lundi 6 mai 2019

mea culpa


Lundi 6 mai 2019

Il suffirait de faire risette. D’accepter. Impossible. Trop tard. Pourquoi est-il possible de prendre retraite de sa vie professionnelle et impossible de prendre retraite de soi-même ? La retraite de soi-même, c’est le suicide. La mort. Mais on ne peut pas à la fois continuer à vivre et prendre retraite de soi-même. La maladie permet toutes les excuses. Je vous demande pardon, je ne peux plus marcher, je ne peux plus penser, je ne peux plus parler. 


Je peux marcher, je peux penser, je peux parler. Donc je marche tous les matins jusqu’à la librairie papèterie presse, je réponds bonjour à tous les bonjours, je dis soleil, je dis pluie, je dis vent. Je regarde les vêtements d’été et ce qu’ils révèlent, je boude les vêtements d’hiver et ce qu’ils cachent. Devant une tasse de café je lis des journaux qui me font penser. Je photographie avec mon téléphone intelligent portable des articles qui alimentent mon bouillonnement permanent contre les crispations identitaires. Puis je les copie sur la toile avec un commentaire approprié qui se diffuse. 


Dans ces conditions, vous comprenez que je suis ou je me sens responsable de tout. Entouré par une majorité de gens qui sont en état de marcher et qui restent sur place, qui sont en état de penser et qui bloquent leurs réseaux nerveux, je pourrais dire : c’est leur faute. Je ne le dis pas, parce que je ne le pense pas. C’est ma faute s’ils restent sur place. 


Il serait tellement facile de dire (et de penser), que c’est leur faute s’ils ne bougent pas, s’ils ne pensent pas, alors qu’ils sont capables de marcher et de penser. Non. C’est ma faute. Je n’arrive pas à les secouer. Tout autour de  moi, des conservateurs, des identitaires, des révoltés de ronds-points, des rase-mottes de la politique, s’agitent, manifestent. Et beaucoup de ceux dont je pouvais espérer qu’ils partagent mes combats et mes aspirations se taisent, restent sur place.


Les affreux qui arrivent au pouvoir, de Trump à Poutine, de Bolsonaro à Salvini ont été élus et continuent de bénéficier d’un appui majoritaire. Ceux qui les ont soutenus ont été plus déterminés que ceux qui partagent mes idées. Mea culpa.


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