lundi 23 mars 2015

le jambon et l'huître

Le jambon et l’huître

Il y a deux visions de Biarritz comme il y a deux France. L’une souhaite une ville ouverte au monde et à la modernité. Une ville qui accueille le festival des productions audiovisuelles, les films du monde latin, héberge un cinéma d’art et d’essai, un centre national de danse, des cafés philo, des universités, des associations où se discutent les grandes questions, manifeste contre l’intégrisme de l’évêque Aillet qui voudrait imposer la charia au vent du large, fait la fête en juin, de la musique toute l’année. Cette première vision sait qu’il faut aérer le jambon avant de le servir.

L’autre vision est portée par une population double : ceux qui désespèrent de s’en sortir et sont tentés par le repli protecteur. Et les autres, qui sont venus chercher sur la côte un dortoir de luxe et la trouvent trop agitée. Les festivals font du bruit, les fêtes empêchent de se garer, les logements sociaux doivent se construire ailleurs, il vaut mieux payer une amende que d’accueillir une population si différente qui génère de l’insécurité. Et Mgr Aillet a bien raison de défendre la famille traditionnelle parce que c’est la décomposition des structures traditionnelles qui envoient les jeunes surfeurs se droguer sur la plage. Le Biarritz de l’huître.

Ces deux visions, sans doute moins tranchées, se reflètent malgré tout dans les comportements politiques. Longtemps gouvernée par une droite retraitée, Biarritz s’est donnée une majorité municipale hors norme, alliance entre une droite ralliée aux logements sociaux, aux centres d’accueil pour les plus démunis, et une gauche moderne, soucieuse du développement économique de la ville.

Cette majorité a été reconduite aux élections municipales de mars 2014 contre un partisan de l’UMP sarkoziste, invisible dans les manifestations contre les intégrismes, associant logements sociaux et insécurité.

Voici que les projets de carrière viennent troubler les lignes. Le maire de Biarritz, partisan du vent du large, soutient aux élections départementales le candidat naphtaline. Il trahit sa majorité, il humilie ses alliés, et vend son âme pour un plat de lentilles.

Quand les différences sont claires et bien comprises, les citoyens s’engagent. Quand les intérêts personnels l’emportent sur les convictions, les citoyens se détournent.


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