samedi 24 août 2019

zone libre


Je fus, je suis favorable au G7. Je reste favorable au G7. Mais après le temps de la raison, est venue la dure réalité. Est venu le temps où protégé par une canne et des cheveux blancs, je me suis dirigé vers la zone interdite, d’abord la rue Lousteau, puis à gauche vers l’océan, puis à droite le long du Radisson et là vint l’heure de vérité. Deux camions de CRS en quinconce, sur les trottoirs, des gendarmes. Avec ma canne et mes cheveux blancs, je me suis avancé lentement et un gendarme m’a demandé mon pass.  Je lui ai montré mes cheveux blancs, ma canne et une carte d’identité toute neuve. Le gendarme m’a dit pass. J’ai dit baguette, journaux, café, Victor Hugo, il m’a dit pass.



           

Le gendarme dit un pass. Un autre dit laissez-passer, un autre un badge. Dites pass et tous les mots associés. Je dis pass et j’associe. Pass, c’était le papier dont avaient besoin les habitants des townships en Afrique du Sud pour pénétrer dans les quartiers blancs, quand ils étaient femmes de ménage ou jardiniers, pour aller travailler, il leur fallait un pass. D’autres mots se pressent. En Union soviétique, pour pénétrer dans la capitale, il fallait un permis. ¨Pas de permis, pas de d’entrée. Dans les villes de l’après-guerre en France, certains quartiers étaient déclarés off limits, nous lycéens on se poussait du coude, parce qu’on savait que c’étaient des quartiers à filles, des quartiers de prostitution. Ensuite, pendant les quatre jours du G7, on se met à dire, tout naturellement, zone libre, zone occupée. J’habite en zone libre, je n’ai pas besoin de pass pour me promener en zone libre, mais pour pénétrer en zone occupée, il me faut un pass. Un ausweiss.



Quand la capitale reçoit des chefs d’état, les Parisiens n’ont pas l’impression de vivre dans un pays en guerre, avec une zone libre et une zone occupée. A Biarritz, petite ville balnéaire de 25 000 habitants, on parle de bunkers, de zones rouges, de pass. Est-ce la taille de la ville ? Normalement, quand on reçoit des hôtes de marque, c’est une fête. Musique, flonflons, tapis rouge, uniformes de parade. Pourquoi quatre jours de guerre pour ce G7 ? à cause des black blocs ?



Je suis pour un G7 jour de fête, organisé par Jacques Tati ou Jean-Paul Gaultier. Sans pass, sans ausweiss, sans zone rouge. Vous pensez que c’est impossible ?


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