Dans un système aristocratique ou de caste, les carrières, les métiers, les pouvoirs sont déterminés par le lieu de naissance. Dans un système démocratique, il faut que des institutions accordent des légitimités de compétence qui fassent coïncider privilèges de la naissance et égalité républicaine. En France, ce sont les grandes écoles. Elles sont justes: les concours sont anonymes. Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, c'est l'argent. Le système est injuste. Les entretiens d'accès ne sont pas anonymes, les études sont très chères. Au final: par un système d'aide, de bourses, de formation permanente, les classes populaires sont mieux représentées dans les grands établissements des pays anglo-saxons que dans la France républicaine. Ça pose un problème?
Jusque là, la gauche n'a jamais touché aux grands écoles, aux grands établissements. Claude Allègre a essayé. En vain. Les profs des classes de préparation sont descendus dans la rue parce qu'on voulait toucher à certains privilèges scandaleux, avec l'aide des républicains Finkelkraut et Régis Debray. Le projet fut abandonné. Le système est puissant. On ignore généralement qu'au plus fort du mouvement de mai 68, les concours se tenaient, assurés le jour par les enseignants qui luttaient le soir pour l'abolition des privilèges, et les étudiants les plus enragés n'étaient pas absents aux oraux de normale ou de polytechnique.
Je ne vous parle pas d'un détail. L'accès aux grands établissements assurent des privilèges pour la vie. Et même pour la mort. Voyez les nécros: jamais un mort n'est un ancien de l'université de la Paris ou de Toulouse, mais son corps froid est celui d'un ancien de normale ou de l'X. Ce système marque toute la société: il inclut à vie et il exclut à vie. La majorité de la société n'y accède pas et ne pourra jamais y accéder, car le système de formation permanente est notoirement inefficace. Il reste le sport et la chanson, et tant pis pour les maigrichons qui chantent faux. Ce système élitiste joue un rôle de premier plan dans le malaise social.
Comment faire? La révolution? c'est d'envoyer les riches et les mains blanches à la campagne ou dans des camps de rééducation, et de peupler les universités et les écoles des prolétaires. On a essayé, pas terrible. Le compromis social. Graduel. Soutenir ce qui se fait dans ce domaine (voir l'ena, la voie parallèle qui a provoqué tant de résistances) ou sciences po. Ne pas mépriser ces efforts. Le compromis social, c'est aussi regarder ce qui se passe dans les écoles de la Goutte d'Or.
Annoncer une volonté: c'est 1. Le pays ne pourra pas assurer la promotion démocratique des élites en généralisant le système des grandes écoles qui est le plus coûteux et sans doute pas le plus efficace en termes de formation de haut niveau. Donc répartir les ressources. En budget, dans le territoire. Ce qui signifie soutenir les filières sélectives au sein des universités.
2. montrer l'exemple. Le PS est le reflet fidèle du système scolaire élitiste. Assurer la promotion permanente des cadres issus des milieux populaires. En regroupant les ressources qui existent: fondations, contrats avec les universités, une école nationale de promotion. Un observatoire de la diversité sociale, indépendant, qui mesure les progrès. Ce qui suppose dans l'immédiat la renonciation au cumul des mandats, immense obstacle à la promotion de militants et des militantes;
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