Primaires 22 septembre 2011
Six candidats. Ils ont tous signé le projet socialiste et expriment des orientations différentes. Premier résultat des primaires: le retour des discussions politiques. Sauf surprise, le second tour, s'il y a second tour, mettra face à face François Hollande et Martine Aubry. Souhaitons que le choix se fasse sur leurs orientations politiques.
La crise et l'arrogance de la droite au pouvoir créent un terrain favorable aux discours de la radicalité. Sortir de l'euro, démondialiser. Fascination pour Chavez, pour le mouvement des indignés, les révoltes…Le PS n'échappe pas à la tentation de l'outrance, aux discours apocalyptiques qui décrivent des situations de galère réelle, douloureuse et insupportables et les présentent comme l'état de la société toute entière. En ne pointant que les situations extrêmes, le PS risque de rejeter en dehors de son influence la majorité du peuple qui ne partage pas les galères les plus sévères.
Ces discours sont possibles d'abord parce que les millions de personnes qui vivent chez dans des situations d'une extrême sévérité ne sont jamais présentes dans nos réunions, car elles ne s'intéressent pas à la politique, elles sont tout simplement dans la survie: un travail, un logement, des soins accessibles… Le personnel du PS, nous le savons, est composé de la fraction de la population relativement privilégiée: élus ou aspirants. Une partie de ces militants compense un sentiment diffus de culpabilité par la compassion ou le soutien des révoltes sans avenir. C'est plus facile qu'un effort pour intégrer dans les rangs du PS les catégories qui en sont actuellement exclues. Bien entendu, un parti de gauche n'est plus de gauche s'il ne considère pas les urgences comme des problèmes politiques pour toute la société. Mais cela passe , non par la compassion et la fascination pour les colères sans lendemain. Cela passe par un travail d'intégration dans le PS de ceux qui en sont actuellement exclus. Cela passe par une attention et un respect soutenu pour tous les personnels qui sont à l'interface entre la galère et le corps social: les éducateurs, les personnels de santé, les militants associatifs, les syndicalistes, etc. Tous ces gens qui ne vont pas "visiter" les pauvres, mais œuvrent à les tirer vers le haut.
Cette fascination conduit à un été de sidération devant les surenchères de la gauche radicale. La gauche extrême n'est pas critiquable parce qu'elle demande l'impossible, mais parce qu'elle déprécie et méprise le possible. Un migrant qui obtient des papiers ne l'intéresse pas. Une famille modeste qui obtient un logement social est moins intéressante que les SDF parce qu'elle échappe aux discours d'apocalypse. Elle aime les révoltes et se méfie des succès électoraux. L'alliance de toute la gauche doit se réaliser sur un projet qui ne fera pas fuir un électorat dont nous avons besoin pour faire une majorité. Ce qui suppose un dialogue sans concession avec la gauche extrême. Or que voyons-nous? Un Front de gauche et le NPA qui passe leur temps à taper sur la gauche réformiste, à les accuser d'être des affameurs du peuple, des criminels, des suppôts du capitalisme et la "réponse" d'une partie des responsables socialistes est d'aller faire la bise à Jean-Luc Mélenchon qui se rengorge et se félicite que "certains" socialistes rejoignent ses positions. C'est ça un dialogue sans concession? Benoit Hamon, responsable de la campagne de Martine Aubry, ne répugne jamais à se trouver sur les mêmes tribunes que Mélenchon et Besancenot, pas pour défendre le programme du PS, mais pour crier ensemble contre Sarkozy. Et je n'arrive pas, malgré tous mes efforts, à oublier que Laurent Fabius a mené campagne pour le non au traité européen contre l'avis majoritaire de son parti. La tradition de ce dialogue sans concession, condition de la victoire, passe dans le PS par François Mitterrand, par Lionel Jospin et aujourd'hui par François Hollande.
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