Bonjour les amis. Vous connaissez la nouvelle. Le confinement
commence à se déconfiner. Comme un tricot que vous avez tricoté pendant des
jours et des jours et tout ce travail pour le détricoter. C’est un grand jour. Pour
une partie importante de la population. Les enseignants vont recommencer à
enseigner, les écoliers vont recommencer à apprendre. Des adultes reprennent le
chemin du bureau ou de l’atelier. Les voyageurs reprennent leur voyage. Des
exilés retrouvent le chemin de leur logis dans la grande ville. Ce n’est pas
rien. Des millions de remises en mouvement pour ceux qui s’étaient arrêtés. Pour
tous ceux-là, le 11 mai est une date importante.
Mais pour
moi, personnellement, qu’est-ce qui change ? Les terrasses des cafés restent
fermées. Les voyages familiaux resteront non pas interdits, mais exclus par la
prudence plus que par les décrets. Les librairies seront ouvertes et la
médiathèque juste entrouverte. Et demain, la cour de récréation retrouvera ses
décibels.
J’ai pu me rendre dans un magasin FNAC en voiture
privée. Devant la pharmacie, pas d’attente sous la pluie battante. Les rumeurs
sur les élections municipales vont bon train. Juin ? Septembre ? Je
ne sais pas quels sujets importants sont discutés. Ils n’apparaissent pas. Il
semble qu’une conseillère municipale responsable des écoles a explosé de colère
parce qu’une autre conseillère a distribué des masques alors qu’elle était
candidate masquée. Je ne devrais pas me moquer ainsi. La fonction politique est
une fonction noble, doublement compliquée avec le confinement qui prend fin. J’aimerais
bien vous y voir, vous, sous la pluie battante.
Parmi les
sujets discutés : faut-il ouvrir les plages aux bronzeux ? Il y a
accord semble-t-il pour ouvrir les plages aux sportifs : surfeux,
marcheux, joggeux. Mais il faudrait les interdire aux bronzeux. Parce que les
bronzeux attirent les bronzeux, qui sortent une bouteille, on se rapproche et
en un instant, se crée un foyer.
Vous
rendez-vous compte que toute cette fiévreuse discussion n’a qu’un but unique ?
Me protéger. Au lieu de dire merci, je me moque. Ce n’est pas bien. En effet,
je fais partie de la population la plus fragilisée face au coronavirus. L’âge :
bien au-delà de la soixantaine. Avec l’âge,
une bonne partie des maladies qui accompagnent le vieillissement :
artères, métastases, poumons. Le tout réuni me transforme en paravirus. Heureusement,
la société me protège, vous, toi, ils, nous : et ils discutent tous
passionnément pour savoir comment protéger un octogénaire dont les artères se
bouchent, les cellules s’enflamment, le
sang se coagule. Pour protéger ce monsieur, faut-il fermer les cinémas,
interdire les plages, dissoudre les foyers sur la plage, imposer un masque, se
laver les mains dix fois, vingt fois ? Et en plus, je me moquerais des
discussions sans fin pour mieux me protéger ? Donc j’arrête. Je ne me
moquerai plus.
Merci à vous tous de votre volonté de
prolonger une vie déjà si pleine.
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