mardi 3 juillet 2018

lapsus


La ministre Jacqueline Gourault a nommé les prisonniers corses « prisonniers politiques ». Puis elle a rétrogradé, mais c’était trop tard. Les nationalistes corses ont cueilli ses paroles et les ont mises dans leur filet.  Vincent Bru, député Modem du Pays Basque, utilise les mêmes mots pour les assassins basques, sauf quand  il y a des membres de « Mémoire et Vigilance » dans la salle où il s’exprime.

La manière dont on nomme des hommes et des femmes qui ont utilisé la violence, l’assassinat, le kidnapping, l’extorsion de fonds, le racket,  pour des objectifs de pouvoir, est centrale à la question du terrorisme.  Les nommer « prisonniers politiques », c’est une manière de légitimer la barbarie de leurs méthodes. Il y a des barbares pour lesquels jamais un politique ou un ministre ne déviera de cette réflexion. Ainsi, personne ne nommera les assassins de Daech « prisonniers politiques ». Jamais Jacqueline Gourault n’utilisera cette formule pour Merah ou pour Koulibaly. Jamais la langue des responsables ne fourchera non plus pour les assassins du GAL ou pour les Barbie et autre Touvier. En revanche, certains nommaient les barbares de l’IRA, « prisonniers de guerre » et souhaitaient leur accorder les garanties des prisonniers de guerre, admettant ainsi qu’il y avait une guerre entre le peuple irlandais et l’impérialisme britannique et non une campagne de terreur contre les Irlandais du Nord.  

Il ne s’agit pas ici d’erreur ou de lapsus. Il s’agit d’une conception de la démocratie. Contre certains peuples considérés comme inférieurs, les méthodes de la terreur peuvent être considérées comme légitimes. Considérer les assassins basques ou corses comme des prisonniers politiques,  témoigne d’un profond mépris pour les Basques et pour les Corses, considérés comme indignes des méthodes démocratiques qui règlent les sociétés civilisées.

Que les nationalistes méprisent le peuple qu’ils se sont chargés de défendre est une règle générale.  Que des gouvernants partagent ce mépris est plus préoccupant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire