vendredi 14 janvier 2011

les modérés, voilà l'ennemi

Maurice Goldring « Les modérés, voilà l’ennemi »

Les catholiques britanniques formaient au 19ème siècle une communauté considérée comme inassimilables parce que leur religion était étrangère à la culture protestante et qu’ils prêtaient allégeance à une puissance étrangère, le Vatican. On leur refusait le droit de vote, le droit d’être élu, l’accès à des professions liées à la magistrature, le droit de porter des armes, etc.

Malgré ces interdits une classe moyenne catholique émergea qui demanda non pas l’indépendance, mais une réelle égalité des droits, non pas le suffrage universel, mais la franchise à l’égal de leurs concitoyens protestants. Un propriétaire catholique ne pouvait pas voter alors que ses revenus permettaient à son voisin protestant de voter. Il ne demandait pas le droit de vote pour ses serviteurs, mais simplement l’égalité.

Pour les conservateurs intransigeants opposés à toute réforme et à tout accueil des exclus catholiques, ces modérés représentaient le danger principal. Plus ils étaient doux, plus on les taxait d’hypocrisie. Quand ils refusaient de prendre les armes pour défendre la patrie, on les accusait de traîtrise. Quand ils prenaient les armes pour défendre la patrie, on les accusait d’infiltration. Quand ils s’affirmaient patriotes, ils étaient accusé de mentir. Quand ils critiquaient la monarchie ou le gouvernement, on les accusait de forfaiture. La grande majorité des catholiques acceptaient la forme qu’avait pris le pouvoir en Grande-Bretagne, celui d’une église anglicane religion officielle dont le chef était un monarque protestant. C’est cette acceptation qui les rendait dangereux puisque plus rien ne s’opposait à leur intégration dans la société britannique.

La grande majorité des musulmans français ou vivant en France accepte la laïcité. C’est cette acceptation qui les rend dangereux puisque plus rien ne s’oppose à leur intégration dans la société française. Ce sont eux qui représentent un danger pour les tenants d’une purification de l’identité nationale. Ils n’ont pas plus de sympathie pour les terroristes de Dieu que la majorité des Juifs français pour l’extrême-droite israélienne. On ne somme pas les Juifs français de dénoncer des comportements de l’armée ou de colons israéliens, mais chaque musulman subit l’inquiétude des regards et les soupçons de l’opinion.

Les attentats, le climat de terreur de l’intégrisme islamiste visent d’abord les pays musulmans. Personne ne croit qu’Al Quaida peut transformer les sociétés occidentales où se sont intégrés des millions de musulmans. Mais il peut modifier la situation de ces musulmans, leur rendre la vie plus compliquée en pratiquant l’amalgame entre musulmans et intégrisme violent. Avec quelque succès.

L’amalgame entre islam et terrorisme ne vise pas d’abord les terroristes. On se demande en quoi ils en seraient affectés. Au contraire, ils s’en félicitent. Il vise d’abord les musulmans modérés, la masse des musulmans qui s’intègrent dans les citoyennetés des pays européens. Les deux adversaires d’une coexistence paisible entre tous les citoyens sont le terrorisme intégriste et l’intégrisme nationaliste qui partagent le même objectif : rendre la vie impossible aux musulmans dans les pays occidentaux.

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