Le
classement en Zone de sécurité prioritaire se justifie, selon ses défenseurs,
parce que la Goutte
d'Or était devenue une zone de non-droit. La reconquête de l’espace public par
la police est donc une condition pour que le quartier reprenne un fonctionnement
normal. On compare à ce qui s’est fait dans la « reconquête » des favelas au Brésil ou ailleurs : l’État et les services publics
n’existaient plus à l’intérieur de ces territoires entièrement contrôlés par
les bandes mafieuses. Pour retrouver les services publics, écoles, postes,
administrations, centres sociaux, etc. il fallait d’abord reconquérir l’espace
public par la force. Cette reconquête est une condition nécessaire pour que les
habitants et les services publics puissent vivre et fonctionner normalement. La
sécurité est la première des libertés. Sinon, on dérive vers des sociétés
dominées par la brutalité délinquante, comme le Mexique soumis aux cartels de
la drogue. Pour justifier le classement de la Goutte d'Or en Zone de sécurité prioritaire, il
faut accepter comme une réalité les stigmatisations médiatiques les plus
excessives.
Or, la Goutte d'Or n’est pas une favela brésilienne ni
un quartier du Bronx abandonnée aux brutalités des bandes. C’est même l’un des
territoires français où l’État est le plus présent, par les écoles, les centres
d’accueil, les institutions pour le logement, les bibliothèques, les centres de
musique, les commissariats, les antennes des ministères du logement ou de la
santé. On peut à juste titre se poser la question sur le fonctionnement de ces
institutions, mettre l’accent sur tel ou tel secteur selon les nécessités. Mais
en aucun cas, il ne s’agira d’une « reconquête », mais d’une politique.
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