dimanche 27 avril 2014

inscrire les actions dans l'universel

Retour à la Goutte d'Or, 24-27 avril 14.

Les mêmes marchands, les mêmes reflux, les mêmes patrouilles inutiles, les mêmes difficultés à accéder au métro. Aziz, qui habite rue des Poissonniers à l’angle rue Poulet et Doudeauville, n’en peut plus. Des vendeurs à la sauvette, qu’il dit Pakistanais, se sont battus la semaine dernière à l’arme blanche. Il a fermé les fenêtres. La police est arrivée un quart d’heure plus tard. La rumeur a inventé des morts. Quelle est la suite du programme ? Passer plus de temps à Biarritz ou organiser un collectif d’habitants qui demanderait la fin du classement en ZSP, dialoguerait avec la police et avec les élus ? Sisyphe est parfois fatigué.


S’il n’y avait que la Goutte d'Or. Mais à l’échelle de la France et de l’Europe, la politique, c'est à dire la participation du plus grand nombre aux discussions et aux décisions politiques, est en déshérence. Tout le monde a des idées et le navire s’enfonce. Les idées sont-elles des bateaux de secours ou du lest qui nous enfonce davantage? Donc tout le monde se plaint, les gouvernants jouent un théâtre d’ombres, agitations plurielles et paroles muettes ou inaudibles.

Tout le monde réfléchit et ceux qui agissent disent qu’il faut réfléchir. Les gouvernants agissent, les intellectuels disent qu’il faut inscrire les actions dans la réflexion. Heureusement. Imaginons un monde où seuls agiraient les rapports de force sans aucune réflexion, sans idéologie, sans justification morale ou politique, sans principes et sans mots. Ce serait la politique façon Poutine, Le Pen ou Chavez. Ici au contraire, nous avons un foisonnement de débats, de confrontations, d’opinions. La moindre décision économique est suivie de colloques et de confrontations. Limiter la vitesse sur les routes provoque de monstrueux embouteillages idéologiques entre les tenants du tout automobile ou les partisans d’une vitesse zéro. La construction de logements sociaux fouette les neurones. Ce qui est souvent considérée par les gouvernements comme des entraves à leur action doit être vu de manière positive. Les « gens », vous moi, nous, veulent comprendre dans quel cadre de principes les actions sont prises.

Comme tout le monde parle ensemble, ça fait une joyeuse cacophonie. Pour ajouter du bruit au bruit, pour se faire entendre, faut-il crier plus fort ou parler plus juste ? Parfois, on a vraiment envie de crier, mais à la longue, c’est le raisonnement démontré à voix douce qui finira par l’emporter. Peut-être pas dans l’actualité. Peut-être pas tout de suite. Mais dans plusieurs générations, quand nos descendants fouilleront les décombres et les archives, ils nous donneront raison. Nous serons morts, mais heureux.


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