mercredi 26 août 2015

migrations

Les migrants

Où sont les exemples de migrations heureuses ? Les mouvements de population se bousculent dans les souvenirs et aucun n’est souriant. L’exode irlandais provoqué par la Grande Famine, s’est réalisé dans des navires qu’on nommait bateaux-cercueils et le cimetière marin n’était pas la Méditerranée, mais l’Atlantique. L’accueil des survivants par l’Amérique blanche et protestante ne fut guère chaleureux. Les républicains espagnols après la victoire de Franco furent regroupés dans des camps. Pas les bienvenus. Les antifascistes allemands furent considérés comme plus Allemands qu’antifascistes et furent aussi regroupés dans des camps. Les Juifs qui cherchaient asile pour fuir les pogroms, puis le nazisme, ont dû forcer les portes et le bilan n’est nulle part glorieux.

Il y eut des accueils moins haineux. Pendant la guerre froide, les migrations qui s’inscrivaient dans les grands clivages politiques, exilés vietnamiens, cubains, hongrois, reçurent un accueil moins honteux. Les pieds noirs, à la fin de la guerre d’Algérie, furent dignement accueillis. Dans leur nombre se dissimulaient des terroristes de l’OAS, mais l’amalgame avec les migrants d’Algérie fut heureusement évité.

Expliquer les réactions aux migrations d’aujourd’hui par le nombre, les différences d’origine, n’est pas pertinent. Les Irlandais arrivèrent par millions en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en Australie. Les migrants d’aujourd’hui ne  sont plus intrusifs en pourcentage que naguère. Il s’agit d’abord d’une question politique. Une partie de l’opinion publique, avec l’aide efficace des croisés islamistes, assimile terreur et immigration musulmane. D’autres conflits sont littéralement incompréhensibles sans une attention soutenue et une sympathie est difficile sans un minimum de compréhension.

Les craintes à l’égard des migrants n’ont jamais cessé. Les Irlandais, les Juifs étaient considérés comme inassimilables tout autant que les Roms ou les musulmans aujourd’hui. Combattre les craintes et les préventions est un combat longue durée, nécessaire, mais dont les retombées politiques sont lointaines. Les différences sont politiques. Selon les circonstances, des forces politiques utilisent ces craintes dans des visées électorales, et légitiment ainsi les émotions de rejet. Ainsi en Grande-Bretagne, le parti conservateur a longtemps été un parti protestant visant à protéger le pays contre les envahisseurs papistes.

Combattre les craintes infondées, les préjugés, est indispensable. Plus urgent encore est la dénonciation jour après jour des forces politiques ou intellectuelles qui veulent transformer notre pays en profondeur, à coups de verre pilé et de barbelés aux frontières.

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