Chronique alter EGO : Il y a toujours des élections.
La
peine de mort, la vente des armes de combat, le mariage pour tous, le droit de
vote des femmes, le divorce, l’interruption volontaire de grossesse, l’euthanasie,
la légalisation des drogues, le droit de vote des étrangers, les salles de
consommation. La liste est longue des sujets qui provoquent des débats
passionnés, des craintes irraisonnées,
des paralysies handicapantes. Les élus souhaitent être réélus et sont
parfois convaincus que l’inaction seule leur ouvre la voie du succès. Comme il
y a dans les sociétés modernes des élections environ tous les deux ans, locales,
nationales, européennes, on peut se poser la question : comment bougent
nos sociétés ?
Ainsi
des salles de consommation à moindre risque. Les exemples ne manquent pas, qui
devraient rassurer, faire réfléchir. Peu importe. On hésite, on renâcle. Ces salles
vont attirer des usagers de drogue, des scènes de deal, des bagarres. Les
voisins ont peur. Comment éviter la peur si on leur proclame de partout qu’il
faut absolument s’inquiéter ?
N’allons
pas pour autant condamner le suffrage universel. Les élections sont un frein
aux réformes mais les sociétés où il n’y a pas d’élections ne sont pas des
modèles séduisants. Monarques éclairés ou dictateurs mégalomanes, on remarquera
que peu d’entre eux ouvrent des salles de consommation à moindre risque. D’autre
part, il y a des élections en Suisse, aux Pays-Bas, en Espagne, au Portugal, et
pourtant là-bas, ils ont ouvert de tels établissements. Comment font-ils ?
Leurs initiateurs ont-ils été battus pour cette raison ? Leur initiative
a-t-elle été politiquement suicidaire ?
Comment
un problème de société comme la drogue, le mariage pour tous, l’euthanasie
devient-il une question politique controversée et clivante au lieu d’être un
thème de débat situé hors du champ du politique ? La réponse est simple. Une
question de société devient politique quand les hommes qui sont ou qui aspirent
au pouvoir décident qu’elle est un bon outil de mobilisation. La tâche des citoyens
et des professionnels est alors de réinsérer ces questions dans le champ des
recherches et des réflexions collectives. Penser ne tue pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire