Et maintenant ?
François
Hollande a gagné. La gauche a gagné. Dès les primaires, je l’avais soutenu, il
m’apparaissait le plus apte à résister aux pressions et aux fascinations de
l’ultra gauche. C’est l’un des facteurs qui lui a permis de gagner. Je savoure.
Nous
avons ensuite célébré la victoire. Place de la Bastille ou chez des
amis, devant l’écran plat qui a remplacé les transistors collés à l’oreille de
ma jeunesse.
Les
militants, pendant la campagne électorale, ont le sentiment de participer
activement à l’action politique. D’être acteurs, artisans du succès. Les
difficultés commencent le lendemain du vote. Après avoir été artisan du succès,
comme se résigner à n’être plus que spectateur ? Comment éviter la gueule
de bois ?
Pendant
dix ans, nous avons été dans l’opposition. Une bonne partie de notre activité
militante était de critiquer le pouvoir en place et il est vrai que ce pouvoir
nous a facilité le travail d’opposition. Trop. Nos muscles sont relâchés. Si nous
avions affronté un pouvoir plus malin, nous aurions été contraints de nous opposer
en proposant. Pendant dix ans, il suffisait de s’opposer pour exister. Le
pouvoir sortant n’a pas seulement abîmé le pays, opposé les catégories, il a
affaibli la gauche en ne respectant même pas son propre camp. Un critique de
théâtre n’apprend pas son métier en fréquentant les scènes de marionnettes.
Aujourd’hui,
il va falloir apprendre à partager les responsabilités gouvernementales,
défendre, justifier. Nous sommes co-responsables, de tout, dans tous les domaines.
C’est la différence entre un militant et le nouveau président de la République. Il
a déclaré qu’il ne voulait pas s’occuper de tout partout. Nous militants de
base, nous sommes obligés de nous occuper de tout, partout. Depuis l’école au
coin de la rue, jusqu’à la patrouille de police en passant par nos soldats en
Afghanistan.
Le
Parti socialiste est une excellente école de formation des futurs élus et
dirigeants. Pour la formation des militants qui ne sont ni
élus ni responsables politiques, mais qui portent toute la politique sur leurs
épaules, tout reste à inventer.
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