Pour une personne qui a passé sa vie à intervenir dans les
débats publics par la parole et par l’écrit, par les usures des semelles plus
rapides que le lustrage des pavés, par les montées des étages pour expliquer à
ceux qui acceptaient d’ouvrir leur porte, par des réunions sans fin du temps où
la cigarette était permise, par des articles et par des livres, par des soirées
entre amis et en famille où mes convictions chassaient les opinions plus
molles, pour cette personne-là, ce qui se rapprochait du bonheur était l’harmonie
entre les aventures individuelles, familiales, enfants parents, clinique d’accouchement
dont la douleur était réduite grâce aux méthodes importées du pays du socialisme
réellement existant, vous vous rendez compte, le bonheur d’une naissance
braillarde d’un petit être destiné à reprendre le flambeau des luttes qui
prouvait par son arrivée que la mère poussait et soufflait et ne hurlait pas
comme dans les temps anciens où le capitalisme torturait les parturientes.
Le bonheur
ou ce qui s’en rapprochait était donc l’harmonie entre votre histoire
individuelle et la situation du monde. Donc, en ce moment précis où je vous
parle, je constate cette harmonie et je suis heureux. Des aortes rétrécies et
la victoire de Donald Trump, un cancer du poumon et le Brexit, une immense
lassitude et le Brésil en décrépitude. Un monde malade et une évolution politique
virale. Tout contribue à tracer un tableau harmonieux, à conduire à l’extase de
l’homogène, au bonheur du même. Sans même parler du monde, parce que si l’on
inclut dans cette réflexion la Chine et la Russie, l’Inde et le Moyen Orient,
il me faudrait ajouter le diabète, le lupus, les plaquettes et la goutte.
La même
harmonie règne en France où chaque intervention du président que j’ai élu
augmente les tourments médicaux, à moins que ce soit l’inverse, c’est pour se
trouver en phase avec mon état général qu’il gazouille avec Philippe de Villiers,
Bigard et Eric Zemmour, qu’il accuse les
universitaires d’être des intellectuels
et les intellectuels d’être des universitaires.
Sans compter
la situation à Biarritz où gauche, écolos, n’ont pas voulu fusionner avec le
centre, ouvrant ainsi la mairie d’une ville plutôt centre gauche à une liste LR
tendance droite de Wauquiez tellement droite que le RN renonce à se présenter,
s’estimant autant représenté que par Rachida Dati à Paris.
Je suis donc
heureux. Mon état de santé correspond à la situation politique, mondiale,
nationale et locale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire