Stratégie électorale et explosifs
En Espagne, les élections régionales et municipales ont puni Zapatero en portant au pouvoir le Parti populaire et les partis nationalistes. À Saint-Sebastien, Bildu, une coalition dont Batasuna était l’âme, a conquis la municipalité. Les nouveaux maîtres de la ville ont pris une première mesure symbolique. Le nom d’une rue pour les victimes de l’ETA ? La demande solennelle de dissolution du groupe terroriste ? Vous n’y êtes pas du tout. Ils ont demandé par mesure d’économie la réduction du budget de protection des élus menacés. Les escortes n’ont plus lieu d’être, disent-ils, puisque disent-ils, l’ETA a déclaré le cessez-le-feu. Manque de chance, le même jour ou presque, un membre de l’ETA est arrêté en France avec dans son coffre tout le matériel électronique nécessaire pour faire sauter des bombes. Il n’avait pas lu le communiqué de l’ETA. Le même jour ou presque une réunion de soutien à Aurore Martin a lieu à la Halle d’Iraty. Aurore Martin est poursuivie en Espagne pour participation aux activités d’un parti interdit (Batasuna). , alors que ce parti n’est pas interdit en France. Aurore Martin n’est pas une terroriste, juste une responsable politique qui dit que c’est bien de lancer des bombes dans des lieux publics. En Espagne, c’est un délit, pas en France. Les juridictions espagnoles demandent son extradition alors que des militants en France demandent qu’elle ne soit pas extradée pour délit d’opinion. Autour d’Aurore Martin, les responsables de Batasuna, du NPA, la ligue des droits de l’homme… Et bizarrement, tout à fait curieusement, le maire de Biarritz, Didier Borotra et son adjoint, Michel Veunac. Aucun conseiller menacé par l’ETA de l’autre côté de la Bidassoa n’a jamais eu cet honneur pendant les années de terreur. Aucun universitaire menacé n’a jamais été invité par la ville. Et Didier Borotra, qu’on n’a jamais vu dans un meeting de solidarité à l’égard des victimes de l’ETA, ou de protestation contre les attentats de l’ETA, est là, avec Michel Veunac, à la Halle d’Iraty. Ils sont partis avant les discours des alliés politiques d’Aurore Martin, mais leur siège n’a pas eu le temps de refroidir tout le temps des autres interventions. Ils étaient là et ils n’ont rien dit. Ils auraient pu dire : nous réclamons pour Aurore Martin les garanties que l’ETA a refusé à ses victimes, mais ils ne l’ont pas dit. C’était pourtant une bonne occasion.
Maurice Goldring
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