vendredi 23 janvier 2015

déménagement

Nous trions. Les vêtements se prêtent au jeu sans résistance. Qui s’attache à ses vêtements ? Les élimés aux poignets et au col indiqueraient l’indigence. La mode et les vieux réflexes les rejettent. L’imperméable de Colombo, gris caca d’oie, a perdu les boutons d’épaulettes, la ceinture desséchée est devenue ficelle, le feuilleton s’efface des écrans, il prend le chemin des Relais. Il avait pourtant une histoire. Une jeune fille brève, le temps d’un week-end, m’a accompagné à la Madeleine chez Burberry et m’a aidé à choisir cet imper qu’à l’époque tout le monde reconnaissait comme la peau de Peter Falk. Sur les conseils de cette brève rencontre, je l’ai acheté, je l’ai payé et je suis sorti sans que la caissière m’arrache l’anti-vol coincé sous le col. Le portique n’a pas hurlé, je suis sorti fièrement, descendu les marches du métro, ignoré les regards des voyageurs qui cherchaient un uniforme pour me dénoncer et jusque cet appartement rue Polonceau, jusqu’au moment où j’ai ôté le vêtement de Colombo et en l’accrochant au cintre, ma main a rencontré cette fève en plastique résistante à toutes les tenailles. Il fallut retourner chez Burberry, la jeune fille fugitive s’était allongée sur le lit, je suis fatiguée, tu y vas tout seul, dit-elle, et quand je suis rentré, mon achat libéré par une caissière, elle était partie, il n’est restée de sa visite que l’imperméable de Falk.

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