mardi 23 décembre 2014

fêtes

Noêl, la naissance de Jésus, Hanoukka, victoire des Macchabées sur les Grecs, Aïd, qui célèbre le sacrifice d’Abraham. Une fois par an, les rues se saisissent d’une excitation joyeuse dont les signes sont les nombreux paquets, cabas, caddies, l’accélération des pas, la lumière dans les yeux des enfants. Ce jour-là est lié à la famille, à la religion. Un jour, un événement religieux, la naissance d’un prophète, la libération d’un frère, la guérison d’une maladie, s’installe dans le calendrier  et ce jour-là la famille se réunit, mange plus abondamment que d’habitude, viande et desserts, alcool deux fois sur trois, thé et miel. Pour préparer la journée, s’ajoutent aux boutiques permanentes des étals de saison, qui présentent des cadeaux, des nourritures de Noël, de Hanoukka, d’Aïd, qui encombrent les trottoirs, débordent sur la chaussée, qu’on appelle marché de Noël ou rupture de Ramadan ou cadeaux de Hanoukka.

Dans les jours qui précèdent, les voyages se préparent, sur les quais descendent parents, enfants, accueillis par les grands-parents sourire au vent. Souvent, dans les familles éloignées des traditions et qui dénouent les règles, les grands-parents sur le quai sont des divorcés, séparés, remariés, dont les enfants sont divorcés séparés et des enfants se découvrent des frères et des sœurs de péché, les grands-parents saluent poliment les nouveaux, mais malgré tout, la fête continue et les cadeaux se multiplient avec la famille décomposée recomposée et chez qui aura lieu la fête cette année ?

En vérité, je vous le dis, ces fêtes, avant d’être religieuses sont d’abord des célébrations de familles traditionnelles et dans le grand désordre amoureux de notre temps, elles ont du mal à s’imposer. Ou alors comme substitut de normalité. Le temps d’un repas, on fait comme si.

Mais le vrai Noël Hanoukka Aïd, c’est l’ancêtre en bout de table et en bout de vie, son épouse qui a préparé le repas, les filles et les brus qui ont mis la table, les fils, les gendres qui ont porté les cadeaux et conduit la voiture, les enfants qui jouent et se disputent, tout le monde sait qui est qui, qui fait quoi.

La complicité entre les fêtes religieuses et l’ordre familial est si forte que la famille sans la religion n’est plus qu’un livret et la religion sans la famille n’allume plus que des ampoules électriques.


Imaginez que Jésus soit le fils d’un second charpentier. Qu’un macchabée épouse une Grecque. Qu’Abraham doivent sacrifier le fils d’un troisième mariage, que fêterait-on ? 

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