dimanche 14 juin 2020

harmonie


Pour une personne qui a passé sa vie à intervenir dans les débats publics par la parole et par l’écrit, par les usures des semelles plus rapides que le lustrage des pavés, par les montées des étages pour expliquer à ceux qui acceptaient d’ouvrir leur porte, par des réunions sans fin du temps où la cigarette était permise, par des articles et par des livres, par des soirées entre amis et en famille où mes convictions chassaient les opinions plus molles, pour cette personne-là, ce qui se rapprochait du bonheur était l’harmonie entre les aventures individuelles, familiales, enfants parents, clinique d’accouchement dont la douleur était réduite grâce aux méthodes importées du pays du socialisme réellement existant, vous vous rendez compte, le bonheur d’une naissance braillarde d’un petit être destiné à reprendre le flambeau des luttes qui prouvait par son arrivée que la mère poussait et soufflait et ne hurlait pas comme dans les temps anciens où le capitalisme torturait les parturientes.



            Le bonheur ou ce qui s’en rapprochait était donc l’harmonie entre votre histoire individuelle et la situation du monde. Donc, en ce moment précis où je vous parle, je constate cette harmonie et je suis heureux. Des aortes rétrécies et la victoire de Donald Trump, un cancer du poumon et le Brexit, une immense lassitude et le Brésil en décrépitude. Un monde malade et une évolution politique virale. Tout contribue à tracer un tableau harmonieux, à conduire à l’extase de l’homogène, au bonheur du même. Sans même parler du monde, parce que si l’on inclut dans cette réflexion la Chine et la Russie, l’Inde et le Moyen Orient, il me faudrait ajouter le diabète, le lupus, les plaquettes et la goutte.



            La même harmonie règne en France où chaque intervention du président que j’ai élu augmente les tourments médicaux, à moins que ce soit l’inverse, c’est pour se trouver en phase avec mon état général qu’il gazouille avec Philippe de Villiers, Bigard et Eric Zemmour,  qu’il accuse les universitaires  d’être des intellectuels et les intellectuels d’être des universitaires.



            Sans compter la situation à Biarritz où gauche, écolos, n’ont pas voulu fusionner avec le centre, ouvrant ainsi la mairie d’une ville plutôt centre gauche à une liste LR tendance droite de Wauquiez tellement droite que le RN renonce à se présenter, s’estimant autant représenté que par Rachida Dati à Paris.  



            Je suis donc heureux. Mon état de santé correspond à la situation politique, mondiale, nationale et locale.

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