dimanche 10 mai 2020

mon objectif


Être en vie c’est mobiliser toutes vos facultés pour atteindre un objectif  que vous pouvez atteindre et vous seul. Si vous n’avez pas d’objectif, être en vie, c’est être mort, puisque sans objectif, la mobilisation de toutes vos facultés pour rien, est l’une des définitions de la mort.



            Personne ne dispose du droit d’introduire une hiérarchie dans ces objectifs. Ce peut-être un objectif professionnel, artistique, affectif, politique, élever des enfants ou découvrir la loi de la pesanteur. Mais objectif il faut, sans les classer en ordre d’importance, car c’est au porteur de l’objectif de déterminer son importance.



            Élever un être humain, c’est lui apprendre à distinguer parmi les myriades d’objectifs qui s’offrent à lui celui qui lui sera propre. L’objectif de l’éducation est d’apprendre à distinguer l’objectif qui sera l’objectif central. Qu’est-ce que tu fais dans vie ? Je poursuis mon objectif. Vous avez le droit de ne pas apprécier l’objectif choisi, mais si c’est son objectif, il doit le poursuivre sans dévier.



            Passons aux travaux pratiques. J’ai su très vite que je ne serai pas marathonien, ni prix Nobel de chimie. Je vous épargne la liste, sans fin, de ce que chacun d’entre nous apprend assez vite à ne pas se fixer comme objectif. Je me suis fixé un double objectif. J’ai appris assez vite que les mots pouvaient détruire ou construire, tuer ou faire naître. D’autre part, j’ai très vite été attiré par des théories qui visaient à transformer le monde. Ces théories étaient tissées de mots, d’actions spectaculaires, de sacrifices, de séductions, de renonciations. À force de chercher, à préciser mon objectif, à le peaufiner, à en nourrir mes rêves et mes cauchemars, j’ai trouvé : mon objectif est de mourir sur une barricade ou équivalent en prononçant des paroles historiques. Par exemple, « nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », ou bien « je suis tombé par terre, c’est la faute  à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau ».



            Se fixer un objectif ne signifie par l’atteindre. Il faut le poursuivre. Entre les mots et les actions, les rencontres sont rares. J’ai crié « tous au Palais d’Hiver », mais c’était l’été. Je détruisais les barricades quand d’autres en construisaient. J’ai enterré Staline et Maurice Thorez, usé mes semelles entre Bastille et Nation. J’ai écrit des articles et des livres qui disaient une chose et son contraire. J’ai failli me faire lyncher parce que trouvais que Margaret Thatcher avait raison de ne pas céder aux grévistes de la faim. Enfin, je me trouve confiné dans une ville touristique de 25 000 habitants où les objectifs des uns et des autres semblent engloutis dans le bal des égos.



            Est-ce que je vais renoncer pour autant à mes objectifs ? Sans objectif je suis mort. Je dois adapter mes objectifs à la dure réalité. Biarritz est une ville assez bourgeoise qui a su résister, jusqu’ici, aux pressions identitaires si fortes au Pays Basque, et aux courants extrémistes de droite qui ont un temps gouverné la ville. Et voici qu’une liste LR est conduite par une candidate plus à droite que Wauquiez, plus extrême que Ciotti, une candidate qui flirte ouvertement avec les thèses du RN. Je me suis à plusieurs reprises attaqué à cette candidate (Maïder Arosteguy), qui s’est sentie offensée et a déposé main courante au commissariat. Si vous avez retenu mes principaux objectifs, vous aurez compris que plus elle me menaçait, plus je m’approchais des objectifs que je m’étais peu à peu construit.



            Donc, mon objectif actuel est simple : empêcher Biarritz de basculer à droite extrême, à rejoindre la liste des Béziers, Fréjus et compagnie. Que la gauche réformiste et la droite républicaine modérée sachent s’unir pour éviter que soit hissée l’oriflamme patriote sur la mairie de la ville. Cette alliance républicaine ne se construit pas au dernier moment. Elle se construit aujourd’hui.



            Il n’est pas trop tard. Il n’est jamais trop tard. Ce que je n’ai jamais réussi à obtenir pendant ma vie militante, active et intellectuelle, je ne vais peut-être l’obtenir dans mon combat contre une droite extrême dont la tête de liste se congratule parce que des amis entrepreneurs n’ont pas construit des camps de concentration.









Je suis tombé par terre

C’est la faute à Maider.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire