mardi 12 mai 2020

tout ça pour moi


Bonjour les amis. Vous connaissez la nouvelle. Le confinement commence à se déconfiner. Comme un tricot que vous avez tricoté pendant des jours et des jours et tout ce travail pour le détricoter. C’est un grand jour. Pour une partie importante de la population. Les enseignants vont recommencer à enseigner, les écoliers vont recommencer à apprendre. Des adultes reprennent le chemin du bureau ou de l’atelier. Les voyageurs reprennent leur voyage. Des exilés retrouvent le chemin de leur logis dans la grande ville. Ce n’est pas rien. Des millions de remises en mouvement pour ceux qui s’étaient arrêtés. Pour tous ceux-là, le 11 mai est une date importante.



            Mais pour moi, personnellement, qu’est-ce qui change ? Les terrasses des cafés restent fermées. Les voyages familiaux resteront non pas interdits, mais exclus par la prudence plus que par les décrets. Les librairies seront ouvertes et la médiathèque juste entrouverte. Et demain, la cour de récréation retrouvera ses décibels.



            J’ai  pu me rendre dans un magasin FNAC en voiture privée. Devant la pharmacie, pas d’attente sous la pluie battante. Les rumeurs sur les élections municipales vont bon train. Juin ? Septembre ? Je ne sais pas quels sujets importants sont discutés. Ils n’apparaissent pas. Il semble qu’une conseillère municipale responsable des écoles a explosé de colère parce qu’une autre conseillère a distribué des masques alors qu’elle était candidate masquée. Je ne devrais pas me moquer ainsi. La fonction politique est une fonction noble, doublement compliquée avec le confinement qui prend fin. J’aimerais bien vous y voir, vous, sous la pluie battante.



            Parmi les sujets discutés : faut-il ouvrir les plages aux bronzeux ? Il y a accord semble-t-il pour ouvrir les plages aux sportifs : surfeux, marcheux, joggeux. Mais il faudrait les interdire aux bronzeux. Parce que les bronzeux attirent les bronzeux, qui sortent une bouteille, on se rapproche et en un instant, se crée un foyer.



            Vous rendez-vous compte que toute cette fiévreuse discussion n’a qu’un but unique ? Me protéger. Au lieu de dire merci, je me moque. Ce n’est pas bien. En effet, je fais partie de la population la plus fragilisée face au coronavirus. L’âge : bien au-delà de la soixantaine. Avec l’âge,  une bonne partie des maladies qui accompagnent le vieillissement : artères, métastases, poumons. Le tout réuni me transforme en paravirus. Heureusement, la société me protège, vous, toi, ils, nous : et ils discutent tous passionnément pour savoir comment protéger un octogénaire dont les artères se bouchent, les cellules s’enflamment,  le sang se coagule. Pour protéger ce monsieur, faut-il fermer les cinémas, interdire les plages, dissoudre les foyers sur la plage, imposer un masque, se laver les mains dix fois, vingt fois ? Et en plus, je me moquerais des discussions sans fin pour mieux me protéger ? Donc j’arrête. Je ne me moquerai plus.



Merci à vous tous de votre volonté de prolonger une vie déjà si pleine.

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