colorés en rouge ou jaune ou vert selon la densité de la bête. Je regarde les départements sans aucune idée de la dangerosité de l’endroit où je vis. Faut-il mettre un masque ? Un masque chirurgical ou un masque de carnaval ?



Dans les hôpitaux, le danger est plus vif. Tout fonctionne selon les couleurs. Maladies du  poumon, suivez les lignes rouges, neurologie, suivez les lignes vertes, obstétriques, lignes jaunes. Pour vous tous, majorité qui distingue les couleurs, la vie est facile. Mais pour les daltoniens ? Combien de cancers de la prostate se sont retrouvés en salles d’accouchement ? Combien de cols du fémur ont-ils subi d’inutiles échographies ? Avez-vous pensé aux milliers de victimes qui sont dues à la dyschromatopsie ?  



Sans compter les accidents de la route parce qu’au carrefour, un conducteur voit vert et l’autre voit rouge ? Qui a jamais pensé à vérifier les rétines du capitaine du Titanic ?



Une fois établi le diagnostic, nécessaire car des individus attirés par le gain s’entraînent à tricher devant ce que certains prennent pour un jeu : voyez-vous un 8 ou un zéro ? une bicyclette ou un TGV ? Heureusement, les examens sont de plus en plus fiables. Une fois établi le diagnostic, je demande que le daltonisme soit reconnu comme un handicap majeur. De nombreuses professions sont interdites aux dyschromopates : conducteurs de trains, pilotes, artificiers, peintres de Chapelle Sixtine, maquilleuses…



Comme la maladie est héréditaire, la pension d’invalidité serait versée dès la conception du futur daltonien.