jeudi 30 mai 2019

histoire refusée


Je vous parle du Pays Basque français. Peut-il y avoir coexistence pacifique entre une conception essentialiste de ce mouchoir de poche et un attachement républicain à la langue, la culture, à l’histoire ?



Je suis convaincu que c’est possible. A condition de surmonter les fantômes du passé. Ce Pays Basque français, où élections après élections, les habitants manifestent leur volonté de rester dans la République en maintenant les séparatistes à la marge, n’a pas surmonté les traumatismes de son histoire.



On pourrait ranger les théories raciales d’Arana dans le grenier des vieux vêtements. Quel nationalisme n’a pas été ethnicisé dans la phase de construction ? Les modèles européens de Fichte, Herder ont été repris sous une forme ou une autre par tous les mouvements nationalistes. On peut les relire avec Arana comme une visite au musée. Ces idées ont structuré les mouvements nationalistes européens, pour le meilleur et parfois pour le pire.



Il s’agit ici d’autre chose. Le nationalisme basque ne s’est pas seulement développé dans le ciel des idées, il a aussi été façonné à sa naissance par la violence politique armée. Avec deux conséquences désastreuses. La première, c’est qu’il fut admis possible et légitime d’utiliser la violence armée, c'est à dire l’élimination des adversaires. Une minorité, une avant-garde peut faire l’histoire si elle dispose de fusils. La seconde, c’est que la politique n’est pas compromis, négociation, mais victoire d’un camp sur l’autre.



Partout où ce brasier fondateur a permis la naissance d’une nation, il faut des générations pour que s’installe une démocratie apaisée. Et pour freiner cette évolution, rien n’est aussi efficace que la célébration des héros et des martyrs. Rien n’est aussi conservateur que le refus de faire l’histoire critique de ces luttes passées. Voyez la difficulté pour l’Algérie d’écrire son histoire. L’Irlande jusqu’aux années 1960, a été dominée par l’héritage de la guerre d’indépendance et de la guerre civile. Les partis se nommaient « guerriers de la destinée », ou « nous seuls ». L’Irlande s’est démocratisée dans une révision déchirante de son histoire par une école d’historiens que les héritiers agrippés aux drapeaux traitaient de « révisionnistes ».  Tant que l’histoire critique des luttes passées ne secouait pas les consciences, l’Irlande somnolait dans les souvenirs.



Ces révisions déchirantes s’accomplissent au Pays Basque espagnol. Elles ne traversent pas la Bidassoa. Le Pays Basque français continue paresseusement de nommer prisonniers politiques les assassins patriotes, à négocier avec leurs alliés les méthodes de contournement de la nécessaire justice, à admettre sans rougir les liesses qui accueillent les libérations. Le Pays Basque français refuse de rencontrer les victimes, de leur parler, de les écouter. Au Pays Basque français, les élus de la république battent le pavé avec les demi-soldes de la terreur, réclament leur libération, leur retour à la maison.



C’est sur le fond de cette acceptation que s’installe des clivages douloureux. Ceux qui acceptent la terreur passée sont des patriotes. Ceux qui la condamnent sont des traîtres.  La communauté d’agglo ne s’entend pas sur grand-chose, mais elle est unie, quasiment unanime pour réclamer le retour au foyer des condamnés pour activités terroristes. Il ne peut pas y avoir de relations apaisées entre séparatistes et républicains si le passé n’est pas exorcisé.



Partout, sans exception, où le nationalisme guerrier revient nous hanter, en Hongrie, en Pologne, en Allemagne, en Russie, partout cette régression se manifeste par le refus de la recherche historique, la négation des ombres du passé.  



Que Bake Bidea, ou les abertzale s’agitent, c’est leur combat. Mais que des non-séparatistes regroupés dans les « Artisans de la Paix » entraînent une partie importante  de la société, élus soumis et population indifférente, et l’avenir du Pays Basque français s’assombrit. A Berlin, les néo-nazis manifestent contre le trop grand nombre de monuments aux victimes. En Russie, on redécouvre les statues de Staline, en Pologne, on stigmatise les historiens qui révèlent la face sombre du nationalisme polonais. À Bayonne, on a tenté de planter la hache de l’ETA comme sculpture de la ville. A Biarritz, au casino Bellevue, des élus et des militants apprennent dans les discours et dans les manifestations à insulter les victimes d’ETA, à maculer leurs tombes, à détester ceux qui dénoncent l’imposture et l’oubli. Ils sacrifient l’avenir à leurs médiocres ambitions, ils prennent pour une politique l’endormissement de leur pensée.

mercredi 29 mai 2019

lessivage et blanchissage


Lavage et nettoyage sont les deux mamelles des Artisans de la Paix.



Vendredi 7 juin, Bake Bidea et les « Artisans de la Paix » organisent au casino Bellevue, sous la présidence de Michel Veunac, une grande braderie de lessives, de produits blanchissants et d’eau de Javel.



Mettez la machine sur le point « blanc ». 60 degrés. Sinon le sang ne disparaît pas. Appuyez. Ça tourne. Voici les mots qui nettoient : Une victime du Gal ou des Commandos autonomes a été « exécutée », ou « torturée ».  Les victimes de l’ETA sont parmi les « victimes de part et d’autre ». Josu Ternera accusé et jugé pour l’attentat qui a fait seize victimes dont cinq enfants n’aurait pas dû être arrêté par la police française, ni jugé par les tribunaux espagnols. Son arrestation est irresponsable, une insulte (à qui ?). Les etarras n’exécutent pas, ils ne torturent pas, ils ne kidnappent pas, ils ne rackettent pas. Les six enfants de l’attentat de Saragosse, 11 décembre 1987, ne sont pas de bonnes victimes puisque les blanchisseurs réclament la libération de leur assassin. Rincez, essorez, séchez.



Michel Veunac président de la conférence de presse annonciatrice de la grande lessive m’a affirmé que la réunion du 7 juin « recevrait les victimes ». Aucune association de victimes ne sera reçue. Aucune association, aucun responsable du Pays Basque espagnol, là où sont la majorité des victimes de l’ETA. Le programme de la soirée est « vivre ensemble ». Les morts ne sont pas invités.





Quelle est la teinturerie qui lave le plus blanc au Pays Basque ? La teinturerie Bake Bidea et Artisans de la Paix. Avec Jean-René Etchegaray et Michel Veunac. Le 7 juin prochain, de 18 heures à vingt heures. Au Casino Bellevue.

mardi 28 mai 2019

bataille de mots, bataille de morts


Dans la préparation des nouvelles journées de blanchissage d’ETA les 7 et 8 juin prochain, la bataille des mots reprend. Bake Bidea et les Artisans de la  Paix, condamnés par les basques espagnols comme « blanchisseurs de terreur » sentent des appuis qui leur filent entre les doigts. A leur conférence de presse, il n’y avait que Michel Veunac et Jean-René Etchegaray. Max Brisson et Vincent Bru ont observé une absence prudente.



Pour éviter l’hémorragie, la bataille des mots va reprendre. Voici quelques conseils simples pour ne pas se faire piéger.



Les blanchisseurs vont dire et répéter qu’ils sont « s’occuper des victimes ». Le terme propre, c’est qu’il faut désormais prendre en compte les victimes du terrorisme de l’ETA. Il ne s’agit pas des victimes « des deux côtés » comme Trump le disait à propos d’un conflit entre antiracistes et suprématistes.



Il n’y a pas « sortie de conflits », mais fin d’une période où les terroristes de l’ETA ont voulu imposer leur solution par les massacres. Cette agression s’est terminée par la victoire de la démocratie depuis le cessez-le-feu de 2011.



Quasiment plus personne n’utilise l’expression « prisonnier politique » pour les prisonniers basques jugés pour activités terroristes en bande armée. Cette expression est remplacée désormais par « prisonniers basques ». Les blanchisseurs demandent un traitement particulier pour les  personnes jugées pour activités terroristes. Des personnes qui n’ont jamais demandé pardon, qui ne s’engagent pas sur l’avenir. Il faut demander les garanties de droit pour les prisonniers, tous les prisonniers, au cas par cas. Il est insupportable d’entendre des élus républicains réclamer des garanties pour les prisonniers en fonction de leur communauté affirmée.



Si vous entendez des expressions comme « le conflit basque », les prisonniers basques, « les victimes des deux côtés », il faut chaque fois réagir, corriger, donner les expressions qui correspondent à vos convictions et à la réalité. Ne rien laisser passer.



On entend moins les expressions comme « pétasses », « pédés », « putes », « youpîns », « crouilles » dans l’espace public. Parce que les réactions sont beaucoup plus fortes, beaucoup plus nombreuses. Il faut mener cette bataille au Pays Basque français, ne rien laisser passer. Réagir. La bataille des mots est une bataille politique.

vendredi 24 mai 2019

la honte


Samedi 18 mai, la commune de Ugao-Mirabailles (quatre mille habitants), a manifesté contre l’arrestation de Josu Ternera, qui doit être jugé pour « crime contre l’humanité ». En réaction, Ciudadanos, représentée notamment par Maïté Pagazaurtundua  sont venus le 24 mai rendre hommage aux victimes du terrorisme et demander une minute de silence. Une contre-manifestation de quelques centaines de personnes les a accueillis aux cris de « fascistes dehors ! ». Quand Maïté Pagazaurtundua a demandé une minute de silence, les manifestants ont déclenché des sirènes, les voitures ont klaxonné. Maïté Pagazaurtundua a perdu un frère assassiné par ETA.



Samedi 8 juin prochain, une manifestation aura lieu à Biarritz organisée par Bake Bidea et les « Artisans de la Paix » qui ont protesté contre l’arrestation de Josu Ternera. Cette manifestation a été préparée sous la présidence de Michel Veunac, maire de Biarritz et Jean-René Etchegaray, président de la communauté d’agglomération du Pays Basque.



Les attentats préparés par Josu Ternera et les siens ont notamment tué seize personnes dont cinq enfants, le 11 décembre 1987.

Voici les noms des enfants



Esther Barrera Alcaraz, 3 ans

Miriam Barrera Alcaraz 3 ans

Silvia Pino Fernandez 7 ans

Rocio Capilla Franco 14 ans

Pedro Angel 17 ans



La manifestation de Biarritz du 8 juin verra la participation des manifestants de Ugao-Mieraballes, ceux qui ont klaxonné, hurlé, déclenché leurs sirènes, quand on a demandé une minute de silence pour ces enfants. Ils manifesteront aux côtés de Michel Veunac, maire de Biarritz et de Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d'agglomérations du Pays Basque.

mercredi 22 mai 2019

résistance


J’ai connu l’Europe allemande. Pas terrible. Les communistes et les gaullistes se sont unis pour résister. Grâce aux efforts des alliés, anglais, Etats-Unis, la France a été libérée et, le Plan Marshall nous a aidés à sortir du bourbier. Puis ce fut la guerre froide. Maurice Thorez, secrétaire du PCF, déclarait que si les soldats russes passaient la frontière française, ils seraient accueillis en libérateurs par le peuple de France. Le pacte atlantique nous a protégés de cette « libération » et il n’y a pas beaucoup de partis politiques qui aujourd’hui regrettent cette protection. Puis commencèrent les premières formes d’organisation européenne. La communauté européenne de défense, les premières formes du marché commun. Deux forces politiques unissaient leurs forces pour résister à toute forme d’organisation européenne : les gaullistes et les communistes. Ils disaient que cette Europe serait soumise aux Etats-Unis. Que ce serait un marché ouvert aux plus grandes puissances capitalistes. Les communistes disaient que cette Europe était une arme de guerre contre la patrie du socialisme. L’Europe s’est construite d’abord avec l’appui américain, son cœur était l’alliance atlantique, une alliance d’abord militaire. Peu à peu elle s’est mise à exister. Economiquement, jusqu’à réussir à se regrouper autour d’une monnaie unique. Culturellement, avec les échanges universitaires, scolaires, scientifiques. Elle est aujourd’hui une grande puissance qui menace toutes les tentatives hégémoniques. La Russie la redoute, sa position n’a pas varié depuis le début. Les Etats-Unis n’en ont plus besoin depuis la fin de la guerre froide. Face à la montée des puissances nouvelles ou anciennes, l’Europe seule peut résister. Séparément, les nations seront englouties.

L’Europe continue d’attirer pour ses exceptions culturelles, pour sa protection sociale, pour sa résistance aux crispations identitaires. Elle a aidé à moderniser des pays retardataires, Irlande, Espagne, Grèce, Portugal. Elle est le socle de résistance dans les pays qui veulent retourner au Moyen Age. Elle permet de lutter contre les atteintes aux libertés collectives et individuelles.

Personnellement, entre les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la Corée du Nord, Cuba, le Venezuela, c’est en Europe que je préfère vivre. Pas vous ?

De même que le réchauffement climatique disloque les icebergs, le réchauffement des vieilles idées politiques commence à se faire sentir en Europe. Alors, tout bêtement, tout égoïstement, je choisis de voter dimanche prochain pour ceux qui résistent le mieux à ce réchauffement régressif. Ils ne sont pas très malins, ils ne se battent pas fort, mais ils font partie de ceux qui résistent. Alors, va pour Nathalie Loiseau et la liste Renaissance.

mardi 21 mai 2019

qui conseille doit payer

L’affaire Lambert.

Les prescripteurs de morale, souvent religieuse mais pas seulement, ont de fortes convictions, mais refusent souvent d’en assumer les conséquences. Un évêque irlandais qui avait eu un enfant, refusait de verser à la mère une pension alimentaire et c’est parce que cette mère a engagé un procès que l’affaire se révéla. L’évêque, évidemment, lui avait interdit d’avorter, mais ne s’était pas engagé à financer le fruit de ses péchés. Comme tous les pères fuyards, il s’exila à l’étranger, ici aux Etats-Unis.

Cette histoire, ainsi que l’affaire Lambert, me transforme à mon tour en prescripteur. Je me dis qu’il y a un moyen simple de respecter la morale. Que les conseilleurs deviennent les payeurs. Par exemple, Mgr Aillet qui mène campagne contre l’IVG, pourrait décider de prendre soin du résultat de ses prescriptions, les accueillir dans son évêché, se lever la nuit pour leur donner le biberon, changer les couches, les aider pour les devoirs scolaires. Je suis certain que si les conseillers étaient les payeurs, ils seraient moins péremptoires.

De même dans l’affaire Lambert. Depuis près de dix ans, les parents réclament à un état laïque de maintenir en vie un mort vivant. Ils ont de fortes convictions. Très bien. Pourquoi les faire payer par le budget d’un état laIque ? Pourquoi ne proposent-ils pas de médicaliser une pièce de leur logement et de prendre chez eux leur fils ? Ils paieraient le personnel, les soins, les médicaments… Pourquoi font-ils payer à d’autres le prix de leurs convictions ? J’ai beaucoup de respect pour Mère Thérésa et pour l’abbé Pierre. Ils payaient leurs convictions au prix fort. Ils étaient conseilleurs et payeurs. J’ai moins de respect pour les nobles au Moyen âge qui payaient des domestiques pour marcher à leur place jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle.

lundi 20 mai 2019

je tombe des nues


En réponse à mon dernier message, je reçois  ce rappel : « Maurice, comme plusieurs fois rappelé, cette boucle n'est pas une tribune ni un lieu de débat. A son origine, ce lieu virtuel est réservé au partage de connaissances sur l'Europe, comme une bibliothèque et non un espace de prise de position partisane. Je t'invite à réserver les débats militants à un blog, page FB, Twitter... »



Je tombe des nues. Depuis des mois, je mène campagne pour le vote « Renaissance ». J’organise des réunions sur le nationalisme, sur le Brexit. Vote progressisme contre populisme, progressisme contre nationalisme. Et voilà que le simple rappel de ces positions, le soutien des déclarations d’Hélène Loiseau contre le terrorisme, d’Emmanuel Macron contre Bake Bidea et les Artisans de la Paix sont prises comme « une prise de position partisane ». Je tombe des nues.



J’ai convaincu plusieurs électeurs autour de moi avec cet argument. Au Pays Basque français, la seule force politique critique à l’égard des blanchisseurs de la terreur d’ETA, c’est La République en Marche. Le PS, les partis de droite traditionnels, les insoumis, font tous la queue devant le guichet de la blanchisserie pour de misérables précautions de carrière.



Que des élus éloignent ainsi nos électeurs, sans réaction de la part de La République en Marche Pays Basque est un scandale. Que des élus sacrifient notre alliance avec les forces démocratiques espagnoles en pleine campagne des élections européennes est irresponsable.



Autour de moi on s’étonne. Tu te fais taper sur les doigts parce que tu défends les positions du Président, de la liste Renaissance et de sa tête de liste ? On traite ces idées de « position partisane ». C’est curieux.



Avec ou sans la permission d’autorités locales dont certaines sont complètement dépassées par les conflits partisans, je continuerai à défendre les positions de La République en Marche et de ses candidats.


c'est compliqué mais pas trop


C’est compliqué, mais pas trop



Mardi 14 mai, conférence de presse de Bake Bidea et « Artisans de la Paix », présidée par Michel Veunac, en présence de Jean-René Etchegaray, qui annonce une journée de blanchissage d’ETA le 7 et 8 juin.



Jeudi 16 mai. Arrestation de Josu Ternera, condamné pour l’attentat de Saragosse (11 morts dont cinq enfants.



Le jour même, Bake Bidea et Artisans de la Paix dénoncent cette arrestation comme « inacceptable » et une insulte au processus de paix. Michel Veunac et Jean-René Etchegaray se taisent.



Vendredi 17 mai, le président Macron, en visite au Pays Basque, déclare que la « réconciliation ne vaut pas amnistie ». La personne arrêtée avait a commis des crimes graves » et doit purger sa peine ».



Samedi 18 mai, je prends la responsabilité de faire connaître la déclaration du Président Macron au nom de La République en Marche.



Dimanche 19 mai : Philippe Buono, responsable du comité Biarritz de La République en Marche publie un communiqué où il exprime son « total désaccord » avec cette démarche, qui n’a pas l’approbation du comité Biarritz ni de La République en Marche.



Lundi 20 mai : je renouvelle mon soutien à la déclaration du président Macron. Je rappelle les déclarations de la tête de liste « Renaissance », Helène Loiseau qui dénonce l’indifférence » à l’égard de …la violence aveugle qui s’est exercée chez certains de nos voisins ».



J’appelle les électeurs qui me lisent de voter le 26 mai prochain pour la liste Renaissance et de manifester ainsi leur volonté d’Europe, leur soutien aux déclarations de principe du Président Macron et de la tête de liste Hélène Loiseau.



Ils ne doivent pas se laisser détourner de leur vote par le soutien moutonnier de La République en Marche Pays Basque au blanchissage du terrorisme d’ETA.


dimanche 19 mai 2019

le président et moi


Le jeudi 16 mai, les gendarmes français ont arrêté Josu Ternera, dirigeant ETA qui fuit la justice depuis seize ans. Josu Ternera avait été condamné pour l’attentat de Saragosse, du 11 décembre 1987, qui avait fait seize morts dont cinq enfants.



Interrogé sur cette arrestation, le président Macron a déclaré que réconciliation ne signifiait pas amnistie. Les crimes devaient être punis et si nécessaire, les demandes du gouvernement espagnol d’extradition devaient être satisfaites.



Le président répondait ainsi à Bake bidea et aux Artisans de la Paix déclaraient que cette arrestation était inacceptable et une « insulte ».



Je prévoyais d’envoyer la déclaration du Président Macron aux conseillers de Biarritz, ville dont le maire avait présidé une réunion de Bake Bidea et « Artisans de la Paix ». Entre temps, Philippe Buono a envoyé une lettre au président Macron :



« Je rentre d'un long séjour professionnel en Chine, je viens de m'informer de tous les évènements qui se sont déroulés en mon absence, votre visite et vos déclarations sur le Pays Basque ».



Je suis en total désaccord avec vos déclarations qui  n’ont pas mon approbation, ni celle du "Comité En Marche Biarritz" et encore moins celui de La République En marche.



Ceci est votre  point de vue et il n'engage que vous



Si vous rendez vos déclarations publiques, je vous demande de le faire en votre nom personnel et certainement au nom de notre mouvement.

Bien à vous.



Je vais donc envoyer la lettre aux conseillers de Pays Basque en précisant qu’elle n’engage que moi et le président.

voyages


Voyages.

            Avec Pat et Tony, nous avons voyagé et nous voyagerons encore. Mais chaque fois, avec un objectif précis. Surtout ne nous parlez pas de vacances. Des vacances… le mot signifie le vide, la mort. Ils sont venus à Biarritz pour participer à une réunion où une quinzaine de personnes ont discuté avec eux du Brexit, de l’Europe, du vote du 26 mai. La veille,  ils avaient assisté à un face à face avec les blanchisseurs des crimes d’ETA. Une bonne leçon de français, avec répétition pour bien apprendre les phrases simples. « Vous n’avez pas le droit d’entrer, vous n’êtes pas journaliste ». « Je viens poser des questions au nom des victimes ». Vous n’avez pas le droit d’entrer. « Vous censurez les victimes. Vous les enterrez une deuxième fois. Vous êtes des censeurs et des fossoyeurs. » Répétez. Pat prenait des photos.

Voilà. C’est comme ça qu’on voyage sans être en vacances. Ainsi nous avons voyagé dans les Midlands pour visiter les musées de la révolution industrielle. Nous avons navigué sur le canal de Charente pour apprendre le maniement des écluses. Nous avons mesuré le vent des Orcades, analysé le whisky écossais à Edimbourg, retenu des salles pour un colloque à Manchester, pressé les Britanniques contre notre sein pour qu’ils votent contre le Brexit. Des vacances ? Jamais. Chaque fois que nous croisions un groupe de touristes en train de photographier un coucher de soleil, nous échangions des regards entendus. Plutôt creuser un canal en Sibérie que de piétiner devant la Joconde.

Nous nous reposions au retour, reprenions des forces pour une prochaine expédition.

Partir sans prendre de vacances devient un exercice ardu. En effet, une partie des voyageurs partage nos préoccupations et demandent aux agences de voyage des itinéraires personnalisés d’où le mot vacances sera interdit. Certains vont planter des arbres en Amazonie, apprendre le quechua dans les montagnes du Pérou, emporter des cahiers et des crayons au Venezuela. A mesure que ces pratiques se généralisent, il devient de plus en plus difficile de s’éloigner du foyer sans qu’au retour la question cinglante vous insulte : alors, c’était comment vos vacances ? ». Des personnes qui se prétendent mes amis me demandent si je passe de bonnes vacances à Biarritz alors que je vis ici depuis la nuit des temps. Et que mes nombreuses activités dans cette belle ville côtière sont souvent agréables certes, n’ont rien à voir avec des vacances. La preuve, c’est que souvent des touristes me demandent le chemin jusqu’au Halles, ce qui prouve bien qu’ils m’accordent le statut d’autochtone. Mais vous voyez la difficulté : même en restant chez soi, on a un peu de mal à ne pas être en vacances, alors imaginez sur le quai d’une gare avec une valise à roulettes…

Après de longues discussions et plusieurs idées pour partir en non-vacances, nous avons finalement trouvé. Nous irons à Lublin, en Pologne, là où j’ai abandonné ma famille en 1938. Personne ne se risquera à dire que ce seront des vacances.

mercredi 15 mai 2019

si j'étais resté couché


Vous voyez la scène. Vous l’imaginez. Je sais ce que beaucoup pensent. Nous ne sommes pas très nombreux. Mais prenez les choses à l’envers. Imaginez que ces pas très nombreux soient restés devant la cafetière, ou sur une terrasse à lire un journal. Ou encore qu’une gastrite les aient cloués au lit. Bref, pour des raisons diverses, ces pas nombreux n’auraient pas protesté contre la sculpture de la hache, n’aient pas posé de question nulle part, n’aient pas levé la main, imaginez le paysage sans ces pas nombreux. Imaginez la désespérante unanimité d’un ciel tout de drapeau basque revêtu, sans une éclaircie. Tous ensembles derrière les héritiers de l’ETA.

Vous imaginez l’ennui, la désolation ? Le notaire ouvre le testament : l’ETA défunte a distribué ses oripeaux : je lègue mes armes à Jean-René Etchegaray, je lègue mes camarades prisonniers à Txetx, je lègue mes bombes incendiaires à Vincent Bru, je lègue ma hache à Max Brisson. Et tous les présents auraient pris leur part de l’héritage respectueusement. Au nom de la société basque française toute entière, ils auraient remercié ETA pour sa générosité. Il suffit qu’un héritier refuse l’héritage, un seul, qu’un héritier se lève furieux et crie, je n’en veux pas de vos armes, de vos bombes, de vos prisonniers, je veux qu’ETA disparaisse en silence, en demandant pardon de m’avoir terrifié, moi, mes enfants, mes voisins, pendant toute une génération. Fichez-moi la paix. Et cela suffirait pour que la sinistre acceptation soit révélée pour ce qu’elle est : un acte de faiblesse pour les uns, un acte de complicité pour les autres.

Devant le casino Bellevue, des garde-chiourmes gardent la porte. Ils empêchent les victimes et leur famille de poser des questions. Ils me disent que Fernando Aramburu est un mauvais écrivain, d’ailleurs, il a passé la majeure partie de sa vie en dehors du Pays Basque. Bernardo Ayxaga aussi était un traître à son pays. Les fous de la nation en Irlande parlaient ainsi de leurs écrivains majeurs, W.B.Yeats, Synge, O’Casey, James Joyce, des traitres à la nation. Et j’entends les mêmes mots dans la bouche des censeurs qui gardent la porte, qui enchaînent le Pays Basque, qui veulent le purifier ethniquement et politiquement.

Comme j’insiste, les blanchisseurs vont chercher leur arme de dissuasion massive : le maire de la ville. Michel Veunac. Il vient me voir me demande ce que je fais là, je n’ai pas le droit, c’est une conférence de presse. Je ne suis pas journaliste. Il regarde mon tee-shirt où se détachent les chiffres 8, 2, 9. Ça fait 829. Il regarde et me dit : je le connais, c’est un extrémiste. Je ne sais pas s’il parle de moi ou du chiffre. Il a entièrement raison. 829, c’est un chiffre extrême. Il n’y aurait eu que trois ou quatre, ce n’eût pas été extrémiste. Mais 829, pour une population de deux millions, ça ferait vingt-cinq mille pour la population française, c’est effectivement un chiffre extrême et ceux qui révèlent ce chiffre ne peuvent être que des extrémistes.

Et comme je répète que je porte la voix des victimes d’ETA, le maire me révèle une nouvelle stupéfiante : le 7 juin prochain, il va recevoir les victimes. Je suis stupéfait. Frappé par la foudre. Par cet acte de courage. Depuis le début de la terreur d’ETA, personne n’allait discuter avec les victimes ou leur famille au Pays Basque espagnol. Personne n’allait participer aux manifestations de Basta ! Et maintenant, Huit ans après l’arrêt des combats, huit années de paix, le maire de Biarritz va recevoir les victimes.

C’est comme si le Général de Gaulle avait lancé son appel de Londres le 18 juin 1945.

mardi 14 mai 2019

e pur si mueve


La conférence de presse des blanchisseurs d’ETA a eu lieu ce matin mardi 14 mai. Je me suis présenté avec des amis avec mes questions. En disant que Covite souhaitait connaître les réponses à mes questions. Les blanchisseurs qui gardaient la porte m’ont empêché d’entrer. La réunion était réservée à la presse. Les journalistes qui sont tombés sous les balles d’ETA n’avaient pas non plus le droit d’entrer. Covite, association de victimes, n’avait pas le droit d’entrer. 


J’ai distribué mes questions aux journalistes présents. Il  y aura peut-être des réponses dans la presse demain matin. 


Nous n’étions pas nombreux. Qu’importe. L’autre avait dit « e pur si mueve ». Moi, je dis

« e pur essi ripuliscono ».

vendredi 10 mai 2019

le bruit du silence


Aux responsables La République en Marche de la campagne des européennes

            L’animateur du comité de Biarritz, reste silencieux sur la réunion sur le Brexit, mercredi prochain, 18.30 librairie Victor Hugo. Un peu d’expérience donne du sens à ce silence. Le texte d’un communiqué où pour la première fois La République en Marche prenait ses distances avec les « artisans de la paix » a été mis sous boisseau. Il fut adopté sous la pression de quelques-uns, puis jeté à la corbeille.

            Donc, cette réunion sur le Brexit, il ne faut pas trop en parler. Déjà que nos responsables se sont fait taper sur les doigts d’avoir soutenu une rencontre avec Barbara Loyer. Pourtant un bon succès. Une cinquantaine de présents. Les participants étaient contents. Enfin on discutait. Mais Barbara Loyer est une militante engagée fortement contre le nationalisme sous toutes ses formes. C’est ennuyeux quand on flirte localement avec toutes les dérives identitaires. Il ne faut pas mettre en danger les alliances municipales sans principe.

            Il ne faut surtout pas discuter. Sur rien. En dehors des articles diffusés par Patrice qui nous font réfléchir, où avons-nous eu une initiative originale ? Sur le nationalisme en Espagne, et sur le Brexit au Royaume-Uni.

Il ne faut discuter de rien. Ce n’est pas paresse, c’est une politique. Surtout pas de débat. Une des raisons de la défaite du « remain » au Royaume-Uni fut le refus des conservateurs et des travaillistes de mener campagne, une campagne d’idées résolues, contre le Brexit. Il y a peut-être des leçons à en tirer pour nos interventions politiques au Pays Basque. Vous vous rendez compte si on se mettait à discuter ainsi dans une réunion de La République en Marche ?

            Sur la langue basque. Vous connaissez  parfaitement la situation. Aux dernières nouvelles, Max Brisson, Vincent Bru et Frédérique Espagnac, font front commun, se mettent ensemble en colère (selon Max Brisson) contre la position républicaine du rectorat et du ministère. Est-ce que Vincent Bru vous a demandé un avis sur la question ?

            La République en Marche a les qualités de ses défauts. Pas de débat, pas de discussion, pas de décision collective. Mais étant une organisation toute neuve, elle permet toutes les initiatives. Je ne m’en suis pas privé dans le passé, sur les artisans de la paix, sur la sculpture de la honte. Sans demander la permission à personne. Pour défendre l’orientation progressisme contre nationalisme qui est terriblement mise à mal par nos élus locaux.

            Dans les deux semaines qui restent, je vais mener bataille pour « Renaissance », contre les dérives identitaires au Pays Basque. Puis je vais engager la bataille pour accueillir le G7. Il m’est parfaitement insupportable que seuls les opposants au G7 se fassent entendre. IL faudra une expression publique de notre soutien.

            Ensuite, il faudra lancer une discussion sur le programme des élections municipales, notamment sur la place du basque dans les écoles. Vous voyez que le calendrier est bien chargé.

            Quand on n’a pas de pétrole, il faut avoir des idées.



            Bien à vous. Maurice.

            Rappel : la réunion sur le Brexit se tiendra mercredi 15 mai, 18.30, à la librairie Victor Hugo.

jeudi 9 mai 2019

expérience unique


Le temps est révolu où l’on pouvait briller en recopiant des citations d’auteurs classiques adaptés à une situation donnée. Par exemple, « longtemps je me suis levé de bonne heure » ou « le petit chat est mort ». Il faut désormais pour se tailler une place dans un monde de brutes montrer le caractère unique de ma petite entreprise.


Ce caractère unique ne saute pas aux yeux. La date de naissance n’est pas un mauvais départ. Elle est malheureusement partagée par des milliers de personnes. Le numéro de sécurité sociale est unique mais ne présente pas d’intérêt majeur. Plus l’âge avance, plus il est argument. Tu te rends compte, il a 86 ans et il marche. Tous les matins, il lit son journal. L’inconvénient de l’âge est qu’il est le résultat paresseux du temps qui passe et que son porteur ne contribue en rien à son exceptionnalité. 


Recherchons donc ce qui est unique. La date de naissance vous accroche une étoile jaune dans Paris occupé. Pas mal. Il n’en reste plus beaucoup et ceux qui restent sont souvent en mauvais état. Ensuite l’euphorie de la libération, l’aventure du communisme, que les aventuriers se rappellent. Puis l’utilisation de cette aventure pour repérer les aventures aussi dangereuses qui se dissimulent sous de nouveaux habits. 


Inconvénient. Ceux qui s’engouffrent dans les nouvelles ornières  n’écoutent pas les anciens. Ils disent qu’un militant brûlé craint l’eau tiède. Ils disent que je fais partie de ces millions de rebelles qui ont vieilli et sont devenus de bons réactionnaires. Pour répondre, il ne faut pas s’enfermer dans des généralités sans issue. Le communisme et le nationalisme ont une histoire et un présent. L’histoire les condamne sans appel, ils ont conduit aux deux systèmes totalitaires de destruction massive des peuples. Les partisans de ces deux conceptions du monde cherchent à se détacher d’une histoire qui leur colle aux doigts. Ils sont tous caractérisés par le refus de l’histoire. Ils pourraient dire : « nous sommes différents ». Non. Ils disent qu’il est mauvais d’étudier l’histoire du communisme et du nationalisme et que passer son temps à visiter les camps nazis et soviétiques, n’est pas bon pour le moral. 


Ils ont aussi un présent. Le nationalisme s’installe, les soviets gouvernent. Si mon passé me permet un regard plus lucide sur la Hongrie, l’Italie et le Venezuela, tant mieux. Je ne vais pas me passer de cette lucidité parce que je craindrais, comme mes adversaires me le répètent, l’eau tiède.

mercredi 8 mai 2019

brexit


Le comité de Biarritz de La République en Marche accueillera la semaine prochaine le mercredi 15 mai deux universitaires britanniques, Pat Hudson et Tony Lane. Pat Hudson est historienne de la révolution industrielle, Tony Lane est marin et sociologue (ouvrages sur Liverpool, et sur les équipages de marine marchande).  Ils vivent actuellement au Pays de Galles et ont milité activement contre le Brexit. Ils tenteront d’éclairer le chaos actuel du Royaume-Uni. Maurice Goldring, professeur émérite à l’Université Paris VIII, spécialiste de l’Irlande, traduira leur exposé et complètera par quelques informations sur le Brexit et l’Irlande du Nord.

Si vous souhaitez vous entretenir avec ces intervenants, veuillez prendre contact par sms au 06 30 72 04 35. Merci. Nombre de places limité.

Mercredi 15 mai 2019 18.30. Librairie Victor Hugo.

lundi 6 mai 2019

mea culpa


Lundi 6 mai 2019

Il suffirait de faire risette. D’accepter. Impossible. Trop tard. Pourquoi est-il possible de prendre retraite de sa vie professionnelle et impossible de prendre retraite de soi-même ? La retraite de soi-même, c’est le suicide. La mort. Mais on ne peut pas à la fois continuer à vivre et prendre retraite de soi-même. La maladie permet toutes les excuses. Je vous demande pardon, je ne peux plus marcher, je ne peux plus penser, je ne peux plus parler. 


Je peux marcher, je peux penser, je peux parler. Donc je marche tous les matins jusqu’à la librairie papèterie presse, je réponds bonjour à tous les bonjours, je dis soleil, je dis pluie, je dis vent. Je regarde les vêtements d’été et ce qu’ils révèlent, je boude les vêtements d’hiver et ce qu’ils cachent. Devant une tasse de café je lis des journaux qui me font penser. Je photographie avec mon téléphone intelligent portable des articles qui alimentent mon bouillonnement permanent contre les crispations identitaires. Puis je les copie sur la toile avec un commentaire approprié qui se diffuse. 


Dans ces conditions, vous comprenez que je suis ou je me sens responsable de tout. Entouré par une majorité de gens qui sont en état de marcher et qui restent sur place, qui sont en état de penser et qui bloquent leurs réseaux nerveux, je pourrais dire : c’est leur faute. Je ne le dis pas, parce que je ne le pense pas. C’est ma faute s’ils restent sur place. 


Il serait tellement facile de dire (et de penser), que c’est leur faute s’ils ne bougent pas, s’ils ne pensent pas, alors qu’ils sont capables de marcher et de penser. Non. C’est ma faute. Je n’arrive pas à les secouer. Tout autour de  moi, des conservateurs, des identitaires, des révoltés de ronds-points, des rase-mottes de la politique, s’agitent, manifestent. Et beaucoup de ceux dont je pouvais espérer qu’ils partagent mes combats et mes aspirations se taisent, restent sur place.


Les affreux qui arrivent au pouvoir, de Trump à Poutine, de Bolsonaro à Salvini ont été élus et continuent de bénéficier d’un appui majoritaire. Ceux qui les ont soutenus ont été plus déterminés que ceux qui partagent mes idées. Mea culpa.


dimanche 5 mai 2019

leur peuple


Ce que nous avons sous nos yeux n’est pas dérèglement, n’est pas égarement, mais réalisation de l’objectif. De quoi est faite la discussion ? Des revendications précises ? Toutes disparaissent peu à peu, englouties dans l’affrontement entre police et manifestants radicalisés. Les blessés se constituent en collectif. Le gouvernement réplique en montrant les policiers agressés. Est-ce que les manifestants voulaient envahir l’hôpital ou s’y réfugier ? Un gendarme claque la gueule d’un gilet jaune, un autre lance un pavé. Des casseurs lynchent un officier de police, mettent le feu à une voiture. Les mots d’ordre revendicatifs ont laissé la place à des slogans. Slogan est un nom gaélique qui signifie cri de guerre. Tout le monde déteste la police, police partout justice nulle part. Bientôt, nous aurons droit à des manifestations pour libérer nos camarades, à des dénonciations de tortures dans les commissariats, à des grèves de la faim pour prisonniers qui veulent être reconnus comme prisonniers politiques. 


Quand la politique était guerre civile, les journaux nationalistes, en Irlande du Nord et au Pays Basque, consacraient l’essentiel de leurs pages à la répression policière, à la justice colonialiste, aux bourreaux, aux juges. Les souffrances des familles qui doivent consacrer leur maigre budget à visiter leurs proches en prison. Les accidents de la route. Les demandes de libération pour raisons de santé. Des objectifs initiaux il ne restait plus que les souffrances des combattants, l’héroïsme des blessés, les chairs mutilés. Dans un coin de la page dix d’An Poblacht, parfois, un article politique. Nous y sommes. 


Pour former un médecin, il faut dix ans. Un enseignant, comptez six à huit ans. Autant d’années pour des magistrats, des juges. Pour construire des logements sociaux, il faut vingt ans. Des psychologues et des formateurs pour jeunes en difficultés, cinq ans. Pour brûler une boutique, trente secondes suffisent.


Contre les injustices, les inégalités, les discriminations, il faut des années d’effort. Devant un avenir laborieux, une partie de la société cherche des solutions rapides. On les appelle des révolutionnaires. Vous vous ennuyez, construisez une cabane sur un rond-point, il y aura une dizaine de morts et quelques mariages. La vie devient excitante. Vous attirez les caméras et les micros. A construire une société plus juste, pas à pas, nuit après nuit, réunions après réunions, vous restez dans l’ombre. A incendier une voiture, vous voilà dans la lumière. 


Sans aucune responsabilité. Sans obligation de résultats. Si un policier vous matraque, vous prenez la scène en  photo, vous notez son matricule. Si des gens meurent dans les ronds-points, personne n’est responsable. 


Il s’agit de démontrer que nous vivons en dictature et que le peuple doit se lever pour la renverser. 


Des intellectuels écrivent des livres pour soutenir ces héros. Des politiques admirent les voitures qui brûlent, encensent le peuple. Des victimes, des faillites, des cendres, ils ne veulent rien savoir. Ils ne connaissent pas Jo Cox, une députée travailliste assassinée lors de sa campagne contre le Brexit.  Assassinée  par leur peuple.

vendredi 3 mai 2019

borroka


Borroka



Calle Boroka. En français, émeute de rue. L’expression était utilisée au Pays Basque espagnol pour désigner des manifestations violentes, mais pas sanglantes. ETA théorisait ces violences en les classant comme « terreur de basse intensité ». Les séparatistes basques y repéraient les manifestants les plus vifs et leur proposaient alors de monter un échelon dans la terreur en s’enrôlant dans ETA. Pour imaginer ce qu’était la borroka, vous regardez les images du feuilleton gilets jaunes le samedi après-midi. Les jeunes séparatistes basques français entretiennent leur flamme en pratiquant ces violences urbaines. Incendie d’une résidence secondaire, destruction d’une agence immobilière, bris de vitrines. 


Si vous demandez à des habitants du Pays Basque français ce qu’est la borroka, ils ouvriront de grands yeux. Sauf les patriotes, qui connaissent leur histoire. Quand un groupe d’organisations opposé au prochain G7 à Paris publie un « abécédaire du Pays Basque » rédigé en vue du prochain sommet, ils l’intitulent « borroka ». Mes amis ne savent pas pourquoi, mais eux ils savent. Ils connaissent leur histoire.

Voici comment le collectif présente le contre-sommet : »un carrefour de l’agitation qui secoue la France ces dernières années » (gilets jaunes), et de l’histoire exaltée d’Euskadi. Dans le livre, il sera question de d’indépendance du territoire, d’insoumission…


Voici ce que nous préparent les opposants au G7. Une « terreur de basse intensité ».

jeudi 2 mai 2019

refuser


KF Philo, Alain Bosser déroule un exposé d’où il ressort que depuis la première explosion de la première étoile et la première rencontre entre deux atomes qui se sont agglutinés, l’histoire du monde et de l’humanité est une série de catastrophes et que désormais le temps nous est compté. Le capitalisme égoïste nous empêche de réagir et de tous vivre comme les zadistes de Notre Dame des Landes. Nous avons écouté sagement, puis au bout d’un long moment de mélancolie pesante, Brigitte m’envoie un message : « ça me donne envie d’aller me jeter d’en haut du rocher de la Vierge ». Brigitte est catholique non pratiquante et quand elle envisage le suicide, c’est évidemment d’en haut du rocher de la Vierge. Je suis athée et je lui dis : « je pense pareil, mais plutôt me jeter dans l’Adour ».

            L’exposé avance et nous approchons de la catastrophe finale d’une planète débarrassée de toutes les espèces animales, dont la nôtre. En écoutant le fil d’une implacable démonstration, mon sang se révolte. Si je ne réagis pas, je suis complice. Tout ce que je pourrai dire dans la discussion ne comptera pas. Je regarde Brigitte. Tu es d’accord ? Elle est d’accord. Nous nous levons ensemble, d’un bel élan philosophique, j’interromps trois secondes la descente aux enfers. Excuse-moi, Alain, de te couper. Mais nous allons de ce pas nous jeter dans l’Adour. Brigitte ajoute « et moi, du haut du rocher de la Vierge ». Et nous sommes partis. Quelques sourires ont accompagné notre sortie. Nous étions fiers. Cette sortie, ce refus d’un catastrophisme annoncé, était un geste philosophique plus éloquent que toutes les discussions. A côté, « ôte-toi de mon soleil » et « pourtant elle tourne » n’étaient que des frivolités.

            Steven Pinker, (Le Triomphe des lumières et La part de l’ange en nous), nous raconte une autre histoire. Ils nous décrivent une humanité toujours plus paisible, moins cruelle, toujours plus éloignée de la cruauté décrite par Hobbes dans le Leviathan. D’autres dénoncent ont dénoncé cette manière de refuser tout progrès (Albert Hirschman, deux siècles de rhétorique réactionnaire »). Dans ce dernier livre, Hirschman montre comment les privilégiés luttaient contre tout progrés, toute réforme, tout avancée sociale, en décrivant longuement comment ces réformes entraînent des conséquences catastrophiques. Ainsi, l’interdiction du travail des enfants dans l’industrie textile allait entraîner des faillites d’entreprise. Autre conséquence : les enfants, ainsi livrés  eux –mêmes, sombreraient dans l’oisiveté et la délinquance. Cette rhétorique est le versant de droite d’une rhétorique « de gauche » pour qui le système ne peut accepter aucun progrès. 

C’est ainsi que j’ai gagné dix euros. Un militant vendait Lutte ouvrière, métro Château rouge. Je m’approche et je lui demande : y-a-t-il eu une seule réforme dans les cinquante dernières années favorable à la classe ouvrière ? Il réfléchit, consulte, discute, puis revient me voir. Non, aucune. Les congés payés, la sécurité sociale, la gratuité scolaire, l’IVG, rien n’existe de tout cela. Brigitte me donne les dix euros. J’ai dit merci au vendeur. Votre discours n’est pas totalement inutile. Il m’a fait gagner dix euros.

Ces exposés funèbres et démobilisateurs sont englués dans une dénonciation du système capitaliste comme le pire de tous les systèmes. Jamais les admirateurs des zadistes ne peuvent imaginer que les comités de quartier à Caracas veillent à éradiquer tous les comportements égoïstes et si la famine s’installe, elle est égale pour tous. Mugabe avait mis fin à la propriété privée et l’un des pays les plus riches d’Afrique a sombré dans la misère. La disparition de la propriété privée des terres en en Ukraine a fait des millions de morts.

C’est dans les systèmes capitalistes que se sont développées les luttes ouvrières les plus fortes, les luttes pour l’égalité des sexes les plus efficaces, pour l’égalité  ethnique les plus actives ; C’est dans les systèmes démocratiques et capitalistes que se sont développés les plus forts mouvements écologiques.

Avec ces idées en tête, nous avons renoncé au suicide. D’autres luttes nous attendent.