Le petit dernier a trouvé un poste de grouillot à la mine. Il a douze ans, je suis tranquille pour son avenir. La plus grande, elle a trouvé à se placer dans une famille à Paris, elle va à la messe le dimanche matin à six heures et elle peut se promener avenue Foch l'après-midi de deux à quatre, elle doit être rentrée pour le goûter des enfants, mais ils sont très gentils et je pense qu'ils vont la garder longtemps, jusqu'à ce qu'elle trouve un mari. Je suis contente, je ne me fais de souci pour elle. Les autres sont encore à la communale.
En période de stabilité, tout le monde est tranquille. Les pauvres tirent dans les harnais familiers, les riches obtiennent respect et salutations quand ils visitent l'hôpital ou l'hospice. Il n'y pas d'inquiétude pour l'avenir.
Aujourd'hui le catastrophisme domine. La crise, plus le volcan islandais, plus le tremblement de terre en Haïti, plus la marais noire en Louisiane, plus le caillassage des bus, où va-t-on, je vous le demande. Le catastrophisme est le principal argument pour le succès des politiques et des idéologies conservatrices. Il justifie les mesures d'urgence impopulaires et injustes. D'un côté, des bricolages financiers, de l'autre des explosions de colère. Berlusconi et Sarkozy qui veulent faire payer les pauvres, et de l'autre, Benoit Hamon et Olivier Besancenot dans des meetings communs veulent faire payer les riches. Le combat est inégal.
Nous vivons dans des sociétés qui disposent d'atouts considérables. Il faut les nommer pour qu'ils soient utilisés. S'ils sont niés, oubliés, on ne les utilisera pas. Parmi ces atouts: les gens vivent plus vieux en bonne santé. Les jeunes passent plus de temps dans les écoles et les universités, ils sont mieux formés, plus intelligents. Ce qu'on appelle souffrance ou stress au travail est l'expression de cette avancée: les femmes ne veulent plus être traitées comme des sous-hommes. Les salariés dans leur ensemble ont atteint un degré de compétence et de culture qui entre en contradiction avec une gestion du personnel abrutissante et abêtissante. La productivité est incomparable et permet d'envisager des politiques redistributrices audacieuses. A la différence des années 1930, où les aveuglements et les égoïsmes ont conduit à la guerre et à l'instauration de régimes dictatoriaux, on assiste à une ébauche d'entente, de décisions communes qui permettent d'envisager, peut-être, d'éviter le pire et de sortir de la présente crise par le haut. Pas sûr, mais c'est possible.
Le catastrophisme est chez nous. Il permet d'obtenir l'unanimité des conseils nationaux du PS. Les solutions seront moins unanimes.
Maurice Goldring
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