vendredi 15 janvier 2010

événement à EGO

Personne n'est passé au vingt heures


Le lundi 11 janvier 2010, vers 16 heures 45, les faits suivants se sont produits au centre d'accueil d'EGO. Un usager a volé le portable d'un autre usager. Le propriétaire de l'objet volé à poursuivi son voleur à l'extérieur du centre d'accueil. Deux membres de l'équipe d'accueil les ont suivis dans la rue. La bagarre a immédiatement démarré. Le propriétaire du portable a sorti un couteau. Les deux membres de l'équipe d'accueil, aidé par un autre usager, ont réussi à éviter le pire en désarmant l'agresseur au couteau. L'équipe a décidé de fermer le centre d'accueil et son responsable, Jean-François Bowen, a appelé la police qui est intervenue très vite. Les deux usagers qui continuaient d'essayer d'en découdre, ont été interpellés. L'usager agressé avait une légère estafilade à la main. Malgré cette issue sans drame, tous les membres de l'équipe d'accueil ont rapporté une violence d'une extrême intensité car l'agresseur avait clairement montré son intention de blesser voire de tuer l'autre.
Précisons que le propriétaire du couteau fréquentait régulièrement le centre d'accueil. Il a fait de la prison et à sa sortie, il a immédiatement repris contact avec l'équipe soignante. D'après l'intéressé, il n'a suivi aucune thérapie pendant son incarcération. Il est consommateur de crack et ne n'est pas engagé dans un processus de rupture. Il était suivi par l'équipe médicale du centre EGO. Malheureusement l'épisode de lundi a interrompu les soins puisque l'intéressé se trouve en garde à vue.
EGO a repris ses activités et à la réouverture, a engagé une discussion avec les usagers sur les moyens d'éviter la répétition de tels faits. La directrice d'EGO a félicité l'équipe d'accueil pour son professionnalisme, son bon sens et sa lucidité qui lui ont permis d'intervenir de façon rapide et efficace.
Je lisais ce courriel envoyé par la directrice d'EGO et dans le même temps, je lisais dans la presse et j'écoutais à la radio et je regardais à la télévision les drames d'une université où une secrétaire se fait poignarder, les drames d'un lycée où un lycéen meurt sous les coups d'un autre lycéen. Et j'imagine que si l'incident d'EGO s'était mal terminé, on aurait vu débarquer, comme l'université de Perpignan a vu débarquer, comme le lycée de Kremlin Bicêtre a vu débarquer, des ministres, des préfets, des présidents, qui auraient recommandé des portiques, des caméras de surveillance, et des patrouilles de police plus fréquentes. Ils auraient promis une loi sévère interdisant le port d'un couteau par les fumeurs de crack.
Mais quand des gens, parce qu'ils compétents et motivés, empêchent tous les jours de tels drames, ils ne reçoivent aucune visite, ils ne passent pas à la télé. Remarquez, ils ne demandent rien, mais quand on prétend que des portiques et des caméras de surveillance pourraient remplacer leur travail, ça les fait doucement rigoler.
Maurice Goldring

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