C’est nous les
Dalton.
Non, je ne lâcherai
pas le morceau. Depuis que j’ai appris devant une feuille de pastilles bigarrées
que j’étais atteint de ce handicap, je ne cesse de batailler pour les droits
des daltoniens, systématiquement sous-estimés alors qu’ils affectent la vie
quotidienne d’une manière souvent dramatique.
Prenons les
exemples les plus récents. Depuis que le pays est frappé par un virus dont tout
le monde ignore la couleur, les départements sont colorés en rouge ou jaune ou
vert selon la densité de la bête. Je regarde les départements sans aucune idée
de la dangerosité de l’endroit où je vis. Faut-il mettre un masque ? Un
masque chirurgical ou un masque de carnaval ?
Dans les hôpitaux,
le danger est plus vif. Tout fonctionne selon les couleurs. Maladies du poumon, suivez les lignes rouges, neurologie,
suivez les lignes vertes, obstétriques, lignes jaunes. Pour vous tous, majorité
qui distingue les couleurs, la vie est facile. Mais pour les daltoniens ? Combien
de cancers de la prostate se sont retrouvés en salles d’accouchement ? Combien
de cols du fémur ont-ils subi d’inutiles échographies ? Avez-vous pensé
aux milliers de victimes qui sont dues à la dyschromatopsie ?
Sans compter
les accidents de la route parce qu’au carrefour, un conducteur voit vert et l’autre
voit rouge ? Qui a jamais pensé à vérifier les rétines du capitaine du Titanic ?
Une fois
établi le diagnostic, nécessaire car des individus attirés par le gain s’entraînent
à tricher devant ce que certains prennent pour un jeu : voyez-vous un 8 ou
un zéro ? une bicyclette ou un TGV ? Heureusement, les examens sont
de plus en plus fiables. Une fois établi le diagnostic, je demande que le
daltonisme soit reconnu comme un handicap majeur. De nombreuses professions
sont interdites aux dyschromopates : conducteurs de trains, pilotes,
artificiers, peintres de Chapelle Sixtine, maquilleuses…
Comme la maladie est héréditaire, la
pension d’invalidité serait versée dès la conception du futur daltonien.
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