mercredi 7 janvier 2015

terreur

Comment faire de la politique quand l’émotion vous noue la gorge ?

Beaucoup de gens ont pleuré. Ils étaient la famille, les marqueurs d’une liberté sans laquelle l’atmosphère devient irrespirable. Je ne lisais pas Charlie hebdo, mais toutes les semaines, la première page était dans Libé ou Le Monde. Les « provocations » sur le prophète étaient sujets de discussion. Ils étaient clivage et affrontement. Ils aidaient à nous souvenir qu’en République, les limites ne sont tracées que par le droit. Ils ont combattu tous les intégrismes, barbus, voilés, soutanés, front nationalisé, identitaire.

La politique est fondée sur l’idée que l’adversaire fait partie des solutions. Le terrorisme est fondé sur l’idée que la solution est l’élimination de l’adversaire. L’adversaire a été éliminé. La discussion s’arrête.

Toute la société bascule quand les chevaliers de la terreur obtiennent un soutien logistique et politique suffisant pour survivre et prospérer. Ce fut le cas pendant de longues années en Irlande du Nord et au Pays basque où les cadavres avaient remplacé les urnes. Ce sera le cas chez nous si l’emporte l’idée que pour combattre la terreur il n’y a que la terreur. Pour combattre le terrorisme, il faut deux conditions : une police et une justice efficaces. La seconde : isoler les terroristes, assécher leur terrain d’action, qu’ils soient expulsés du tissu national comme une greffe indésirable.

         Si se renforce l’idée que telle ou telle partie du corps social est par nature, par religion, par couleur, par langue, incapable d’accepter la confrontation, le débat, en un mot, la démocratie et la République, la terreur aura gagné.  Que les politiques qui poussent sur la peur et la haine comme larves sur le fumier examinent les cadeaux qu’ils font au terrorisme.




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