mardi 11 octobre 2016

amnésie amnistie


Pour demander l’amnistie et le rapprochement des prisonniers basques, il ne faut pas lire Inaki Rekarte. Inaki Rekarte, ancien etarra, a publié en 2015 un livre confession (Lo dificil es perdonarse a uno mismo, éditions Peninsula). Sa première victime fut un trafiquant de drogue, comme l’IRA à Belfast, comme le président des Philippines, les terroristes clandestins ou d’état font leur police. En 1992, il actionne le détonateur d’une voiture piégée et tue trois personnes, un couple qui passait par là, laissant deux adolescents orphelins et un jeune homme sur le point de se marier. Arrêté, torturé, condamné, il est libéré en 2013. « Je me suis rendu compte que j’étais raciste, fermé, ignorant…ETA est une secte ». Désormais libre deux fois, et de la prison et de la secte, il n’attend qu’une seule chose : que l’ETA rende son arsenal et disparaisse.

Il ne faut retenir de cette période que les etarras emprisonnés, torturés, victimes, innocentes, toujours innocentes. Il faut accepter que se pavanent sur les plates-formes, les estrades, les scènes, les bibliothèques, les anciens bourreaux victimes innocentes d’avoir torturé des entrepreneurs, tué des conseillers municipaux, mutilé des journalistes, et qu’ils racontent, victimes innocentes, comment ils ont été maltraités dans les prisons pendant que la fiancée du promis rangeait dans une valise sa robe de mariée. Ayant oublié ou effacé ce qu’ils faisaient vraiment, ces victimes innocentes, assassins de Yoyès, on peut alors demander qu’ils soient rapprochés de leur famille, pas des familles qu’ils ont endeuillées, des familles biologiques. Une fois rapprochés et libres, ils pourront regarder de haut les survivants de leurs tueries et leur reprocher leur deuil. Comme des kapos des camps de concentration libérés qui reprocheraient aux anciens déportés leur pyjama rayé parce que quand même c’est terminé tout ça. Les etarras, comme les kapos, comme les djihadistes, avaient décidé que certaines personnes n’étaient plus des êtres humains, mais des vermines, des bêtes nuisibles, qu’il était licite d’exterminer. Et maintenant, certains d’entre eux écrivent des livres pour se repentir. D’autres pour montrer leur courage et leur engagement sacré. Regardez les vitrines des librairies à Biarritz, regardez les étals de livres à la Gare du midi, regardez les catalogues des bibliothèques. Vous y trouverez les livres de Gaby Mouesca, mais pas ceux d’Inaki Rekarte. Pas ceux de Yoyès.

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