Contraints de réduire les
dépenses publiques, la Grèce ,
l’Espagne, le Portugal, tranchent dans les budgets de santé et les effets se
font sentir rapidement pour les secteurs de la population les plus précaires,
les plus fragiles, ceux qui sont déjà éloignés des réseaux sanitaires.
Du
point de vue moral, de telles coupes sont monstrueuses. Du point de vue
politique, elles sont désastreuses, du point de vue financier, elles sont
catastrophiques.
Du
point de vue politique, frapper les plus démunis sape ce qui est au cœur de nos
sociétés développés, la capacité de protéger ceux qui sont les plus démunis de
toute protection. Ces coupes sont ressenties comme une immense régression.
Moralement, elles renforcent le pessimisme et les replis égoïstes.
Le
calcul sans âme peut recommander de laisser faire la nature. Les nouveaux-nés
disparaîtront sans couveuses de luxe, les sans-abris mourront dans le fossé,
les vieux iront disparaître dans les montagnes désertes et les hépatites pourriront
dans un squat. Mais nos sociétés occidentales, riches, égoïstes, inégalitaires,
sont rongées par le remords du à leur culture judéo-chrétienne et d’autre part
soumises à des mouvements sociaux de grande ampleur qui ont conquis des
systèmes de protection sociale auxquels il est difficile de toucher.
Soumis
à ces tensions contradictoires, la nécessité de réduire les dépenses,
l’obligation de protéger la veuve, l’orphelin et l’usager de drogue, des gens
pourtant intelligents semblent avoir avalé leur calculatrice. Si on diminue les
logements d’urgence, il faudra payer des chambres d’hôtel beaucoup plus cher.
Si on diminue les préventions, il faudra payer des frais d’intervention et
d’hospitalisation beaucoup plus cher. Une seringue propre coûte dix centimes.
Un abcès coûte mille euros, à soigner.
Le VIH coûte des dizaines de milliers
d’euros à soigner. Nous vivons dans des sociétés contraintes de soigner l’abcès
et les maladies graves, mais où il est possible de rechigner pour des actions
de prévention qui empêcheront de creuser davantage les budgets de santé.
Bien
évidemment nous prêchons pour notre paroisse. Notre travail à EGO est un
travail d’accueil et de prévention qui économise beaucoup plus que ce que nous
recevons. Il y a deux endroits en France où se conjuguent morale et
comptabilité : la Cour
des Comptes et les associations
d’accueil des usagers de drogue.
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