Daniel Bensaïd, philosophe et théoricien de la LCR, vient de mourir et laisse un testament. Il y défend le communisme qui seul se fixe comme objectif la suppression du système capitaliste. Tant que le capitalisme n’est pas aboli, tout progrès « ne fait que changer la forme de l’asservissement ».
J’ai connu Daniel Bensaïd à l’Université de Vincennes, université expérimentale issue du mouvement de mai 1968. Elle avait comme caractéristique d’accueillir des salariés non-bacheliers et de leur donner ainsi la chance de reprendre une formation professionnelle et intellectuelle. À ce titre, elle était la cible des attaques d’une droite dure qui n’accepte la pluie que là où l’herbe est déjà verte. Les maos, trotskistes et autres extrémistes de gauche boycottaient l’élection d’un conseil d’université, ils jouaient la politique du pire, car « tout progrès ne fait que changer la forme de l’asservissement ». S’ils avaient gagné, Paris VIII n’existerait plus. La majorité des personnels et des étudiants de Vincennes réussit à sauver leur université qui continue jusqu’aujourd’hui, à Saint-Denis, à changer pour des dizaines de milliers d’étudiants la forme de leur asservissement.
Moi, personnellement, j’ai préféré être asservi comme prof de fac que comme mineur de fond.
Maurice Goldring
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