samedi 17 septembre 2011

en rues libres

            Pendant vingt ans, des critiques venant de la droite, de l'extrême-droite et de l'extrême radicalité laïque ont stigmatisé les musulmans qui priaient dans la rue. Pendant vingt ans, la gauche socialiste, les progressistes, les antiracistes naïfs ou généreux, réclamaient un lieu de culte comme solution aux prières dans la rue. Daniel Vaillant a suggéré des casernes désaffectées. Claude Guéant, le ministre des rues envahies, s'est frappé le front, mais c'est bien sûr, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt? Les musulmans de la Goutte d'Or ont quitté les rues Polonceau et Myrha, les photographes et les cameramen du sensationnel sont au chômage technique. L'habitant de la Goutte d'Or qui remonte chez lui avec son caddy à l'heure de la prière du vendredi ne peut plus s'énerver que contre les vendeurs à la sauvette, chrétiens, bouddhistes, musulmans et athées, des marchands de maïs chaud, des évangélistes et des marabouts et des stands de téléphones qui permettent de dire "je suis dans le métro" à un oncle de Bamako. Si on trouvait un lieu, une caserne désaffectée peut-être, un supermarché de la contrefaçon, un dépôt vente de cigarettes de contrebande ou un comptoir de drogues, une galerie marchande des religions, l'habitant de la Goutte d'Or pourrait rentrer chez lui tranquillement, sans pester contre les obstacles. Pas impossible qu'il soit un peu frustré, car on s'habitue à râler.

            Cet incident comporte une leçon politique. Si pendant vingt ans, on a montré du doigt des fidèles en prière dans la rue en dénonçant les atteintes à la République et à la laïcité, sans leur trouver un lieu de prière, l'important n'était pas la solution, mais la dénonciation. La stigmatisation. Si on ne construit pas de logements en nombre suffisants, il y aura des personnes qui dormiront dans la rue et dormir dans la rue est une atteinte sans doute plus grave à la République que de prier sur le pavé. Si on ne distribue pas des seringues propres, les usagers de drogue s'injecteront les hépatites en même temps que leur produit. S'il n'y a pas de lieux pour consommer proprement, les usagers consommeront sur les trottoirs.

            J'entends les objections. Comment peut-on comparer la religion à une drogue? Comment assimiler la consommation de drogues à des rites religieux? Il faudrait trouver un lieu où pourraient se débattre de telles questions.   

1 commentaire:

  1. La ruée vers Dieu

    Votre honneur!
    L'avocat général a requis 6 mois de prison ferme.
    Et mon client en son âme et conscience... plaide coupable
    Il est, comment vous dire, fier d'être jugé et condamné.
    Fier d'opposer une résistance à la dépression
    Fier de désobéir civilement à une loi inutile...

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/09/la-ruee-vers-dieu/

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