lundi 16 décembre 2013

voiles et vapeurs

Voiles et vapeurs

            Encore une fois la prairie s’enflamme. Une commission chargée d’étudier l’intégration recommande d’abandonner l’interdiction du voile à l’école. C’est la République qu’on assassine, tonne Jean François Copé. La Patrie pour laquelle tant de nous sont morts est en danger. Un petit carré de tissu menace notre pays.

            Si la survie de notre pays dépendait d’un carré plié en deux et noué sous le menton, il serait bien fragile, notre beau pays. Je trouve qu’il se porte bien. Qu’il est fort. Son économie, sa culture, ses gens, une population plutôt en forme, moralement, physiquement. Ses soldats sont robustes, applaudis. Cinéma, littérature, inventions, musique, musées, théâtres, festivals, dessinent un environnement porteur. Les restaurants sont pleins. Le pays attire des étudiants et des mafias du monde entier, ce qui est signe de bonne santé économique et morale. Et voici que le carré de tissu fait trembler nos villes et nos campagnes.

            Parce que ce carré de tissu, nous dit-on, en parfaite contradiction avec l’intégration des nouveaux arrivants. Il est drapeau des envahisseurs, banderole d’une vague déferlante. Dès qu’il apparaît, il faut décréter mobilisation générale et ouvrir la chasse. Cette peur incontrôlée fait partie de notre identité nationale et je craindrais pour mon pays s’il cessait de craindre le voile puisque ces tremblements font partie de notre charme et de notre climat. Douce France, si vite effrayée. La voisine qui nous appelle parce qu’elle a vu une souris dans sa cuisine, rose de panique, n’est-elle pas charmante de cette frayeur ?

            Les craintes réellement fondées sont celles des arrivants. Ils s’accrochent au voile parce que l’intégration marche, que les croyances traditionnelles reculent, que les femmes battues portent  plainte, qu’elles choisissent leur mari et de n’en avoir qu’un, que les mariages mixtes sapent les communautés les mieux soudées. Eux ont raison d’avoir peur et de s’exciter parce que l’intégration lime leur ciment. Est-ce leur peur qui nous contamine ?

           

           

            

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