mercredi 18 juin 2014

Encore un effort, camarades, nous n’avons pas touché le fond.

Les syndicats enseignants, les associations de parents d’élèves, les pédagogues et les médecins, demandaient une semaine scolaire mieux adaptée aux besoins des élèves. Ils n’ont pas fait grève quand cette aberration s’est mise en place, mais une partie d’entre eux sont vent debout contre un gouvernement qui veut la rectifier.
 Les syndicats de la SNCF, les élus, les partis politiques de gauche, réclamaient le retour d’une association plus étroite entre le réseau ferré et les transports de voyageurs et de marchandise. Une partie d’entre eux sont maintenant vent debout contre la réforme qu’ils réclamaient avec force.
Les syndicats, les gens du spectacle, les animateurs, les directeurs de salle, étaient tous conscients qu’une réforme du régime des intermittents était nécessaire. Ils sont maintenant vent debout contre l’accord signé entre le MEDEF et la CFDT, accord que le gouvernement doit ratifier. Ils n’ont pas fait grève pendant les discussions. Ils ne se sont pas fait entendre au moment de la signature entre les organisations syndicales et patronales. Au moment où le gouvernement se prépare à ratifier un accord entre syndicats, ils demandent aujourd’hui au gouvernement de ne pas le ratifier.
 Je ne sais pas quelles sont les bonnes réformes. Je sais que les mauvaises réformes sont celles qui sont proposées par le gouvernement socialiste.
Si les choses se poursuivent ainsi, nous allons lentement mais surement vers le retour d’une majorité de droite et toute la gauche sera enfin rassemblée dans la rue.
Qui va reprocher aux intermittents de protester contre des réformes qui fragilisent une partie d’entre eux ? Aux enseignants de protester contre quelques heures de plus. Aux profs de prépas de protester parce qu’on ne va plus leur payer les heures supplémentaires non faites ? Ils sont dans leur rôle. Mais ils sont forts s’ils trouvent un écho dans la majorité gouvernementale  parmi les parlementaires, parmi les militants socialistes.
Les manifestations contre le mariage pour tous étaient autrement importantes que les mouvements d’aujourd’hui. Mais elles ont rencontré un front uni qui a emporté l’adhésion d’une partie même de la droite et du centre. La réforme est passée. Si les élus et les militants ouvrent leur parapluie à la moindre averse, alors ils encouragent les bourrasques.
Les grèves d’aujourd’hui expriment la persistance d’une radicalité impuissante. Elles sont inquiétantes si elles rencontrent un appui gêné de la majorité gouvernementale. Aujourd’hui, une partie de la gauche honteuse célèbre le bilan du gouvernement Jospin en opposition au bilan de Hollande. Elle oublie qu’elle a contribué à la défaite socialiste en étant parmi les plus critiques sur ce bilan pendant la campagne des présidentielles de 2002. Oubliées les avancées, tout ceux qui avaient participé au gouvernement reniaient leur participation et tapaient sur le bilan. Ils avaient honte d’avoir gouverné. Aujourd’hui, toute cette gauche est à nouveau mal à l’aise quand leur parti est au pouvoir. Elle est mal à l’aise d’avoir à respecter des règles européennes qu’elle a votées à Bruxelles. Elle est mal à l’aise de devoir affronter un monde où les peuples émergents refusent les inégalités.

            Cette gauche-là, en courbant l’échine, anticipe l’échec de 2017. Elle sera plus à l’aise en manifestant le lendemain de la défaite et pourra se consoler en célébrant le centenaire de la révolution d’octobre.

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