lundi 22 septembre 2014

militer sur la toile



Militer c’est participer à la vie de la cité en distribuant des tracts, en parlant le verre à la main sur les grands sujets d’actualité, apporter son soutien à une association, rédiger des tracts et les distribuer. Monter les escaliers et sonner aux portes en tendant une feuille de papier. Se faire insulter par les partisans du non, applaudir par les partisans du oui. Sentir la chaleur du collectif jusqu’à la fièvre.

Depuis longtemps, ma manière de militer fut d’écrire des tracts et de les distribuer. Mais de distribuer les tracts que j’avais écrits, ceux que je n’avais pas écrits, présomptueux, je les trouvais rarement à mon goût. Donc j’écrivais des tracts, je les imprimais, dans des journaux ou par mes propre moyens et je les distribuais. J’ai aussi écrit des articles dans des journaux que je vendais ou que je vantais, ou écrit des livres qui sont des tracts un peu plus longs que des libraires militants m’aident à diffuser.

Depuis quelque temps, grâce à des moyens de diffusion inédits, tout le monde peut accéder à ce privilège qui fut le mien, c'est à dire de diffuser les tracts que chacun a écrit. Le nombre de distributeurs de tract a fortement diminué depuis que chacun d’entre nous distribue son propre tract sur la toile.

J’ai commencé moi-même à militer de cette manière, en écrivant des textes et en les distribuant à des listes d’amis ou d’inconnus. Je suis un peu perdu. Quand je distribuai un tract, la réaction était rapide : la personne froissait le papier, le jetait à terre, ou dans une poubelle, ou le lisait et disait « ah, c’est vous ? ». Maintenant, comme froisse-t-on un message numérique ? La corbeille a-t-elle remplacé la poubelle ?

Je connais la réponse. La réponse c’est le plaisir. Si vous prenez du plaisir à composer un message, peu importe la qualité ou la quantité des réactions provoquées.

Avec les moyens traditionnels, se conjuguent le plaisir et le contenu. Le plaisir du contenu accompagne le plaisir provoqué. Avec les moyens modernes, notamment livre du visage, gazouillis et parmentier, le plaisir de la communication a chassé le plaisir du contenu. Chacun poste une photo, un événement, une activité, et ce qui compte est le nombre de personnes qui verront la photo. Peu importe la photo.






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