Être en vie c’est mobiliser toutes vos facultés pour
atteindre un objectif que vous pouvez
atteindre et vous seul. Si vous n’avez pas d’objectif, être en vie, c’est être
mort, puisque sans objectif, la mobilisation de toutes vos facultés pour rien, est
l’une des définitions de la mort.
Personne ne
dispose du droit d’introduire une hiérarchie dans ces objectifs. Ce peut-être
un objectif professionnel, artistique, affectif, politique, élever des enfants
ou découvrir la loi de la pesanteur. Mais objectif il faut, sans les classer en
ordre d’importance, car c’est au porteur de l’objectif de déterminer son
importance.
Élever un être
humain, c’est lui apprendre à distinguer parmi les myriades d’objectifs qui s’offrent
à lui celui qui lui sera propre. L’objectif de l’éducation est d’apprendre à
distinguer l’objectif qui sera l’objectif central. Qu’est-ce que tu fais dans
vie ? Je poursuis mon objectif. Vous avez le droit de ne pas apprécier l’objectif
choisi, mais si c’est son objectif, il doit le poursuivre sans dévier.
Passons aux
travaux pratiques. J’ai su très vite que je ne serai pas marathonien, ni prix Nobel
de chimie. Je vous épargne la liste, sans fin, de ce que chacun d’entre nous
apprend assez vite à ne pas se fixer comme objectif. Je me suis fixé un double
objectif. J’ai appris assez vite que les mots pouvaient détruire ou construire,
tuer ou faire naître. D’autre part, j’ai très vite été attiré par des théories
qui visaient à transformer le monde. Ces théories étaient tissées de mots, d’actions
spectaculaires, de sacrifices, de séductions, de renonciations. À force de
chercher, à préciser mon objectif, à le peaufiner, à en nourrir mes rêves et
mes cauchemars, j’ai trouvé : mon objectif est de mourir sur une barricade
ou équivalent en prononçant des paroles historiques. Par exemple, « nous
sommes ici par la volonté du peuple, nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes »,
ou bien « je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la
faute à Rousseau ».
Se fixer un
objectif ne signifie par l’atteindre. Il faut le poursuivre. Entre les mots et
les actions, les rencontres sont rares. J’ai crié « tous au Palais d’Hiver »,
mais c’était l’été. Je détruisais les barricades quand d’autres en
construisaient. J’ai enterré Staline et Maurice Thorez, usé mes semelles entre Bastille
et Nation. J’ai écrit des articles et des livres qui disaient une chose et son
contraire. J’ai failli me faire lyncher parce que trouvais que Margaret Thatcher
avait raison de ne pas céder aux grévistes de la faim. Enfin, je me trouve
confiné dans une ville touristique de 25 000 habitants où les objectifs
des uns et des autres semblent engloutis dans le bal des égos.
Est-ce que
je vais renoncer pour autant à mes objectifs ? Sans objectif je suis mort.
Je dois adapter mes objectifs à la dure réalité. Biarritz est une ville assez
bourgeoise qui a su résister, jusqu’ici, aux pressions identitaires si fortes
au Pays Basque, et aux courants extrémistes de droite qui ont un temps gouverné
la ville. Et voici qu’une liste LR est conduite par une candidate plus à droite
que Wauquiez, plus extrême que Ciotti, une candidate qui flirte ouvertement
avec les thèses du RN. Je me suis à plusieurs reprises attaqué à cette
candidate (Maïder Arosteguy), qui s’est sentie offensée et a déposé main
courante au commissariat. Si vous avez retenu mes principaux objectifs, vous
aurez compris que plus elle me menaçait, plus je m’approchais des objectifs que
je m’étais peu à peu construit.
Donc, mon
objectif actuel est simple : empêcher Biarritz de basculer à droite extrême,
à rejoindre la liste des Béziers, Fréjus et compagnie. Que la gauche réformiste
et la droite républicaine modérée sachent s’unir pour éviter que soit hissée l’oriflamme
patriote sur la mairie de la ville. Cette alliance républicaine ne se construit
pas au dernier moment. Elle se construit aujourd’hui.
Il n’est pas
trop tard. Il n’est jamais trop tard. Ce que je n’ai jamais réussi à obtenir
pendant ma vie militante, active et intellectuelle, je ne vais peut-être l’obtenir
dans mon combat contre une droite extrême dont la tête de liste se congratule
parce que des amis entrepreneurs n’ont pas construit des camps de concentration.
Je suis tombé par terre
C’est la faute à Maider.
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