À Biarritz, la bataille des municipales paraît pliée. Comme
les candidats anti-Maider n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour le second
tour, Maider Arosteguy, LR de droite, va se trouver à la tête d’une ville qui
est plutôt centre gauche, par sa population, par ses convictions. On disait ça
aussi de la population des États-Unis et ce n’était pas faux puisque Donald
Trump a été élu avec trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton.
J’avais l’impression aussi que le Royaume-Uni était terre de modération et puis
voilà qu’il est gouverné à coups d’éructations d’un nouveau membre du club BJT.
Si l’on ajoute Modi en Inde, Poutine en Russie, Orban pour la Hongrie, on a le
droit d’être attiré par le destin de Walter Benjamin et de Stefan Zweig, à la
veille de la Seconde Guerre Mondiale. Consterné par le spectacle du monde, ils
ont préféré disparaître. Si l’on ajoute à cette liste L’étrange défaite de March Bloch, il y a de quoi être attiré par
des décisions irréversibles.
Rassurez-vous.
Je reste. D’abord parce que Zweig et Benjamin laissaient en héritage une œuvre durable.
Soyons lucide. Ce n’est pas mon cas. Si je disparais, les quelques milliers de
pages imprimées que j’ai pu signer disparaîtront avec moi. Une disparition
volontaire ne les transformera pas en œuvre respectable. D’autre part, le
calendrier et les aléas de santé remplacent de manière plus confortable une
mort volontaire. De manière plus confortable et aussi plus modeste. L’euthanasie
me semble un faire-part grandiloquent, l’annonce bruyante d’une fin universelle
et annoncée alors que chacune de ses victimes ne joue qu’un rôle infime dans
cet effacement.
Je vais donc
continuer à vivre, c'est à dire à lutter contre tout ce qui abîme les hommes. Les
injustices, les inégalités, les racismes, les exclusions, les égoïsmes. La
victoire électorale d’une droite extrême dans une ville paisible ne va pas
supprimer les raisons de se battre, bien
au contraire. Au conseil municipal, dans les réunions de quartier, dans les
rencontres mensuelles, il me suffira de me lever, sans dire un mot, et d’un
seul coup, d’un seul, resurgiront les camps de Buchenwald et d’Auschwitz, les
éructations d’Eric Zemmour, les asiles des pauvres, les interdictions de la
mendicité, les exclusions des journalistes,
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