mercredi 4 juillet 2012

contrat social


Chronique alter EGO



            Tout près d’ici, un jardin partagé, le Bois Dormoy, fruit d’un contrat d’une convention avec la ville de Paris depuis 2007. L’endroit était une décharge, l’association l’a nettoyé, tracé des sentiers, décoré les murs, installé des tables, organisé des jardins partagés, des concerts, des événements. C’est là tout près de la Goutte d'Or, souvent ouvert le dimanche.

            L’idée de départ était géniale et comme toutes les idées géniales, d’une grande simplicité. Une grande ville comme Paris contient des dizaines de milliers de mètres carrés en friche, en chantier, en jachère, qui attendent la construction d’un immeuble, d’une école. Les études sont longues, prennent parfois cinq ans ou dix ans et pendant toutes ces années, la surface reste inutilisée alors que des dizaines de milliers d’habitants recherchent des terrains pour planter, faire de la musique, se rencontrer autour d’un verre, observer les fleurs, prendre l’air avec l’enfant petit.

            Les associations demandent, la ville écoute, propose un contrat limité dans le temps et les activités commencent, selon les bonnes volontés des engagements associatifs. Ainsi parmi d’autres, est né le Bois Dormoy. Travail acharné et succès. Un lieu magique.

            Pendant que l’association du Bois Dormoy gère, la ville travaille sur le projet prévu : un grand bâtiment, au rez-de-chaussée, une crèche pour 25 enfants avec jardin, et dans les étages, soixante places d’hébergement temporaire médicalisé. La construction va commencer. Elle était prévue dans le contrat.

            Après cinq années d’occupation contractuelle, les militants et les visiteurs du Bois Dormoy se sont habitués et ils ont oublié le contrat. Ils lancent donc une pétition pour rendre pérenne leur présence. En oubliant le contrat, en ne respectant pas leur engagement, ils rendent un mauvais service à tous.

            Ils mettent face à face, comme s’ils devenaient des adversaires, les futurs parents et enfants d’une crèche, les futurs habitants précaires de logements d’urgence, et les usagers du lieu.

            Ils rendent plus difficile la signature de tels contrats, car s’ils ne sont pas respectés, la ville hésitera à en signer d’autres et ils mettent ainsi en danger un événement urbain exemplaire.  

            Dans cette histoire, personne n’est méchant. La ville qui met un lieu à disposition et qui construit une crèche et des lieux d’urgence. Une association qui a fait un travail admirable. Tout le monde est gentil. Le non respect d’un contrat va transformer tout le monde en méchants. 
            

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