vendredi 30 août 2019

plaisir des mots


Parmi les plaisirs de la vie, d’une vie qui quoi qu’on en dise, est désormais bornée par un nombre d’années qui ne dépasse pas les doigts de mes deux mains, le plaisir de la parole. Celle qui partage ma vie n’aime pas que je compte ainsi. Qu’elle se console. Si j’étais manchot, le décompte serait plus funeste. Et si j’avais perdu deux ou trois doigts de la main qui me resterait pour avoir ramassé une grenade dans une manifestation… Or, j’ai toujours deux mains et chacune possède cinq doigts.

Donc le plaisir de la parole. Tous les jours ou presque, je lance dans l’éther informatique des paroles dont certaines provoquent des réactions positives. Ou négatives. Je préfère évidemment les premières. Pour des réunions de personnes rassemblées pour un objectif politique ou intellectuel ou culturel, je  prépare soigneusement mes interventions, politique, intellectuelle ou culturelle. J’imprime ces interventions sur une feuille de papier que je relis plusieurs fois avant le jour J, je corrige, j’ajoute, je retranche, je précise, je nuance. Quand les corrections dépassent un quart du texte, je le retape et je l’imprime à nouveau. Puis vient le jour où je lève la main, je demande la parole, j’apprécie le silence qui s’installe, l’attention qui me soutient, les applaudissements qui suivent parfois. Rarement.

Depuis toujours, j’ai apprécié. Je récitais un poème et dans mes veines coulait un feu allumé par le silence dans la classe. Mieux encore, quand l’instituteur lisait un chapitre d’une rédaction dont le sujet était « racontez vos vacances », des vacances inventées, les meilleures. Puis j’ai essayé les discours politiques dont les premiers consistaient à répéter avec d’autres mots les idées du dirigeant qui nous donnait la ligne et je me suis rendu compte assez vite que la simple répétition provoquait des bâillements cachés derrière la main, alors qu’en répétant les mêmes idées avec d’autres mots, la salle se réveillait. Le danger se cachait dans cette recherche. A force de vouloir répéter les mêmes idées avec d’autres mots, les mots différents changeaient les idées et je devais alors retrouver les mots familiers pour faire mon autocritique.

Vous vous rendez compte qu’à trop attendre des réactions à vos paroles, et à prêter trop d’attention aux mots, en imaginant que les mots seuls peuvent provoquer des réactions, vous perdez le sens de votre intervention. Seuls comptent l’attention soulevée ou le sourire attendu. Vous vouliez parler des replis identitaires, de la violence politique, du nationalisme guerrier et tout s’est englouti dans des chemins de traverse. J’admire ceux qui ne pensent qu’à leur chemin, qu’à leur démonstration, qui tracent ainsi leur sillon sans se soucier de leur effet sur la foule, sans chercher dans la forme du sillon un plaisir adultère.

bonne question


Il faut dire ce qui est. Tout le monde sait parfaitement ce qu’il faut faire. A peu près dans tous les domaines : macroéconomie, finance internationale, écologie, santé, éducation, loisirs. Vous vous mettez face au présentoir d’un marchand de journaux et vous trouvez immanquablement des solutions à tous vos problèmes. Les réponses existent avant même que les questions apparaissent.

Tout le monde connaît les bonnes réponses et telle est la raison d’une mauvaise humeur ambiante. Mettez-vous dans la peau d’un prof qui explique à sa classe que deux et deux font quatre, patiemment, il pose deux bananes sur son bureau, ajoute deux bananes et se tourne vers la classe, triomphalement. Il s’attend à provoquer une forêt de mains levées, m’sieur, m’sieur, deux et deux ça fait quatre. Et il se rend compte alors que pour une partie de la classe, deux et deux ça fait trois, ou cinq. Non seulement une partie des élèves n’accepte pas le résultat, mais certains proposent un référendum pour décider quelle est la meilleure solution. Un QCM, deux et deux, ça fait combien ? Trois réponses possibles, trois, quatre, cinq. Cocher la case qui vous semble la bonne réponse.

Voilà le problème. Les réponses ne sont pas toutes les mêmes, mais chaque porteur de réponse est persuadé que sa réponse est la meilleure. Dans l’exemple donné ci-dessus, essayez de dire au patron que vous avez pris deux fois deux cafés, donc je vous dois trois cafés. Essayez pour voir.

La tentation est alors forte de s’énerver. Parfois, les gestes, les actions les plus spectaculaires, les agressions les plus glaçantes, finissent par remplacer les démonstrations inutiles, puisque vous avez en face de vous une personne qui prétend connaître une réponse plus juste que la vôtre. Devant ces difficultés, les réactions divergent. Certains renoncent, pensent que ça n’en vaut pas la peine. D’autres persistent, répètent leur démonstration, se tapent la tête contre le mur. Galilée, devant la menace du bûcher, s’est incliné devant l’église. Jean Hus, plus courageux, est mort dans d’atroces souffrances pour défendre des vérités que tout le monde a oubliées. Jan Palach, lassé d’expliquer aux soldats russes que l’invasion de la Tchécoslovaquie n’était pas la bonne solution, s’est immolé par le feu, est mort de ses blessures. Vous croyez qu’il a convaincu l’armée soviétique ? 

Personnellement, je fais partie des gens qui disposent de bonnes solutions à de nombreux problèmes, mais je sais que si je les annonce publiquement, elles seront immédiatement réfutées par des ignorants ou par des carriéristes sans scrupule. C’est pourquoi j’évite de les rendre publiques. Je ne les donne que sur demande, vous m’envoyez une enveloppe timbrée et je vous donnerai la réponse. Dès réception, il vous appartiendra de trouver la question qui correspond.

mercredi 28 août 2019

les bouffons


L’association écologiste Bizi dément “catégoriquement” une information parue dans le Canard Enchaîné ce 28 août, selon laquelle elle aurait négocié “l’autorisation officieuse de défiler le dimanche dans Bayonne”. "Nous avons refusé de communiquer sur nos intentions, s'agissant d'une action de désobéissance civile. Nous lui avons demandé de prendre ses responsabilités et indiqué que tous nos militants étaient prêts à se faire arrêter et à assumer les conséquences de leur participation à cette marche non autorisée".

On frémit de crainte et d’admiration. A côté, les manifestants de Soweto dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, les manifestants pour la démocratie à Hong Kong, sont des enfants de chœur.

Un comité anti G7 a organisé un sommet alternatif à Hendaye. Les lieux de ce contre-sommet, le déroulement des manifestations, ont été longuement négociés avec les pouvoir publics et toutes ces journées se sont passées tranquillement, sans heurts, si l’on excepte quelques grenades lacrymogènes et trois ou quatre pavés à Bayonne. Le comité anti-G7 a respecté les règles démocratiques. Rien à voir avec les courageuses actions de « désobéissance civile ».

Bizi avait déjà organisé des actions aussi audacieuses en négociant avec ETA la remise des armes. Nous avons appris plus tard que le ministre de l’intérieur était au courant et a laissé faire. Mais surtout il ne faut pas le dire. Ensuite Bizi vole des portraits du président dans les mairies et des fauteuils dans les banques. Ce flirt avec les actions illégales permet l’arrestation de quelques militants, des manifestations contre la répression et des libations pour leur libération.

            Bizi poursuit la comédie de la remise des armes dans la nuit du Pays Basque. Jamais ils ne négocient. Ils comptent sur la justice d’un état démocratique pour que ces actions restent acceptables.
Vous comprenez maintenant l’indignation de Bizi devant l’article du canard enchaîné. , Au lycée, les élèves facétieux savent jusqu’où ils peuvent aller sans se faire exclure.  L’idée qu’ils négocieraient leurs farces avec le professeur ou avec l’administration les transformerait en bouffons.

mardi 27 août 2019

oh les belles flammes!


Lendemain de fête





Deux remarques.



La première : quand les organisateurs d’une manifestation négocient avec les pouvoirs publics  les lieux et les modalités de leur manifestation, elle se passe sans violence. A Biarritz pour le G7, les casseurs ont été isolés.



La seconde. Il faut avoir de la constance et des convictions pour refuser la violence. Devant les écrans des journaux en continu : des heures et des heures, les caméras ont suivi deux cents ou trois cents manifestants à Bayonne en guettant avec avidité celui qui le premier lance un pavé, avec gros plan sur les canons à eau, sur les masques protecteurs.



Depuis le début du contre G7, en revanche, quelques minutes sur les débats des ateliers à Irun.



Qui est responsable ? Pas les organisateurs du contre G7. Ils ont pris leur distance avec les casseurs et les ont dénoncés avec constance. Pas les organisateurs du G7 et les responsables des forces de l’ordre qui ont réussi à maintenir la tranquillité.



Alors, je ne connais pas la réponse. J’imagine le rédacteur en chef de la chaîne info en continu qui envoie les caméras, qui choisit les images, qui les fait tourner en rond. Il se dit, si je retourne à Irun pour filmer les débats, mes spectateurs vont décrocher dans les trente secondes et le prix de la minute de pub va baisser.



Alors ? Vous et moi, les yeux collés sur les pavés, sur les grenades lacrymogènes, qui s’endorment devant les interminables débats des altermondialistes ?



Il faut simplement en avoir conscience. J’ai suivi pendant des années le conflit nord-irlandais. Sur toutes les chaînes télé, les bombes et les incendies faisaient le spectacle. De magnifiques couleurs sur fond de ciel irlandais. La couleur rouge du sang. Jaune des incendies. Puis les protagonistes ont cessé le feu, se sont mis à discuter. Et les caméras se sont éloignées.

lundi 26 août 2019

monsieur le président


Je profite de la visite d’Emmanuel Macron à Biarritz pour lui remettre cette lettre.





Monsieur le Président



            Je souhaite attirer votre attention sur une situation baroque propre au territoire qui vous accueille aujourd’hui.



            Quand vous allez en Corse, vous invitez la veuve du Préfet Erignac et vous prononcez un discours important contre le terrorisme.



            Quand votre Premier Ministre rencontre le Premier espagnol, ils invitent les associations des victimes d’ETA et se félicitent de la coopération entre la France et l’Espagne qui a vaincu l’organisation terroriste ETA.



            A Biarritz et au Pays Basque, les élus qui se réclament de La République en Marche manifestent aux côtés des anciens terroristes, ils réclament amnistie pour leurs crimes, ils les nomment  « militants politiques ». Ils disent qu’il y a « des victimes des deux côtés ». Ils participent ainsi au blanchissage de la terreur et provoquent colère auprès des associations de victimes, française et espagnoles.



            Je me suis permis un acte audacieux : j’ai distribué le texte du discours d’Edouard Philippe à Madrid. Le référent 64 de La République en Marche a publié un communiqué affirmant que ma position n’est en rien celle de La République en Marche. Je suis en train d’être exclu de votre mouvement pour avoir diffusé et défendu les idées du gouvernement.



            J’ai écrit à la direction de La République en Marche. Pas de réponse. J’ai écrit à l’Elysée. Pas de réponse. Le sujet me semble suffisamment important pour ne pas me décourager et vous informer à nouveau d’une situation préoccupante au Pays Basque français.



            Je vous remercie de votre attention.

impérialisme compassionnel


Nadine Machikou Ndzesop, « La compassion a appauvri l’Afrique ». le monde 17 août 2019.



Il existe  à l’égard de l’Afrique un « impérialisme compassionnel ». Trois moments de cet impérialisme : la colonisation, l’appui au développement et l’ingérence humanitaire. La compassion est un dispositif de pouvoir. Colonisation : Kipling « la fardeau de l’homme blanc : était de sauver le corps et l’esprit noirs. De les civiliser, de les nourrir, de les soigner. L’Afrique s ‘est trouvée enfermée dans un rôle d’éternelle victime. Elle n’existe plus que dans ce regard compatissant. Certains Africains acceptent d’entrer dans cette culture victimaire et l’utilisent par exemple pour expliquer ils n’ont pas de démocratie forte. Par l’humiliation qu’elle suscite chez celui la reçoit, la compassion a appauvri l’Afrique. Leur seule identité est la souffrance. « Or il n’est pas possible de se construire dans la passivité. Il faut opter pour une théorie de l’action. »



Il faut refuser toute compassion impérialiste. Travailler sur la souffrance de nos proches. Nous sommes moins émus par ce qu’il se passe chez nous que par les catastrophes de l’Occident. Des chefs d’état africains sont venus défiler à Paris contre le terrorisme mais que font-ils dans leur pays contre ce fléau ?



Ainsi parle Nadine Machikou Ndzesop.



Cette notion « d’impérialisme compassionnel » peut être élargie. Il a maintenu l’Irlande dans le sous-développement économique, sociétale et  culturel jusqu’au vingtième siècle. Jusqu’aux années 1960 où une conception appelée « révisionniste » de leur histoire a fait réfléchir. Le sous-développement était –il uniquement dû à l’impérialisme britannique ou aussi à la passivité irlandaise ?  Que les Irlandais qui s’enrichissaient allaient investir leur argent à l’étranger, était-ce l’impérialisme ? L’adhésion sans critique à une religion catholique qui redoutait par-dessus tout la modernisation des mœurs et de l’économie, était-ce le résultat de l’impérialisme britannique ?



D’autres exemples d’ « impérialisme compassionnel ». Le terrorisme. Quand il sévit chez nous, en France, dans une société démocratique développée, il provoque des condamnations unanimes. Toutes les forces politiques, tous les intellectuels, les églises, les associations, tous se retrouvent derrière la condamnation. Quand le terrorisme tue en Irlande, en Corse, au Pays Basque, on lui trouve des justifications, on se contorsionne, on manifeste avec les terroristes, on parle de l’impérialisme espagnol et français. C’est le même impérialisme compassionnel, un avatar de mépris colonialiste. Notre société civilisée ne mérite pas le terrorisme. D’autres sociétés sont peut-être moins développée, sont peut-être un petit peu Africaine, sous–développée, et le terrorisme est la marque d’un sous-développement de la démocratie. Ce sont de grands enfants qui jouent avec des allumettes.



D’autres exemples : la langue. La langue basque a été réprimée par l’impérialisme espagnol et l’impérialisme français. L’identité de la langue basque est l’oppression. Pas la culture, l’oppression. Et les élus sont tous saisis par le même « impérialisme compassionnel », il faut l’aider par tous les moyens. Mais l’apprendre, ça c’est une autre histoire. C’est trop difficile trop long, alors que verser des larmes humanitaires à l’égard de la langue basque est le raccourci le plus commode pour montrer leur générosité.


samedi 24 août 2019

zone libre


Je fus, je suis favorable au G7. Je reste favorable au G7. Mais après le temps de la raison, est venue la dure réalité. Est venu le temps où protégé par une canne et des cheveux blancs, je me suis dirigé vers la zone interdite, d’abord la rue Lousteau, puis à gauche vers l’océan, puis à droite le long du Radisson et là vint l’heure de vérité. Deux camions de CRS en quinconce, sur les trottoirs, des gendarmes. Avec ma canne et mes cheveux blancs, je me suis avancé lentement et un gendarme m’a demandé mon pass.  Je lui ai montré mes cheveux blancs, ma canne et une carte d’identité toute neuve. Le gendarme m’a dit pass. J’ai dit baguette, journaux, café, Victor Hugo, il m’a dit pass.



           

Le gendarme dit un pass. Un autre dit laissez-passer, un autre un badge. Dites pass et tous les mots associés. Je dis pass et j’associe. Pass, c’était le papier dont avaient besoin les habitants des townships en Afrique du Sud pour pénétrer dans les quartiers blancs, quand ils étaient femmes de ménage ou jardiniers, pour aller travailler, il leur fallait un pass. D’autres mots se pressent. En Union soviétique, pour pénétrer dans la capitale, il fallait un permis. ¨Pas de permis, pas de d’entrée. Dans les villes de l’après-guerre en France, certains quartiers étaient déclarés off limits, nous lycéens on se poussait du coude, parce qu’on savait que c’étaient des quartiers à filles, des quartiers de prostitution. Ensuite, pendant les quatre jours du G7, on se met à dire, tout naturellement, zone libre, zone occupée. J’habite en zone libre, je n’ai pas besoin de pass pour me promener en zone libre, mais pour pénétrer en zone occupée, il me faut un pass. Un ausweiss.



Quand la capitale reçoit des chefs d’état, les Parisiens n’ont pas l’impression de vivre dans un pays en guerre, avec une zone libre et une zone occupée. A Biarritz, petite ville balnéaire de 25 000 habitants, on parle de bunkers, de zones rouges, de pass. Est-ce la taille de la ville ? Normalement, quand on reçoit des hôtes de marque, c’est une fête. Musique, flonflons, tapis rouge, uniformes de parade. Pourquoi quatre jours de guerre pour ce G7 ? à cause des black blocs ?



Je suis pour un G7 jour de fête, organisé par Jacques Tati ou Jean-Paul Gaultier. Sans pass, sans ausweiss, sans zone rouge. Vous pensez que c’est impossible ?


vendredi 23 août 2019

entracte


Michel Berocoirigoin est intervenu au contre-sommet à Irun. (sud ouest, 22 août 2019) « Le Pays Basque exige de Paris qu’ils soit coconstructeur d’une paix juste, définitive. …Il est las d’agir unilatéralement pour la résolution d’un conflit qui n’a que trop duré. Il parlait comme porte-parole d’une « nation dans l’état » en « manque de paix ». La société civile a déjà obligé un désarmement dont les états français et espagnols ne voulaient pas. Parce que la société civile préfère cette situation à un « confrontation armée qui était le joker pour étouffer les aspirations des peuples ». On ne peut pas parler de processus de paix si des personnes n’ont d’autres perspectives que la prison. Conclusion : une pensée pour les « militants basques » encore incarcérés. Je ne suis pas certain que les altermondialistes aient perçu la subtilité d’une telle démonstration, mais je peux traduire.



Nous sommes en guerre. Nous vivons dans une « nation dans l’état », curieuse formule, qui est en manque de paix. Les états français et espagnols ne voulaient pas du désarmement. La société civile (en guerre) a obligé un désarmement. Tant qu’il y a des militants en prison, la nation dans l’état n’est pas en paix.



Les militants basques dont parle Michel Berocoirigoin sont des etarras condamnés pour activités terroristes en bande armée. M.B. a une pensée pour eux et comme il a une pensée limitée, il ne peut pas avoir en plus une pensée pour leurs 850 victimes. Paris et Madrid pensent que l’organisation terroriste a été vaincue par les efforts de la société civile espagnole et par la coopération des polices françaises et espagnoles, tous ces gens qui ne voulaient pas de désarmement. Grâce aux artisans de la paix, le désarmement a eu lieu. Ils les ont obligés. Quand il y avait la terreur, les artisans de la paix dormaient tranquillement. La terreur a été vaincue et les Artisans de la Paix ont une pensée pour les « militants en prison ».



Le G7 a l’immense avantage de redistribuer les cartes, au moins pendant quatre jours. D’habitude, en temps normal, le discours grotesque de Michel Berocoirigoin est repris fidèlement par nos élus français, Vincent Bru, Michel Veunac, Max Brisson, Jean-René Etchegaray, Frédérique Espagnac. On imagine mal le maire de Biarritz recevoir le président Macron avec les paroles qu’il prononce habituellement aux côtés de Michel Berocoirigoin. Mais dès que le dernier avion aura décollé, dès que Biarritz aura repris son vrai visage, c’est-à-dire celui d’un pays en guerre avec des militants incarcérés, nos glorieux élus reprendront leurs célèbres formules : militants incarcérés, des victimes des deux côtés, Paris et Madrid doivent faire la paix, tout ce galimatias qui rassemble périodiquement les Artisans de la Paix et les élus de la République.



Ne serait-ce que pour cette seule raison, le G7 n’aura pas été inutile. Pendant quatre jours, les marionnettes des Artisans de la Paix sont redevenues élus républicains.

dimanche 18 août 2019

G7 ça bouge


Tous sur la photo



Seul le sénateur Max Brisson s’est exprimé, en réponse à un communiqué de l’Observatoire du Pays Basque : «  en ce qui me concerne, je suis favorable au G7 car je crois au multilatéralisme et suis honoré que le Chef de l’état ait choisi Biarritz pour le tenir ». Voici une déclaration claire, sans détour. Il a renouvelé son appui au G7 en y associant Maider Arosteguy. Dans un article argumenté, sans détour, s’adressant à l’intelligence des citoyens. Bravo !



Ce n’est pas la première fois. Max Brisson a déjà pris ses distances (prudentes, mais réelles), en s’opposant à l’appui insultant pour ses victimes de Bake Bidea pour Josu Ternera.



Les autres restent silencieux. Le jour venu, ils voudront tous être sur la photo, Vincent Bru, Guy Lafite, Michel Veunac, Nathalie Motsch, Guillaume Baruch mais en silence. Comme les mannequins d’un concours de beauté, ils défileront sur l’estrade mais sans dire un mot.



Pourquoi les paroles de Max Brisson et de Maider Arosteguy restent-elles coincées dans leur gorge ? Cherchez, vous trouverez, facilement. Les trois années écoulées, tous ont accompagné, activement ou par un silence complice, les Blanchisseurs de la terreur, Bake Bidea et Artisans de la Paix. Tous ont accepté, activement ou en silence le slogan « les victimes des deux côtés », « et maintenant les prisonniers ». Or, les blanchisseurs se retrouvent tous dans le comité G7 EZ. Quand le rideau retombera, les blanchisseurs resteront au pays et on ne va pas se fâcher avec eux pour trois jours de sommet.



Vous entendez les altermondialistes, les territorialistes, les nationalistes, les indépendantistes, les séparatistes, tous regroupés dans un comité anti G7. Tous les jours ils parlent, ils argumentent, ils démontrent, ils manifestent. Ils parlent en pays conquis.



Une petite minorité parle. Les autres voudront être sur la photo.

urgences


Quand un enfant est malade, rien n’importe plus que sa guérison. Si le propriétaire vend l’appartement que vous occupez comme locataire, rien n’importe plus que de retrouver un logement. Si vous tombez amoureux d’une belle, rien n’importe plus que la réponse de sa main à votre main. Ainsi s’égrène la liste des urgences. Puis vient le temps où les enfants s’inquiètent de votre santé, où rien n’importe plus que de trouver un locataire fiable, où la belle repose sa main dans votre main.



Alors vous pouvez vous préoccuper des choses vraiment importantes. Dans le monde qui est le nôtre, des puissances égoïstes étendent leurs armes, économiques, politiques et militaires. D’autres puissances tentent avec quelque succès de résister à ces intrusions en s’organisant, en se solidarisant. Naturellement, les premières considèrent toute forme d’organisation comme une entrave à leurs ambitions. L’ONU, l’OMC, le FMI, le BIT, l’OMS, l’UNESCO, la COPOL, la communauté européenne, sont autant d’obstacles à leurs égoïsmes. Ils ne cessent de combattre toute velléité d’organisation qui transformerait les faiblesses isolées en force collective. Sans compter ce qui les entrave à l’intérieur de leurs frontières, les mouvements de résistance à leurs régressions.



Encore faut-il que ces mouvements de résistance se fixent des objectifs clairs. La solidarité avec les pays moins développés, la défense des droits des salariés, l’égalité hommes femmes, le respect des minorités, la défense de la démocratie.



Dans les pays qui sont menacés et qui tentent de résister à la vague brune, des forces agissent qui affaiblissent les volontés de s’organiser. Souvent soutenus par les plus puissants du monde, elles sapent l’autorité des institutions fragiles, forcément fragiles, qui visent à la survie de leurs valeurs.



Personne n’est contraint de partager cette analyse. Mais ceux qui la partagent, pourraient se demander avec obstination de quel côté se trouvent les mouvements regroupés dans le caméléon nommé  ‘G7 non ».

dimanche 11 août 2019

toutes les couleurs


J’en vois de toutes les couleurs



            Le G7 divise la ville de Biarritz en zones de différentes couleurs. Une zone rouge interdite à tous ceux qui n’ont pas de passe zone rouge, une zone bleue qui exige un passe bleu et une zone jaune qui exige un passe jaune. Ceux qui habitent en dehors de ces zones pourront se déplacer sans passe, ou alors un passe rose ou bleu ciel.



            Sauf que cette organisation chromatique néglige les daltoniens. Un daltonien ne voit pas les couleurs ou mal. Je suis daltonien. Je ne sais pas dans quelle zone j’habite, quelle zone m’est interdite, quelle couleur m’est permise. Je ne sais pas quel passe je dois demander pour accéder à telle couleur permise ou interdite. Les cartes que publie tous les jours Sud-Ouest ne me sont d’aucune aide, car elles sont pour moi illisibles. J’ai demandé à la mairie la publication d’une carte en braille, afin que je puisse déterminer, avec l’aide d’un voisin malvoyant, les zones où je peux ou ne peux pas me déplacer pendant le G7. J’attends la réponse.



            La plupart des Biarrots autour de moi déplorent leur manque de passe ou se réjouissent d’un passe libérateur. Je ne peux participer ni aux pleurs ni aux célébrations. Je ne sais pas si je suis inclus ou exclus et cette exclusion de l’inclusion, ou cette inclusion dans l’exclusion est la pire des souffrances. Les minorités qui sont discriminées savent pourquoi. Mais être discriminé sans savoir pourquoi peut rendre fou. Ni mes origines ethniques, ni ma couleur de peau, ni ma religion, ni mon orientation sexuelle ne peut expliquer le vide où je déambule.



            Je lance un appel à mes frères et sœurs dyschromatopsiques. Seuls, nous sommes impuissants. Unis, rien ne nous résistera. Si tous les daltoniens du monde voulaient bien de donner les yeux, aucune zone ne leur résistera.

jeudi 8 août 2019

J'ai sept amours


J’ai sept amours



A mesure que s’approchent les dates du G7, les discussions montent en puissance et les sujets sont d’une haute tenue. Dans les cafés, les magasins, sur les terrasses et sur les réseaux sociaux, chacun pose les grandes questions de notre temps. Les grandes puissances de ce monde vont-elles réussir à rétablir des relations avec l’Iran et les pétroliers naviguer dans le détroit d’Ormuz sans danger ? Les Etats-Unis et la Chine vont-ils retrouver le chemin des négociations commerciales et renoncer à l’autodestruction mutuelle ? L’Inde va-t-elle négocier avec le Pakistan ? La Chine va-t-elle abandonner ses menaces à l’égard de Hong-Kong ?



De méchants esprits entendent bruisser d’autres sujets : comment vider le sac poubelle si vous habitez une zone rouge ? Comment acheter la baguette de pain si la boulangerie est en zone bleue ? Où garer la voiture si le parking ferme ? Est-ce que je dois protéger la vitrine de mon magasin ? Si le chiffre d’affaires baisse, l’Etat va-t-il compenser mes pertes ? L’infirmière pourra-t-elle parvenir jusqu’à mon domicile pour refaire mon pansement ?



Ces nuisances sont utilisées par les altermondialistes, ceux qui disent non au G7, qui auraient refusé la rencontre au sommet s’ils en avaient eu le pouvoir, ceux qui affirment que les dirigeants élus ne représentent pas les peuples, ceux qui déplorent toutes les tentatives de s’organiser au plan mondial, pour la sécurité, pour l’environnement, pour l’Europe, ceux-là sont dans leur logique du chaos : que toutes les organisations internationales cessent de fonctionner, détruire l’Europe, condamner l’ONU, le FMI, l’OMC et que l’on retourne aux mondes régis par la loi du plus fort. Dans leur entreprise de destruction, ils sont bien entendu soutenus par les plus forts : Chine, Etats-Unis, Russie, qui veulent régner, piller, exploiter le monde sans aucune règle et sans aucune retenue.



Qu’est-ce qui nous empêche, nous, habitants de Biarritz, la ville qui reçoit le G7, de nous hisser à la hauteur des enjeux de notre temps ?

samedi 3 août 2019

alliance étouffante


Il n’est pas interdit d’avoir de l’ambition pour notre ville. Il n’est pas interdit de déplorer la faiblesse du débat politique au Pays Basque français. Pourquoi ? Les habitants, les élus de Biarritz ont les mêmes neurones, les mêmes formations, ont suivi les mêmes écoles, ils réfléchissent, ils débattent, ils sont cultivés. Pourquoi ce niveau de culture ne se reflète-t-il pas dans le débat politique ?



Les élections européennes ont révélé ce vide terrifiant. Pratiquement pas de réunion publique, le débat se limitait aux écrans. Avez-vous entendu un seul élu, un seul, donner un avis, lancer une invitation, conseiller un vote, pour cette élection ? Personne. A Part EH Baï qui conseillait l’abstention.



Suggérons une raison à cette désertification idéologique. Les alliances entre les partis traditionnels et les courants identitaires paralysent la réflexion politique sur les sujets politiques les plus importants. Le ralliement des élus, des partis politiques sur notre territoire, aux revendications identitaires et nationalistes, notamment sur la question du territoire (ethnique), de la langue (marqueur d’identité) et des prisonniers basques (blanchissage), leur ligote les mains et les esprits et les empêche de penser. Politiquement, c’est une catastrophe. Un vide qui nous empêche de respirer.



Comment voulez-vous que ces rassemblements autour des prisonniers jugés et condamnés pour activités terroristes permettent une réflexion sur l’Europe dont l’un des valeurs fondamentales est la lutte contre toutes les atteintes à la démocratie ? Le silence sur les élections européennes était inscrit dans les grandes déclarations des « artisans de la paix » qui dénonçaient la coopération des gouvernements français et espagnols dans la lutte antiterroriste. Le silence sur le G7, la défense politique et idéologique d’un tel sommet, est inscrit dans les silences des élus devant le courant abertzale qui dénonce en permanence les politiques européennes.



 Ainsi sur le logement, un problème majeur. On peut dire et répéter que le Pays Basque est « colonisé » par les touristes « étrangers ». On esquive alors la réalité : ce sont d’abord les habitants d’ici qui vendent, qui achètent, qui louent, qui sous-louent. S’il y a colonialisme, c’est d’abord un colonialisme basque. L’autonomie ou l’indépendance ne contribuera en rien à trouver une solution.



Sur la langue : si le recul du basque est le résultat de l’impérialisme jacobin centralisateur, alors, la bataille pour la langue consiste à réclamer à l’état, à créer des structures administratives. Et certainement pas à créer un désir et un plaisir d’apprendre. D’ailleurs, qui parmi les élus de notre ville, si ardent à défendre le basque, fait l’effort de l’apprendre ? De promouvoir sa littérature ?



Le résultat est connu : les débats municipaux  seront nettoyés de tous les sujets qui fâchent. La présence du maire dans les manifestations « pour les victimes des ceux côtés » n’est pas un sujet municipal. La question de la langue n’est pas un sujet municipal. Ou plutôt : l’aide au développement du basque est un fait de nature qui ne souffre aucun débat. Et ainsi de suite. Logement, culture, il ne faut surtout pas aborder des sujets qui fâchent. Pendant ce temps, le séparatisme basque marque des points.

vendredi 2 août 2019

pays de Galles


Elections partielles au Pays de Galles, 01/07/2019)



Le candidat sortant, conservateur a été battu par la candidate Libérale-démocrate, pro-européenne, (13 800 voix contre 12 000). Le candidat du Brexit : 3000 voix. Le parti travailliste s’effondre (1300).



Aux informations ce matin, en temps passé, les agriculteurs en colère qui agressent les permanences des élus de la République, sont beaucoup plus importants que ces résultats d’une élection partielle, premier test pour le nouveau Premier ministre Boris Johnson.