dimanche 10 juin 2018

le pays basque français esst-il en Europe?


Le Pays Basque français est-il en Europe ?

         Quand les djihadistes assassinèrent des enfants juifs dans les écoles, des spectateurs du Bataclan, des journalistes de Charlie Hebdo, des promeneurs à Nice, un prêtre dans une église, partout et toujours la réaction à la fois des pouvoirs publics, des partis, de la société toute entière fut un cri unanime : le pays tout entier est visé, atteint, meurtri. Nous sommes tous Charlie, Bataclan, Niçois. Nous sommes tous des victimes des tueurs islamistes.

         En ce mois de septembre 2011 quand les Etats-Unis furent la cible de Daech, nous fûmes pendant un certain temps tous américains.

         Normal direz-vous ? Non. Le cri collectif révèle notre appartenance à une communauté. A l’intérieur de cette communauté, chaque coup porté à l’ensemble est une blessure à tous.

         La réaction à la terreur est donc un bon indicateur des solidarités. Il vous souvient sans doute, il y a maintenant presque quarante ans, que la solidarité des Français à l’égard des victimes du terrorisme ne franchissait pas la Manche. Quand les membres de l’IRA réclamaient le statut de prisonniers politiques, quand Margaret Thatcher le leur refusait avec une affirmation d’une grande simplicité : « un meurtre est un meurtre », la sympathie quasi générale des Français se portait vers Bobby Sands et les grévistes de la faim. D’importantes manifestations de rue criaient « Thatcher assassin ! ». La presse française, de l’Humanité au Figaro en passant par Libération, condamnait l’ l’intransigeante Margaret Thatcher et aucun homme politique ne lui manifestait une quelconque solidarité. Nous n’étions pas tous les trois mille victimes des tueurs de l’IRA. Les Britanniques ne faisaient pas partie de notre commune humanité. Les victimes des Brigades rouges en Italie subissaient la même inhumanité et des personnes condamnées par la justice trouvaient en France refuge et sympathie.

         Aujourd’hui se répète au Pays Basque français la même rupture. Quand les gouvernements socialiste ou PP en Espagne mènent un combat politique et policier contre les assassins de l’ETA, la condamnation est quasi unanime. Les Basques français, à l’abri des coups de l’ETA, bien au chaud dans leur aveuglement, dénoncent l’intransigeance de Zapatero ou de Rajoy. Tous les partis, tous les élus, refusent de condamner les tueurs de l’ETA, vont leur rendre visite dans les prisons, les trouvent tout à fait corrects, soutiennent leur demande d’amnistie ou d’aménagement de peine. Ils étaient tous Charlie, mais ne sont pas Yoyès ou Blanco. Les morts espagnols ne font pas partie de la commune humanité.

         Ainsi se révèle des failles dans la communauté européenne. Dans un petit coin de France, entre Bayonne et Saint-Jean de Luz, un mouvement qui s’intitule « artisans de la paix » manifeste son refus d’une communauté européenne par une monstrueuse insensibilité à l’égard des victimes de l’ETA et accorde pardon, amnistie, voire légitimation et admiration, à l’égard de leurs assassins.

         La bataille qui se mène aujourd’hui dans le Pays Basque français contre les louanges, les sympathies, les péans et les auresku qui entourent les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée n’est pas seulement morale, pas seulement politique. Elle est une bataille pour une construction européenne,  pour bâtir une communauté où un coup porté à l’un est une blessure pour tous.

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