Les valises sont pleines, il ne manque que la boussole.
Aux membres du Parti socialiste, on annonce des journées d’études, des consultations, des conventions thématiques, des votes, des études et des expertises. Sommes-nous un parti politique ou un institut de sondage ? Aspirons-nous à gouverner ou à lancer une étude de marché pour un nouveau produit ? Nous sommes une centaine de milliers de militants socialistes, des dizaines de milliers d’élus à tous les niveaux qui travaillent et réfléchissent avec les Français. Il ne s’agit pas de « ressenti », il s’agit d’expérience accumulée à tous les niveaux. Nos tiroirs débordent de propositions, de programmes, de réformes. Nous sommes prêts à les soumettre aux citoyens, nous savons ce que le pays pense, ce qu’il attend de nous.
Elles veulent un logement confortable dans un quartier aimable. Elles veulent un travail intéressant qui leur permettra de gagner correctement leur vie. Elles souhaitent habiter un quartier où l’école ne contribuera pas à enfermer leurs enfants dans le destin que l’histoire, la géographie, la biologie leur assignent. Elles souhaitent pouvoir sortir le soir en toute tranquillité. Elles souhaitent une société apaisée et plus juste où les intérêts divergents seront négociés et aboutiront à des compromis. La majorité des hommes partagent ces aspirations.
Nous ne manquons pas de propositions, nous sommes divisés sur les grandes questions stratégiques. Une petite partie de la société est attirée par des solutions et des actions extrêmes. Ce qui revient aux socialistes n’est pas de souffler sur les braises, mais d’intervenir pour qu’émergent des solutions favorables à la société dans son ensemble. La question des alliances : peut-on gouverner avec ceux qui considèrent que la social-démocratie est l’adversaire principal ? À l’échelle internationale, devant les menaces réitérées contre les démocraties occidentales, avons-nous choisi ? Sommes-nous fiers ou sommes-nous honteux que des socialistes dirigent le FMI et l’OMC ? Faut-il mettre en œuvre le traité de Lisbonne ou le dénoncer ?
Recenser les questions stratégiques qui nous divisent, engager la discussion et dégager sur les points les importants une minorité et une majorité semble plus urgent que de réinventer ce qui existe déjà. Discuter du modèle de voiture, de l’âge du conducteur et des aménagements intérieurs tant que nous ne fixons pas l’itinéraire, semble vain. Sans clarté sur l’orientation, nos propositions ne seront ni audibles et crédibles.
Maurice Goldring.
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