Le 30 mars 2010, une trentaine de personnalités dont quatre prix Nobel de la paix ont publié une déclaration en faveur de la paix au Pays basque. Cette déclaration prend en compte la demande de trêve adressée à l’ETA par la gauche abertzale et demande au gouvernement espagnol de réagir à cette trêve par des mesures politiques.
Réagissant à cette déclaration, le porte-parole de Batasuna, Xabi Larralde, dans une entretien avec La semaine du Pays basque (30 avril 2010) montre combien il est difficile de sortir des vieilles ornières.
Pour Xabi Larralde, la déclaration de Bruxelles soutient la demande de trêve adressée à l’ETA par Batasuna. Sur le modèle irlandais, répète-t-il. Or le « modèle irlandais » ne fut pas une « trêve » de l’IRA. Une trêve est la suspension de la lutte armée, pendant que s’ouvrent des négociations. Si les négociations aboutissent à des résultats qui ne conviennent pas aux porteurs d’armes, ils reprennent la lutte armée. L’élément nouveau à Belfast fut une déclaration de cessez-le-feu unilatérale et définitive, avec l’acceptation d’une commission de vérification internationale de la réalité de ce cessez-le-feu par la destruction des armes. Par cette déclaration, l’IRA affirmait qu’elle renonçait à la lutte armée et acceptait les règles fondamentales du système démocratique. C’est cette déclaration, et pas une nième trêve qui a permis des négociations aboutissant à la paix en Irlande du Nord. La déclaration de Bruxelles demande un cessez-le-feu « vérifiable » selon les principes de la commission Mitchell. Pas une trêve. Cette phrase semble avoir échappé à Xabi Larralde.
Pourtant, Batasuna semble accepter les règles de la démocratie. C’est la majorité qui décide. « S’il y a 60% en faveur de l’autonomie, mettons en place un statut d’autonomie. S’il y a 60% pour le statu quo, ce sera le statu quo ». Mais la majorité a déjà décidé ! Elle décide à chaque élection, municipale, cantonale, régionale et législative. Elle accorde une majorité qui oscille entre 90 et 95% des voix à des représentants qui ne veulent pas d’une autonomie du Pays basque, qui ne veulent pas être réunifiés à un Pays basque imaginaire. Qu’importe ces résultats pour Batasuna. Comme ils ne lui plaisent pas, Batasune invente un « peuple » qui demande le droit de décider. Mais pour Batasuna, le peuple n’a qu’un seul droit : celui de décider d’être d’accord avec Batasuna. Ainsi, Batasuna « ne peut pas accepter que la Navarre soit séparée du reste du Pays basque ». Batasuna n’accepte pas la volonté majoritaire des Navarrais parce que la Navarre c’est la « mère-patrie » comme le Kosovo était le territoire sacré des nationalistes serbes. Les nationalistes serbes ne pouvaient pas accepter la volonté majoritaire des Kosovars et Xabi Larralde ne peut pas accepter pas la volonté majoritaire des Navarrais ou des Basques français. Tant que ces citoyens seront en désaccord avec Batasuna, il y aura un conflit avec des « expressions violentes » et une « souffrance humaine ».
Tous les Basques seront heureux et émus de savoir que Xabi Larralde, porte-parole de Batasuna, affirme dans son entretien qu’il n’est pas du tout « insensible » à ces souffrances.
Maurice Goldring
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