lundi 5 novembre 2012

guerre de cent ans

La guerre de Cent ans


Simon Jenkins, dans The Guardian, 17 oct 2012, s’indigne contre la « guerre à la drogue ». Imaginez, dit-il, que la guerre en Afghanistan se mène depuis cinquante ans. Qu’elle fasse deux mille morts par an. Qu’il y ait tous les ans quarante mille prisonniers et que pourtant, le nombre des adversaires ne cesse d’augmenter. Qu’elle coûte un milliard par mois. Il y aurait des manifestations, des débats au parlement. C’est ainsi que se mène « la guerre à la drogue » et si un responsable politique réclame une autre politique, il sera accusé d’être complice des dealers et d’encourager la consommation. Simon Jenkins exprime un certain découragement. Il a l’impression que tous les dix ans, cette discussion reprend, sans fin et sans résultats.

Il est des domaines où les évolutions se traînent. Où une vie complète suffit à peine à distinguer un horizon, une porte de sortie. Il a fallu des générations de divorces à l’italienne pour que la législation enfin fût enfin changé. Il fallut des milliers de femmes mortes dans des accouchements clandestins pour qu’enfin l’avortement devienne légal.

Les arguments du refus sont répétitifs. Donner du pouvoir à ceux qui n’en ont pas détruit la société.  Le suffrage universel, en donnant le droit de vote aux pauvres allait donner le pouvoir aux barbares sans éducation. Le divorce allait détruire les familles, pilier de l’ordre social. L’abolition de la peine de mort allait permettre aux tueurs de multiplier leurs meurtres. L’excision protège la vertu des femmes, la burka empêche les viols et les chiens renifleurs empêchent les lycéens de fumer.

Les évolutions sont lentes et nous devons nous armer de patience. Ecouter avec attention les discours rétrogrades qui nous maintiennent dans l’obscurantisme, la censure, la chasse aux sorcières. Se rappeler que ce déferlement de paroles fera le bonheur des historiens, que tous ces discours rangés, pressés dans les archives, pourriront lentement dans les bibliothèques et comme les feuilles mortes ajoutées aux ordures ménagères, se transformeront en compost pour les moissons des générations futures. 

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