mercredi 11 mars 2015

ascenseur

Les escaliers mécaniques, les tapis roulants, les ascenseurs, progressent et les montées le long des rampes s’archéologisent. Les fauteuils roulants, les valises à roulettes, les cannes appuyées, ont longtemps monté les escaliers de pierre à la gare de Biarritz. Pendant des années, les douleurs de la hanche, les essoufflements des asthmes et des emphysèmes ont réclamé des ascenseurs. Depuis 2013, des ascenseurs soulagent et protègent. Les lourdes valises, les poussettes, les paralysies, appuient sur -1 puis 0 et les colères rentrées ont cessé. Les bruits des bagages sur les marches de béton ont disparu. Les plaintes, les protestations, se sont calmées. Enfin Biarritz, la reine des plages, est pourvue d’ascenseurs. Alors que même à la Gare Montparnasse, la reine des gares, les escaliers mécaniques sont parfois en panne et des retraités hors-cadre abîment les coins cuivrés de leur valise Vuitton sur les rayures des marches en acier.

La gare de Biarritz est désormais silencieuse. L’eau tiède et les ascenseurs ont tué la musique. Les compromis, la paix négociée, le réformisme, la sécurité, épaississent les ennuis. Il faut des massacres, des accidents d’avion, les punitions des célébrités pour attirer l’attention. Des millions de piétons avancent, personne ne tourne les yeux, un piéton tombe, tout le monde regarde. Et comme les accidents, les massacres se raréfient, ceux qui restent sont des événements. Les films policiers et les séries catastrophes se substituent aux émotions vivantes. Désormais on ne se rappellera l’ascenseur que s’il tombe en panne.

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