dimanche 17 novembre 2013

paroles

            Je cherche des mots qui pourraient empêcher le glissement de la société française hors du politique. Des mots que j’aimerais entendre des gouvernants que je soutiens.

            Nos sociétés –je veux dire nos sociétés occidentales, celles où je vais me faire opérer gratuitement d’un pincement de vertèbre très handicapant, celle où la fille sourde d’un ami a un implant électronique, je n’ose pas vous en dire le prix, pour retrouver le lien avec le monde, gratuitement, celle où les enfants vont à l’école maternelle et primaire et secondaire gratuitement- ont une histoire. Elles se sont développées dans le bruit et la fureur. Ni en ville, ni à la campagne, les maîtres des terres et des forges n’acceptaient l’organisation des personnes qui leur étaient soumises. Les maîtres employaient la force brutale pour empêcher toute organisation, paysanne ou ouvrière. Ces luttes ont duré longtemps, trop longtemps. Tant que les maîtres refusaient l’organisation de leurs vassaux, les seules négociations étaient fondées sur l’affrontement brutal. Jacqueries, incendies des récoltes, mutilation du bétail, se multipliaient et faisaient partie de ce que l’historien Eric Hobsbawm appelait la « négociation collective par l’émeute ». Les bandits sociaux, Robin des Bois, Zorro, Mandrin, font partie de l’imagerie de ces révoltes populaires. Du côté ouvrier, on brisait les machines, on tabassait les contremaîtres sadiques, on incendiait les marchandises. Ces « négociations » furent finalement remplacées par des rencontres entre organisations représentatives. Des syndicats, des Ligues paysannes, des fédérations patronales. Les rapports de pouvoir n’en furent pas fondamentalement changés, mais il fallut donner des avantages pour assurer une certaine paix sociale. Des systèmes de retraite et de sécurité sociale se mirent en place. L’État providence redistribuait une partie des richesses du pays. Cette histoire n’a nulle part été tranquille.

            Dans certains cas, le réformisme n’a pu s’implanter et a été relayé par un courant révolutionnaire visait à la destruction d’une des parties du conflit. Ce courant révolutionnaire a pris le pouvoir en Russie, en Chine. Dans les pays de l’Empire soviétique. Il a réussi à Cuba. Au Zimbabwe, les terres ont été redistribuées et la famine s’est installée. Au Venezuela, les révolutionnaires sont en train d’organiser la ruine économique et la division du pays. Partout, ce fut la catastrophe dont nous connaissons les résultats économiques et humains. Certains en rêvent encore, dans les livres et dans les colloques.

            Le niveau de vie des populations occidentales fut assuré pour une partie non négligeables par l’exploitation des richesses et des personnes  contrôlées par un système colonial qui voulait par ce biais retrouver un pouvoir sans partage sur la main d’œuvre et les matières premières. Ce système s’est écroulé, les pays soumis sont devenus indépendants et désormais, commencent à concurrencer les pays occidentaux. L’Inde et l’Afrique se réveillent. Les anciens pays communistes, dont l’économie était paralysée par une bureaucratie étouffante deviennent à leur tour des concurrents redoutables. Nous ne reviendrons plus à un système de pillage et d’exploitation dont ont profité pour une part les classes laborieuses des pays coloniaux. C’est T E R M I N E.

            Toutes les difficultés doivent désormais s’affronter à un niveau international et européen. Partout poussent les solutions et les réformes qui mutualisent les compétences, qui atténuent les concurrences désastreuses : communauté de communes, territoires régionaux, organisations européennes et timides organisations mondiales. Pas d’autre issue que des regroupements, ces mises en commun des richesses et des investissements qui permettront seuls d’éradiquer les paradis fiscaux, de combattre les égoïsmes des riches et les populismes des moins riches.

            Pas d’autres issue parce que les solutions individuelles, communales, régionales, nationales, n’existent plus. Ni dans le domaine écologique, le climat est sans frontière, ni dans le domaine des migrations, les frontières ne seront plus jamais imperméables, ni dans le domaine économique et de la protection sociale. Désormais, le niveau de vie les plus bas devront monter pour que montent les niveaux de vie du monde, la pollution la plus forte devra être combattue pour que diminue les dangers climatiques de tous.

            C’est dans ce contexte que se joue la politique, en France, en Europe, aux États-Unis. Pour un candidat, affirmer que la solidarité internationale dans tous les domaines est dans l’intérêt de tous est le plus sûr moyen d’être battu aux élections, de chuter dans les sondages, de ne pas être réélu. Les meilleurs peinent. Et pourtant, c’est la voie qui me semble juste. Il n’y en a pas d’autre ? Bien sûr que si. La fermeture des frontières, comme en Corée du Nord, pas d’immigration illégale, pas de main d’œuvre clandestine, pas de délinquance dans les rues de Pyongyang. Là bas, Maring il Peng est au pouvoir. Sans aller jusqu’à ces extrêmes, on peut imaginer aussi une droite obstinée et autiste sur laquelle viendrait déferler des manifestations de colère sans lendemain.

            C'est pourquoi je fais partie des vingt pour cent qui soutiennent  François Hollande.  


              

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