après avoir donné de mauvais exemples, voici venir l'âge des bons conseils.
mercredi 30 mai 2012
confiance
Impôts, plafond, les grands patrons vont partir, s'expatrier, quitter le pays, dit la droite. Contrairement à la droite, la gauche n'insulte pas les dirigeants d'entreprise, elle ne les calomnie pas, elle ne les méprise pas. Elle leur fait confiance. Leur patriotisme n'est pas fonction de leurs revenus.
mardi 29 mai 2012
rituel
J'ai vu hier à la télé, France 2, entretenu par David Pujadas, le président élu parler simplement. Je me demande comment il pourra tenir. Parce que nous avons tous besoin de rituel, d'ors, de guirlandes, de carnavals, de paillettes. Aucune revue n'est consacrée à la simplicité, à la normalité. Aucune église n'échappe à son rite. Aucun campagne électorale n'a pas sa musique, ses drapeaux. Il faut bien comprendre la difficulté. Pour se faire élire, il fallait des grands rassemblements festifs, des drapeaux agités devant les caméras, des musiques d'ambiance, des mouvements de foule, et le candidat arrivait, entouré, fêté, chanté. La fête grandiose pour se faire élire. Mais pour gouverner, il ne faudrait plus faire la fête. Plus de rassemblements festifs, plus de mouvements de foule? Un sobre entretien à la télé, même pas précédé d'une Marseillaise, même pas encadré par le drapeau français et européen. Même pas entouré par une cour. Comment apprend on à célébrer le simple, le modeste, le raisonnement plutôt que le sophisme, l'argument plutôt que le slogan? Je n'en sais fichtre rien.
vendredi 25 mai 2012
réseau
Trois jours dans un gîte rural, sans télévision, sans radio, sans journaux. et le téléphone ne passe pas, il manque des relais. Une île déserte n'eût pas été plus déserte.
L'homme est un réseau, le plus faible de la nature, mais un réseau pensant.
L'homme est un réseau, le plus faible de la nature, mais un réseau pensant.
jeudi 17 mai 2012
chronique alter ego
Chronique alter EGO juin 2012.
Les
périodes de campagne électorale sont précieuses : les citoyens et plus
largement tous ceux qui habitent le territoire national, même s’ils n’ont pas
le droit de vote, même s’ils ne votent pas, même s’ils disent ne pas s’intéresser,
sont pris dans le maelstrom démocratique. En période « normale »,
celui qui ne vote pas ne dit pas qu’il ne vote pas, puisqu’il n’y a pas de
vote. En période électorale, tout le monde prend position, même en ne prenant
pas position. C’est un grand bonheur d’avoir le sentiment plus ou moins
légitime de participer aux grandes décisions collectives, même en ne faisant
rien. En période électorale, on compte aussi ceux qui ne font rien, qui n’ont
pas d’opinion, qui se fichent de tout et deviennent dans cette comptabilité un
acteur des choix politiques.
Ceux
qui sont engagés voient leur engagement magnifié pendant ces semaines
fiévreuses. Ils distribuent des tracts, s’envoient des courriels partisans,
vont chercher des informations en Belgique le jour des élections. Le sang coule
plus vite, le cœur bat plus fort, le cristal des écrans plats est plus
transparent.
Puis
vient le lendemain des seconds tours, les joies et les larmes, les succès, les
échecs, la gueule de bois. Il reste devant nous des mois sans élections, sans
passion. Comment maintenir l’engagement citoyen quand il n’y a pas d’élection ?
Chacun
trouvera une réponse à cette question, ou ne se la posera pas. Les activités
qui consistent à aider à trouver la sortie vers le haut à ceux qui traversent
de grandes difficultés font partie de ces activités citoyennes Elles visent à
inscrire les démarches curatives, préventives et répressives dans la reconstruction
d’un lien social. C'est à dire de permettre de vivre une vie plus riche que
celle à laquelle la galère condamne les galériens. De permettre à des gens qui
ne s’intéressent plus à rien à recommencer à s’intéresser à tout. Ces urgences
et ces interventions sont notre bureau de vote à nous, ouvert toute l’année.
mercredi 16 mai 2012
gueule de bois
Et maintenant ?
François
Hollande a gagné. La gauche a gagné. Dès les primaires, je l’avais soutenu, il
m’apparaissait le plus apte à résister aux pressions et aux fascinations de
l’ultra gauche. C’est l’un des facteurs qui lui a permis de gagner. Je savoure.
Nous
avons ensuite célébré la victoire. Place de la Bastille ou chez des
amis, devant l’écran plat qui a remplacé les transistors collés à l’oreille de
ma jeunesse.
Les
militants, pendant la campagne électorale, ont le sentiment de participer
activement à l’action politique. D’être acteurs, artisans du succès. Les
difficultés commencent le lendemain du vote. Après avoir été artisan du succès,
comme se résigner à n’être plus que spectateur ? Comment éviter la gueule
de bois ?
Pendant
dix ans, nous avons été dans l’opposition. Une bonne partie de notre activité
militante était de critiquer le pouvoir en place et il est vrai que ce pouvoir
nous a facilité le travail d’opposition. Trop. Nos muscles sont relâchés. Si nous
avions affronté un pouvoir plus malin, nous aurions été contraints de nous opposer
en proposant. Pendant dix ans, il suffisait de s’opposer pour exister. Le
pouvoir sortant n’a pas seulement abîmé le pays, opposé les catégories, il a
affaibli la gauche en ne respectant même pas son propre camp. Un critique de
théâtre n’apprend pas son métier en fréquentant les scènes de marionnettes.
Aujourd’hui,
il va falloir apprendre à partager les responsabilités gouvernementales,
défendre, justifier. Nous sommes co-responsables, de tout, dans tous les domaines.
C’est la différence entre un militant et le nouveau président de la République. Il
a déclaré qu’il ne voulait pas s’occuper de tout partout. Nous militants de
base, nous sommes obligés de nous occuper de tout, partout. Depuis l’école au
coin de la rue, jusqu’à la patrouille de police en passant par nos soldats en
Afghanistan.
Le
Parti socialiste est une excellente école de formation des futurs élus et
dirigeants. Pour la formation des militants qui ne sont ni
élus ni responsables politiques, mais qui portent toute la politique sur leurs
épaules, tout reste à inventer.
dimanche 13 mai 2012
ça a de la gueule
Jean-Luc
Mélenchon se présente contre Martine Le Pen à Henin-Lietard. Tout le monde se
précipite. Ça a de la gueule, c’est courageux, On en oublierait presque l’enjeu
des législatives.
François
Hollande a été élu président de la République.
Pour mettre en œuvre son programme, il a besoin d’une
majorité à l’Assemblée nationale. Pour relancer l’école, refonder la fiscalité,
faire bouger l’Europe… Son programme, quoi…
Jean-Luc
Mélenchon se présente contre Martine Le Pen. Il aurait pu dire : je me présente pour faire partie de la
majorité présidentielle, pour aider François Hollande à réaliser son programme,
puisque c’est celui qui a été adopté par la majorité des Français. Non, il se
présente en un match mano a mano,
contre Marine Le Pen. L’Ange Blanc défie le Diable Noir. Il aurait pu dire :
je me présente pour le succès d’un
programme de gauche incarné par le nouveau président, moins de monde se serait
précipité peut-être, il y aurait eu moins de caméras.
Le
candidat socialiste Philippe Kemel a Henin-Lietard se présente contre Marine Le
Pen et pour l’application du programme du changement, meilleure garantie contre
le Front national. Personne ne trouve que ça a de la gueule.
samedi 12 mai 2012
cauchemar
Je
devais partir en voyage. Ma valise était prête, dans un hôtel deux ou trois
étoiles. Un enfant non identifié m’attendait chez une de ses tantes, qui
habitait un grand ensemble de la région parisienne. Je règle l’hôtel, je quitte
l’hôtel, je hèle un taxi et donne l’adresse où je dois récupérer cet enfant
pour partir en voyage. Je plonge la main dans ma poche gauche pour récupérer
mon téléphone portable et appeler la tante de l’enfant (est-ce une sœur ou une
belle-sœur ancienne ?). Et je constate, horrifié, l’absence de cet
assistant électronique. Une absence aussi marquante que celle du secrétaire
particulier d’un président important, un secrétaire qui connait tous les
rendez-vous, les tâches, les dossiers urgents et le président arrive dans son
bureau où d’habitude l’attend son secrétaire particulier. La lumière n’est pas allumée.
Personne. Le gardien qui lui a dit bonjour comme d’habitude. Où est S… ? le
gardien n’a pas vu S… C’est la panique. L’absence du portable dans ma poche est
de même nature. Il contenait le code d’accès au bâtiment où habite la tante de
l’enfant, il permettait en m’approchant de l’adresse de téléphone de dire à
cette tante je suis dans un taxi et j’arrive dans deux minutes, le temps qu’il
fallait pour préparer l’enfant avec qui je devais partir en voyage. Je n’ai
plus le code, je ne peux plus prévenir que je suis en train d’arriver, que je
suis dans un taxi dont le GPS indique que nous approchons du but et je me
réveille l’estomac noué.
Je
me réveille. Il fait soleil et quelques nuages. J’ouvre mon téléphone portable
et vérifie qu’il fait soleil avec quelques nuages. La température est de 16
degrés le matin. Je vérifie la température du téléphone au thermomètre accroché
au volet du jardin. Il fait effectivement 16 degrés. Je lève les yeux. Il fait soleil avec quelques nuages. En
sortant dans le jardin, je frissonne. Il doit faire dans les 15 ou 16 degrés.
mercredi 9 mai 2012
le matin du jour d'après
Jeudi 10 mai 2012
Ne demande pas ce que les autres,
mais demande-toi ce que toi. Ainsi tu éviteras d’attendre la sonnerie du
téléphone portable, du téléphone fixe, de la tablette et de l’ordinateur et tu
prendras ces instruments pour des instruments et non pas pour des
multiplicateurs d’attente.
mardi 8 mai 2012
Alain Badiou
Pour
Alain Badiou,(le monde, 7 mai 2012), racisme
et xénophobie ne sont pas issus de la « France d’en bas », mais plutôt
des responsables politiques de gauche et de droite, avec l’appui des
intellectuels. Dans une hallucinante démonstration, il dénonce un ministre
socialiste qui aurait limité le regroupement familial, un autre qui a dénoncé l’influence des
islamistes sur les grévistes de Renault (il s’agissait des grévistes de Peugeot,
mais peu importe) un autre pour qui le Front national posait de vraies questions.
Tous les gouvernements de gauche depuis Mitterrand ont mené la même politique
que la droite et François Hollande va mener la même politique que Claude
Guéant. Il mènera une lutte sans merci
contre les ouvriers sans papier et les mineurs récidivistes. Avec l’appui des
intellectuels, de leurs enquêtes, de leurs éditoriaux. « Honte aux intellectuels » qui ont recouvert le vide laissé dans le
peuple par la provisoire éclipse de l’hypothèse communiste du manteau du péril islamiste.
L’outrance
ne se réfute pas. Passons sur le retour espéré du communisme qui n’était pas particulièrement
accueillant pour les migrants du monde ni pour leurs propres migrants internes.
Je souhaite poser une seule question. Pourquoi les circonscriptions de France où
habitent les migrants ont –elles voté massivement pour le candidat socialiste ?
J’habite la Goutte
d'Or, et régulièrement, élection après élection, la gauche socialiste est
reconduite avec l’appui des trois quarts des électeurs. Curieux. Ils subiraient
le racisme la xénophobie, les insultes, de la part des gouvernements de gauche
et depuis trente ans, ils continuent de voter pour eux. Et non seulement ils
votent pour eux, mais ils vont manifester place de la Bastille quand leur
candidat est élu, et ils manifestent bruyamment leur joie dans les cafés de
leur quartier. Je ne vois qu’une explication à cette aberration. Ils n’ont pas
lu Alain Badiou.
Maurice Goldring, (auteur de La Goutte d'Or, quartier de France, éditions
Autrement)
lundi 7 mai 2012
lendemain
Lendemain de fête. Beaucoup de surfeurs à Biarritz, ils ne
sont pas tous partis pratiquer sur le Lac Léman.
Hier, dans le TGV, tout le monde
est au courant du résultat des élections présidentielles. Ils ont tous des
portables et ils savent que la gauche a gagné, que François Hollande est lr prochain
président, mais dans le wagon rien ne se passe, aucun fremissement. Comme s’il
ne s’était rien passé. Pourquoi ? parce qu’on ne se connaît pas, parce qu’
on a peur de briser la paix ferroviaire. Tout le monde sait et tout le monde se tait alors que déjà se démontent les
estrades Place de la Concorde
et se montent les estrades Place de la Bastille. Pour rire et pour
pleurer, il faut que les gens se connaissent.
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