Chronique alter EGO
Tout
près d’ici, un jardin partagé, le Bois Dormoy, fruit d’un contrat d’une convention
avec la ville de Paris depuis 2007. L’endroit était une décharge, l’association
l’a nettoyé, tracé des sentiers, décoré les murs, installé des tables, organisé
des jardins partagés, des concerts, des événements. C’est là tout près de la Goutte d'Or, souvent ouvert
le dimanche.
L’idée
de départ était géniale et comme toutes les idées géniales, d’une grande
simplicité. Une grande ville comme Paris contient des dizaines de milliers de
mètres carrés en friche, en chantier, en jachère, qui attendent la construction
d’un immeuble, d’une école. Les études sont longues, prennent parfois cinq ans
ou dix ans et pendant toutes ces années, la surface reste inutilisée alors que
des dizaines de milliers d’habitants recherchent des terrains pour planter,
faire de la musique, se rencontrer autour d’un verre, observer les fleurs,
prendre l’air avec l’enfant petit.
Les
associations demandent, la ville écoute, propose un contrat limité dans le
temps et les activités commencent, selon les bonnes volontés des engagements
associatifs. Ainsi parmi d’autres, est né le Bois Dormoy. Travail acharné et
succès. Un lieu magique.
Pendant
que l’association du Bois Dormoy gère, la ville travaille sur le projet
prévu : un grand bâtiment, au rez-de-chaussée, une crèche pour 25 enfants
avec jardin, et dans les étages, soixante places d’hébergement temporaire
médicalisé. La construction va commencer. Elle était prévue dans le contrat.
Après
cinq années d’occupation contractuelle, les militants et les visiteurs du Bois
Dormoy se sont habitués et ils ont oublié le contrat. Ils lancent donc une
pétition pour rendre pérenne leur présence. En oubliant le contrat, en ne
respectant pas leur engagement, ils rendent un mauvais service à tous.
Ils
mettent face à face, comme s’ils devenaient des adversaires, les futurs parents
et enfants d’une crèche, les futurs habitants précaires de logements d’urgence,
et les usagers du lieu.
Ils
rendent plus difficile la signature de tels contrats, car s’ils ne sont pas
respectés, la ville hésitera à en signer d’autres et ils mettent ainsi en
danger un événement urbain exemplaire.
Dans
cette histoire, personne n’est méchant. La ville qui met un lieu à disposition
et qui construit une crèche et des lieux d’urgence. Une association qui a fait
un travail admirable. Tout le monde est gentil. Le non respect d’un contrat va
transformer tout le monde en méchants.
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