mercredi 4 novembre 2015

olite

La tête heurta la table basse en verre épais. Le tabouret léger avait dérapé sur le parquet ciré et son poids l’avait entraîné sur le sol, sur le dos, loin du lit. Il essaya de glisser vers le matelas, en s’appuyant sur les coudes. Releva le buste, regarda autour de lui, se mit à rire nerveusement. Franchement comment se trouvait-il dans cette position ? Depuis Biarritz, cent vingt kilomètres sur autoroute, puis parking devant la haute muraille du château d'Olite. Les bagages furent dégagés du coffre, mis sur épaule ou sur roulettes, sac plein équilibrant la canne. Des  pavés, des marches, conduisent au parador, un château dans le château, l'énorme château d'Olite, que des touristes espagnols surtout à cette période de l’année, visitent avec leurs enfants, prennent des photos dans les meurtrières, les chambres voûtées. Une armure guerrière, noire, métallique, devant le comptoir d'accueil, fait pleurer une petite fille qui se réfugie dans les bras de sa maman pendant que le papa ou faisant fonction remplit les formulaires. Vous ne pourriez pas placer cette armure à un autre endroit, grommelle le père, chaque fois que je viens ici avec ma famille dont je suis le père et pas faisant fonction, ma fille pleure, elle a peur de ce guerrier noire, avec lance et épée. Puis c'est leur tour, ils se plaignent du nombre d'enfants qui pleurent. Remplissent les formulaires, montrent leur carte d'identité. Reçoivent une clé. vident la valise, branchent les tablettes, les téléphones, vérifient le réseau, reçoivent le courrier, répondent, argumentent contre des militants de gauche pendus aux basques des Basques.  Il affronte l'identité, le nationalisme, la frontière. Il tape, tape, jusqu'au bout de la nuit, c'est sa façon d'aimer.

Sortent sur la place royale, tournent à droite jusqu'à la rue de la Juiverie, une auberge ouverte, un menu correct, ont-ils de la place. Ils discutent entre eux, beaucoup de tables sont réservées mais à partir de quinze heures, ils auront le temps de manger. Du pain, des olives, un verre de rouge Navarre, platos combinados. des enfants passent en hurlant vers les toilettes, accompagnés par le grand frère ou par la maman, rarement par le père. Ils paient, font la sieste, il se réveille sous l'effet de la colère contre les territoriaux. les territorialistes. Les territorialisants. Commence à écrire contre, sur ce siège en bois, instable, devrait être interdit, il se tourne, le siège glisse, sa tête heurte une table basse et il se retrouve collé au sol. 

Il tente de redresser le torse, y parvient juste assez pour que son regard repère le fauteuil instable répandu sans forme, une table basse toujours menaçante. Il se rappelle l'église gothique avec retable doré qu'une dame, à l'entrée, assise sur une chaise d'église, entourée de trois enfants, attentifs à une boîte en fer qui sert de caisse, illuminait pour deux euros. De l'église, ils ont franchi quelques escaliers pour pénétrer dans le grand château d'Olite avec tours et colimaçon que malgré tout, il franchit en se tenant à la rambarde métallique. Martini dans le bar du parador, rempli de veuves qui toutes dégustent  un jus d'ananas et rhum. 

         Elles sont toutes assises sur des fauteuils stables alors que si elles tombaient, elles ne pourraient sûrement pas se relever. 

         La télécommande fut entraînée dans sa chute, il allume, change de chaîne, respire, expire, pousse. S’il atteint le matelas, il pourra s’appuyer sur le lit et sans doute se relever. Des manifestants brûlent des pneus et des clayettes, des débris d’avion dans un désert immobiles, il a une chance inouïe, il n’est tombé que d’un petit mètre, amorti par un plancher ciré, sur lequel il glisse peu à peu, atteint le lit, se pousse sur les coudes, se met debout et dit : il pleut, il ne nous reste plus qu’à prendre un apéritif avec des olives de la région. Pendent tout ce temps, elle n’a pas cessé de rire.


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