Après la bataille
L'un des arguments utilisés par le Front national dans sa campagne est son éloignement du pouvoir politique. Puisqu'il n'a jamais gouverné, il a le mérite de la nouveauté. Cet argument ne tient pas. Le Front national a déjà gouverné, il gouverne encore et chaque fois, son pouvoir est synonyme de catastrophe économique, politique et sociale.
J'appelle "gouverner" l'arrivée au pouvoir d'une formation extrémiste qui ne retient du peuple qu'une partie de ses composantes et désigne ceux qui ne sont pas inclus dans la définition comme des adversaires permanents inaptes à partager la souveraineté populaire. Ces extrémistes-là ont gouverné l'Europe pendant les années noires et ils désignaient les étrangers, les non-aryens, comme la source de toutes les difficultés. D'autres extrémistes ont gouverné de nombreux pays en Europe et désignaient les "cosmopolites" comme des agents de l'étranger. Plus près de nous, ils ont gouverné quelques villes, comme Liverpool ou des pays, comme l'Irlande du Nord. Ils gouvernent de nombreux pays en Afrique et au Moyen-Orient. Chaque fois, les résultats ont été les mêmes: isolement international, honte nationale, faillite économique, conflits permanents à l'extérieur, par nature considéré comme hostile, et à l'intérieur, car les différences et les désaccords conduisaient régulièrement à la guerre civile ouverte ou larvée.
Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont inclus dans le logiciel frontiste. Si toutes les difficultés, tous les dysfonctionnements, sont attribués aux étrangers, la réflexion s'arrête, les problèmes restent en suspens, la critique est impossible, les pièges se referment. Il n'y a plus de retards, il n'y a plus que des sabotages. Il n'y plus de débat, il ne reste plus que des procès. La société se fige. Les talents s'exilent, les responsabilités sont occupées par des échines souples.
Rien de nouveau dans tout cela. C'est ancien. Très ancien. Associer état et ethnie pour arriver au pouvoir ou s'y maintenir est le plus vieux métier du monde.
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